Métrique en Ligne
BAN_10/BAN425
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
La République
La République est jeune et fière 8
Et ne punit que les bourreaux ; 8
Elle marche dans la lumière. 8
La République est un héros 8
5 Dont le monde entier verra luire 8
Le front magnifique et vermeil. 8
Les monstres qu'elle veut détruire 8
A la clarté du grand soleil, 8
C'est d'abord toi, pâle Misère, 8
10 Qui mets ta main sur notre flanc, 8
Comme un aigle sa rude serre, 8
Et qui bois notre meilleur sang ! 8
Et c'est toi, fantôme aux bras rouges, 8
Que la pensée a su flétrir 8
15 Et qui déjà croules et bouges, 8
Vieil Échafaud, qui vas mourir ! 8
La République magnanime 8
Qui, pour sauver de leur enfer 8
Les peuples mourants qu'on opprime, 8
20 Trouve des canons et du fer, 8
Accueille les mères bénies, 8
Et, baissant ses yeux triomphants, 8
A des tendresses infinies 8
Pour les femmes et les enfants. 8
25 La République fraternelle, 8
Qui veut accomplir son mandat, 8
Pour garder la Ville éternelle 8
Se fait terrassier et soldat ; 8
Sous la bombe et les incendies 8
30 Elle est au poste du danger ; 8
Et quand de ses villes hardies 8
Elle aura chassé l'étranger, 8
Levant vers le ciel diaphane 8
Un clairon dans sa forte main, 8
35 Elle sonnera la diane 8
Pour éveiller le genre humain ! 8
logo du CRISCO logo de l'université