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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Le Héros
Nous avons à faire pénétrer dans l'esprit de
nos officiers et de nos soldats cette grande
pensée dont n'ont pas voulu les monarchies
et que la République doit consacrer :
Que l'opinion seule peut récompenser
dignement le sacrifice de la vie.
Lettre du général Trochu au
général Tamisier.
Ils le disaient, ces grands Hellènes 8
Qui, morts, dans leurs apothéoses 8
Respiraient encor les haleines 8
Des myrtes et des lauriers-roses : 8
5 Heureux qui, jeune, à son aurore, 8
Embrassant la Mort détestée, 8
Tombe dans le combat sonore 8
Pour sa patrie ensanglantée ! 8
Celui-là, fauché par les glaives, 8
10 Est orné d'un éclat magique 8
Et dans les ombres de nos rêves 8
Apparaît, superbe et tragique. 8
Son nom ailé, dont s'émerveille 8
Le pêcheur courbé sur ses rames, 8
15 Voltigera, comme une abeille, 8
Sur les lèvres des jeunes femmes, 8
Et le noir laurier de la guerre 8
Ombrage sa tête sereine. 8
Il n'est plus un passant vulgaire 8
20 Caché dans la mêlée humaine, 8
Car ce soldat au cœur stoïque 8
Reste l'orgueil de sa chaumière ; 8
Pour jamais sa fin héroïque 8
A mis son front dans la lumière ! 8
25 Il meurt, ayant conquis sa proie ! 8
Et lorsque dans la plaine verte, 8
Frémissant d'une sainte joie, 8
Il tombe, la poitrine ouverte, 8
La Gloire, souriante et pure, 8
30 Admirant sa fière jeunesse, 8
Vient baiser la rouge blessure 8
Avec ses lèvres de Déesse. 8
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