Métrique en Ligne
BAN_10/BAN410
Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
La Marseillaise
Les Prussiens, pour s'approprier notre
hymne national, ont fait composer des vers
allemands qu'ils chantent sur l'air de La
Marseillaise.
Les Journaux.
Joyeux, parmi les râlements 8
Dont l'horreur vous enivre d'aise, 8
Vous plaquez des vers allemands 8
Sur l'air de notre Marseillaise ! 8
5 Et, fanfarons sous vos plumets, 8
Léchant votre lèvre gourmande, 8
Vous vous écriez : Désormais 8
Cette chanson est allemande ! 8
Et Bismarck vous dit : Je le crois, 8
10 Comme il fallait que je le crusse, 8
J'en jure par toutes mes croix, 8
Voilà bien l'hymne de la Prusse. 8
Allons donc ! l'Hymne au vol de feu, 8
L'hymne de gloire et de souffrance 8
15 Volant sur nous dans le ciel bleu 8
N'a pas un cri qui ne soit : France ! 8
L'œil enflammé, le fer en main, 8
La généreuse, l'immortelle 8
Dit encor : France ! au genre humain 8
20 En vous aveuglant de son aile ! 8
Cri de la grande nation 8
Et guerrière au chant symbolique, 8
Elle est la Révolution, 8
Elle est la sainte République ; 8
25 Âme, elle emporte sur ses pas 8
Hoche et Marceau comme Gavroche : 8
Teutons, on ne démarque pas 8
Cela, comme un mouchoir de poche. 8
Elle vous mènera jusqu'où 8
30 Grince la défaite au front hâve ! 8
Ah ! vous pouvez lui mettre au cou 8
Votre ignoble collier d'esclave ; 8
Celle qui fait peur aux volcans 8
Aura bien vite mis en poudre 8
35 Votre livrée et vos carcans 8
Parmi les éclats de sa foudre. 8
Allemagne qui remuais, 8
Elle est le Verbe, elle est l'Idée, 8
Et vous resterez tous muets 8
40 Rien que pour l'avoir regardée ! 8
logo du CRISCO logo de l'université