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ARV_1/ARV5
Félix ARVERS
POÉSIES
1833
MES HEURES PERDUES
A M. A. de M.
Oh ! redis-les encor ces paroles dorées ; 12
Rends-nous ces flots si purs qui s’épanchaient sur nous, 12
Rends-nous l’écho lointain de ces hymnes sacrées 12
Que le chrétien ne doit entendre qu’à genoux. 12
5 Hélas ! qui t’a si jeune enseigné ces mystères 12
Et toutes ces douleurs du pauvre cœur humain ? 12
Quel génie au milieu des sentiers solitaires 12
Au sortir du berceau t’a conduit par la main ? 12
O chantre vigoureux, ô nature choisie ! 12
10 Quel est l’esprit du Ciel qui t’emporte où tu veux ? 12
Quel souffle parfumé de sainte poésie 12
Soulève incessamment l’or de tes blonds cheveux ? 12
Quel art mystérieux à ton vers prophétique 12
Mêla tant de tristesse et de sérénité ? 12
15 Quel artiste divin, comme au lutteur antique, 12
Te donna tant de force avec tant de beauté ? 12
Ton œil a découvert et sondé chaque plaie 12
D’un monde qui n’a plus la force de vieillir, 12
Et tu sais l’heure au juste où l’on doit sur sa claie 12
20 Voir le vieux patient râler et défaillir. 12
Tu sais, tu sais où vont Ninive et Babylone, 12
Tu lis dans l’avenir ses desseins ténébreux, 12
Et c’est de ton côté que reluit la colonne 12
Qui conduit au désert le peuple des Hébreux. 12
25 Dans l’abîme du cœur, plongeur à longue haleine, 12
Tu fouilles ce qu’il a d’intime et de profond, 12
Et tu ne reparais que la main toute pleine 12
Des trésors que le ciel avait cachés au fond. 12
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