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ARV_1/ARV3
Félix ARVERS
POÉSIES
1833
MES HEURES PERDUES
A M. Victor Hugo
D'illusions fantastiques 7
Quel doux esprit t'a bercé ? 7
Qui t'a dit ces airs antiques, 7
Ces contes du temps passé ? 7
5 Que j'aime quand tu nous chantes 7
Ces complaintes si touchantes, 7
Ces cantiques de la foi, 7
Que m'avait chantés mon père, 7
Et que chanteront, j'espère, 7
10 Ceux qui viendront après moi. 7
Quand le soir, à la chaumière, 7
La lampe unit tristement 7
La pâleur de sa lumière 7
Au vif éclat du sarment, 7
15 Assis dans le coin de l'âtre, 7
Sans doute tu vis le pâtre 7
Rappeler des anciens jours, 7
Récits d'amour, de constance. 7
Et redire à l'assistance 7
20 Ces airs qu'on retient toujours. 7
Il a de vieilles ballades, 7
Il a de joyeux refrains : 7
Et pour les brebis malades 7
Des remèdes souverains : 7
25 Il connaît les noirs présages : 7
Perçant le voile des âges 7
Son œil lit dans l'avenir, 7
Il donne des amulettes, 7
Et prédit aux bachelettes 7
30 Quand l'amour doit leur venir. 7
Il ta montré la relique 7
Et la croix qu'un pénitent 7
A la sainte basilique 7
A fait bénir en partant. 7
35 Il t'a dit les eaux fangeuses 7
Où dans les nuits orageuses 7
Errent de pâles lueurs, 7
Puis sur l'autel de la Vierge 7
Il fa fait brûler un cierge 7
40 A la mère des douleurs. 7
Il a deviné ta peine, 7
Il t'a conseillé parfois 7
D'aller faire une neuvaine 7
A Notre-Dame-des-Bois ; 7
45 De partir pour la Galice ; 7
Ou, vêtu du noir cilice 7
D'aller, pieux voyageur, 7
Déposer ton humble hommage 7
Au pied de la vieille image 7
50 De Saint Jacques-le-Majeur. 7
Dans une chapelle basse, 7
Devers la Saint-Jean d'été, 7
Il t'a fait baiser la châsse 7
Dont l'antique sainteté 7
55 Donne à la foi populaire 7
Le précieux scapulaire 7
Qui du malin nous défend, 7
Et sans travail, ni souffrance, 7
Abrège la délivrance 7
60 Des femmes en mal d'enfant. 7
Il t'a fait dans les bruyères 7
Voir, de loin, les lieux maudits 7
Où l'on dit que les sorcières 7
S'assemblent les samedis ; 7
65 Où pour d'impurs sortilèges 7
A leurs festins sacrilèges 7
S'asseoit l'archange déchu ; 7
Où le voyageur qui passe 7
S'enfuit en voyant la trace 7
70 Qu'y grava son pied fourchu. 7
Mais à l'angle de deux routes 7
Il te recommande à Dieu : 7
Il part ; et toi tu l'écoutes 7
Après qu'il t'a dit adieu. 7
75 Puis tu reviens et nous chantes 7
Ces complaintes si touchantes, 7
Ces cantiques de la foi 7
Que m'avait chantés mon père, 7
Et que chanteront, j'espère. 7
80 Ceux qui viendront après moi. 7
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