Métrique en Ligne
ARV_1/ARV26
Félix ARVERS
POÉSIES
1833
PIÈCES INÉDITES
La Ressemblance
Sur tes riches tapis, sur ton divan qui laisse 12
Au milieu des parfums respirer la mollesse, 12
En ce voluptueux séjour, 8
Où loin de tous les yeux, loin des bruits de la terre, 12
5 Les voiles enlacés semblent, pour un mystère, 12
Éteindre les rayons du jour ; 8
Ne t'enorgueillis pas, courtisane rieuse, 12
Si, pour toutes tes sœurs ma bouche sérieuse 12
Te sourit aussi doucement, 8
10 Si, pour toi seule ici, moins glacée et moins lente, 12
Ma main sur ton sein nu s'égare, si brûlante 12
Qu'on me prendrait pour un amant. 8
Ce n'est point que mon cœur soumis à ton empire, 12
Au charme décevant que ton regard inspire 12
15 Incapable de résister, 8
A cet appât trompeur se soit laissé surprendre 12
Et ressente un amour que tu ne peux comprendre, 12
Mon pauvre enfant ! ni mériter. 8
Non : ces rires, ces pleurs, ces baisers, ces morsures, 12
20 Ce cou, ces bras meurtris d'amoureuses blessures, 12
Ces transports, cet œil enflammé ; 8
Ce n'est point un aveu, ce n'est point un hommage 12
Au moins : c'est que tes traits me rappellent l'image 12
D'une autre femme que j'aimai. 8
25 Elle avait ton parler, elle avait ton sourire, 12
Cet air doux et rêveur qui ne peut se décrire. 12
Et semble implorer un soutien ; 8
Et de l'illusion comprends-tu la puissance ? 12
On dirait que son œil, tout voilé d'innocence, 12
30 Lançait des feux comme le tien. 8
Allons : regarde-moi de ce regard si tendre, 12
Parle-moi, touche-moi, qu'il me semble l'entendre 12
Et la sentir à mes côtés. 8
Prolonge mon erreur : que cette voix touchante 12
35 Me rende des accents si connus et me chante 12
Tous les airs q'elle m'a chantés ! 8
Hâtons-nous, hâtons-nous ! Insensé qui d'un songe 12
Quand le jour a chassé le rapide mensonge, 12
Espère encor le ressaisir ! 8
40 Qu'à mes baisers de feu ta bouche s'abandonne, 12
Viens, que chacun de nous trompe l'autre et lui donne 12
Toi le bonheur, moi le plaisir ! 8
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