Métrique en Ligne
APO_2/APO59
Guillaume APOLLINAIRE
ALCOOLS
1913
Lul de Faltenin
Sirènes j'ai rampé vers vos 8
Grottes tiriez aux mers la langue 8
En dansant devant leurs chevaux 8
Puis battiez de vos ailes d'anges 8
5 Et j'écoutais ces chœurs rivaux 8
Une arme ô ma tête inquiète 8
J'agite un feuillard défleuri 8
Pour écarter l'haleine tiède 8
Qu'exhalent contre mes grands cris 8
10 Vos terribles bouches muettes 8
Il y a là-bas la merveille 8
Au prix d'elle que valez-vous 8
Le sang jaillit de mes otelles 8
A mon aspect et je l'avoue 8
15 Le meurtre de mon double orgueil 8
Si les bateliers ont ramé 8
Loin des lèvres à fleur de l'onde 8
Mille et mille animaux charmés 8
Flairent la route à la rencontre 8
20 De mes blessures bien-aimées 8
Leurs yeux étoiles bestiales 8
Éclairent ma compassion 8
Qu'importe ma sagesse égale 8
Celle des constellations 8
25 Car c'est moi seul nuit qui t'étoile 8
Sirènes enfin je descends 8
Dans une grotte avide J'aime 8
Vos yeux Les degrés sont glissants 8
Au loin que vous devenez naines 8
30 N'attirez plus aucun passant 8
Dans l'attentive et bien-apprise 8
J'ai vu feuilloler nos forêts 8
Mer le soleil se gargarise 8
Où les matelots désiraient 8
35 Que vergues et mâts reverdissent 8
Je descends et le firmament 8
S'est changé très vite en méduse 8
Puisque je flambe atrocement 8
Que mes bras seuls sont les excuses 8
40 Et les torches de mon tourment 8
Oiseaux tiriez aux mers la langue 8
Le soleil d'hier m'a rejoint 8
Les otelles nous ensanglantent 8
Dans le nid des Sirènes loin 8
45 Du troupeau d'étoiles oblongues 8
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