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Mélidore adoroit (on verra par la suite |
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Qu'ici tout autre mot ne peut être adopté), |
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Adoroit donc une beauté |
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Dans l'art d'aimer assez instruite ; |
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Notre amant jeune et sans détour, |
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Dans cet art charmant vrai novice, |
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Depuis plus de six mois qu'il étoit au supplice, |
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N'avoit encore osé déclarer son amour. |
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Aux pieds de Lise enfin il se jette un beau jour, |
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Et pour lui peindre son martyre, |
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Pousse de grands Hélas ! verse des pleurs, soupire, |
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Veut lui parler et reste court. |
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L'amante, en le voyant, pensa crever de rire, |
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Et sans prendre pitié du trouble qu'elle inspire, |
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De l'amant à ses pieds, ni de son embarras, |
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Lui répond froidement : ‒ « Non, vous ne m'aimez pas. |
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» ‒ Je ne vous aime pas ?… L'amour le plus sincère |
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» N'est-il donc à vos yeux qu'une vaine chimère ? |
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» Quand je brûle d'un feu qui ne peut s'exprimer, |
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» Quand tout mon sang pour vous… ‒ Ce n'est pas là m'aimer, |
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» Et moi, je prétends que l'on m'aime. |
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» ‒ Je vous l'ai déjà dit, ma tendresse est extrême ; |
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» Votre volonté seule est ma suprême loi ; |
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» De grâce, commandez. ‒ Eh bien donc, aimez-moi ! » |
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Désespéré, confus, notre amant se retire ; |
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D'abord il veut se pendre, et puis il réfléchit |
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Que ce seroit tomber d'un malheur dans un pire. |
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Ensuite il cherche en son esprit |
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Le sens de chaque mot, et ce qu'Églé veut dire ? |
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L'Amour enfin daigne l'instruire : |
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Avec un si grand Maître une leçon suffit. |
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Quelques jours écoulés, il vole chez sa Dame, |
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Plein d'espoir et surtout bien résolu dans l'âme, |
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De mettre, s'il se peut, la leçon à profit. |
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Il entre… Il la voit seule… Il prend un peu d'audace… |
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Et fit… ce que j'aurois voulu faire à sa place. |
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Pendant les amoureux ébats, |
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L'Amant disoit à sa Maîtresse : |
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« Peux-tu te plaindre encor que je ne t'aime pas ? |
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» Peux-tu douter de ma tendresse ? » |
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La belle lui repart : ‒ « Non, le fait est certain, |
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» Tu m'aimes maintenant, j'en ai la preuve en main. » |
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