Métrique en Ligne
AME_1/AME6
corpus Pamela Puntel
Ernest AMELINE
CHANTS D’EXIL
1870
A MON AMIE
ÉLÉGIE
Je n’étais encor qu’un enfant, 8
Et sous les regards de sa mère 8
Je l’embrassait tout triomphant 8
En nous roulant dans la bruyère. 8
5 Nos cœurs se parlaient sans détour, 8
Pour femme je l’avais choisie… 8
Et je lui disais chaque jour : 8
Oh ! viens jouer, ma belle amie ! 8
Mais quand, tout fier de mes vingt ans, 8
10 Amour, tu fondis sur mon âme, 8
Et qu’à travers des mots tremblants 8
De mon cœur jaillissait la flamme, 8
Souvent, le soir je l’entraînais 8
Dans le bocage ou la prairie ; 8
15 Mes yeux dans ses yeux, je disais : 8
Oh ! viens rêver, ma tendre amie ! 8
Plus tard, battu par tous les vents, 8
Je luttais contre la tempête, 8
Sans amis, sans toit, sans parents ! 8
20 Vous aviez fui, beaux jours de fête ! 8
De désespoir j’allais périr… 8
Sur moi s’étend sa main bénie… 8
Je murmure dans un soupir : 8
Oh ! viens pleurer, ma pauvre amie ! 8
25 Voici que j’ai quatre-vingt ans ! 8
Je n’entends plus… j’y voi à peine, 8
Et sens à mes pas chancelants 8
Que la mort va briser ma chaîne. 8
Mais quand s’éteindra le flambeau, 8
30 Guide de ma trop longue vie, 8
Rappelle-toi !… sur mon tombeau, 8
Oh ! viens prier, ma vieille amie ! 8
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