Métrique en Ligne
AME_1/AME5
corpus Pamela Puntel
Ernest AMELINE
CHANTS D’EXIL
1870
AUTRES ADIEUX
IMPROMPTU
Il est né là-bas sous la pierre, 8
Notre petit chat si charmant ; 8
Minette est le nom de sa mère, 8
Mimi le nom du jeune enfant. 8
5 Mais on ne sait qui fut son père, 8
Pourquoi nous en inquiéter ? 8
Tous les orphelins sur la terre 8
Trouvent un toit pour s’abriter. 8
Pourtant sa grâce et ses gambades 8
10 Montrent bien qu’en temps d’escapades, 8
De son matou faisant son deuil, 8
Sa mère quitta ces rivages 8
Pour suivre au fond des verts bocages 8
Un trop séduisant écureuil. 8
15 Un jour qu’une meute ennemie 8
Bondissait par notre vallon, 8
Il vint, nous demandant la vie, 8
Se blottir sous notre balcon. 8
Puis bientôt, par sa gentillesse, 8
20 Et ses rons-rons si langoureux, 8
Il prit toute notre tendresse, 8
Et nous rendit des jours heureux. 8
Sans cesse à nos côtés à table, 8
Se comportant civilement, 8
25 Il est un compagnon aimable, 8
Et jamais il n’est trop gourmand. 8
Sa queue en spirale dressée 8
Déroule ses brillants anneaux, 8
Sa patte habilement lancée 8
30 Demande les meilleurs morceaux ; 8
Mais c’est d’une façon si tendre, 8
Avec un œil si caressant, 8
Que nous ne pouvons nous défendre 8
De lui répondre en l’embrassant. 8
35 Car dans la profonde misère 8
Qui nous force tous à jeûner, 8
Nous n’avons, ô douleur amère ! 8
Que peu de chose à lui donner. 8
Allons ! il faut payer ta dette 8
40 A notre sort te résigner, 8
Très-souvent observer la diète, 9
Et ne jamais égratigner. 8
Prêtant l’oreille à ce langage, 8
Trompant sa faim par ses ébats, 8
45 Mordillant sur tout avec rage, 8
D’un os faisant un bon repas, 8
Elle semble, la pauvre bête ! 8
Nous inviter tous à ses jeux, 8
En nous provoquant de la tête, 8
50 Puis en nous faisant les doux yeux… 8
Mimi, toi qui sus nous distraire 8
Dans notre chalet solitaire 8
Souvent battu par les autans, 8
Alors que la France opprimée, 8
55 Sans chefs, sans pouvoir, sans armée, 8
D’un mot levait tous ses enfants, 8
Accours, qu’une douce caresse 8
Nous donne encor un peu d’ivresse 8
Quand sonne l’heure des adieux, 8
60 Et que ta joyeuse innocence 8
Éloigne de toi la souffrance ! 8
Va, cher trésor, va, sois heureux ! 8
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