Métrique en Ligne
AIC_2/AIC40
Jean AICARD
Les Jeunes Croyances
Le Rachat de la Tour
1867
IV
VI
À LAMARTINE
Le temps heureux n’est plus où rayonnait la Grèce, 12
Où Périclès vivait, étoile du plein jour ! 12
Où les peuples, ardents de force et de jeunesse, 12
Voyant un Dieu partout, sentaient partout l’amour ! 12
5 Le temps, le temps est mort des couronnes civiques, 12
Où l’on n’oubliait plus le poëte vainqueur ! 12
Il est bien mort, ce temps des vieilles républiques 12
Qui payaient largement les cœurs avec le cœur ! 12
L’orgie en ses festins n’a même plus de roses ! 12
10 Les âmes sont de cire, et les fleurs de métal ; 12
Des dieux et de l’amour il nous reste deux choses : 12
La pâle indifférence et le désir brutal ! 12
Les jeunes d’aujourd’hui vaudraient-ils ceux d’Athènes ? 12
Eux qu’on voit, dédaigneux du juste en cheveux blancs, 12
15 Récolter ces moissons hâtives de leurs graines : 12
Des nouveau-nés déjà blêmes et tout tremblants ! 12
D’autres l’ont dit : plus rien ne bat dans les poitrines ! 12
Et s’il est quelque part, triste, sur les sommets, 12
Un héros de jadis, meurtri de nos ruines, 12
20 Et tel que notre temps n’en verra plus jamais ! 12
S’il reste un grand poëte et s’il reste un grand homme, 12
Ô miracle ! si grand qu’en un dernier effort, 12
La foule, par hasard, s’en souvienne et le nomme, 12
Un dormeur, réveillé, l’insulte, et se rendort ! 12
25 Ah ! comme il faut vouloir, pour garder l’espérance !… 12
Père, des bruits confus sont venus jusqu’à moi ; 12
On a cru t’émouvoir et troubler ton silence, 12
Mais, te sachant trop haut, j’ai répondu pour toi. 12
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