Métrique en Ligne
AIC_2/AIC30
Jean AICARD
Les Jeunes Croyances
Le Rachat de la Tour
1867
III
IV
À UNE ARLÉSIENNE
J’avais de plus d’une fillette 8
Au charmant costume arlésien, 8
Provoqué l’œillade coquette, 8
Cherchant ce que chacun souhaite : 8
5 Le grand mal qui fait tant de bien ! 8
Oui, j’avais voulu, le dirai-je 8
Sans regret ? boire un peu d’amour ! 8
L’ennui monotone m’assiège, 8
Et, las de la paix du collège, 8
10 J’aspirais à vivre à mon tour. 8
Je portais donc au fond de l’âme 8
Un idéal de la beauté ; 8
Mais toujours devant une femme 8
Mon espoir tremblait, vaine flamme, 8
15 Au vent de la réalité. 8
Or, j’allais quitter votre ville, 8
Calme, le cœur froid et l’œil sec, 8
Riant du sot assez habile 8
Pour savoir trouver entre mille 8
20 Une Arlésienne au profil grec ! 8
Lorsqu’en parcourant une église, 8
À l’heure où jette son adieu 8
La clarté du jour indécise, 8
Moi, pauvre pécheur, ô surprise ! 8
25 Je vis un prodige de Dieu ! 8
Trop malin pour être d’un ange, 8
Pour être d’un démon trop doux, 8
Un regard avec moi s’échange : 8
C’est le feu d’un soleil étrange, 8
30 Et ce rayon partait de vous. 8
À vos yeux faut-il que l’on donne 8
Des traits profanes ou divins ? 8
Je ne sais, Vénus ou Madone, 8
Qui doit tresser votre couronne, 8
35 Des Amours ou des Séraphins. 8
Mais vous fuyez… Moi, je cours vite 8
Offrir à votre doigt rosé 8
La pure goutte d’eau bénite : 8
Il touche ma main ; je palpite… 8
40 Doigt tentateur ! que n’ai-je osé ? 8
Envolez-vous, forme céleste ; 8
Mon cœur ailé vous rejoindra. 8
Fuyez ; votre image me reste, 8
Et mon amante, je l’atteste 8
45 Devant Dieu, vous ressemblera ! 8
Allons ! il faut que j’en convienne, 8
La blonde Grèce à genoux doit 8
Tomber devant une Arlésienne !… 8
Jamais Déesse athénienne 8
50 Ne valut votre petit doigt ! 8
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