Métrique en Ligne
AIC_2/AIC17
Jean AICARD
Les Jeunes Croyances
Le Rachat de la Tour
1867
II
I
L’ANGE ET L’ENFANT
À M. Franz Grillparzer.
Il lui disait : « Je suis ton frère ; 8
Ne te souvient-il plus des cieux ? 8
Leur doux reflet brille en tes yeux : 8
Tu n’es pas l’enfant de la terre ! » 8
5 Et l’ange souriait et lui tendait les bras ; 12
L’enfant semblait dormir et ne répondait pas. 12
« Déjà les portes éternelles, 8
Enfant, sont ouvertes pour toi ; 8
Viens ; je te donnerai des ailes : 8
10 Tu t’envoleras avec moi ! 8
« Bien souvent tu vois dans ton rêve 8
Des rubis, des perles, des fleurs ; 8
Pour ne te laisser que des pleurs, 8
Ce vain songe trop tôt s’achève. » 8
15 Et l’ange souriait et lui tendait les bras ; 12
L’enfant semblait dormir et ne répondait pas. 12
« Je ne veux pas que tu t’éveilles ; 8
Blond chérubin, remonte aux cieux ; 8
Tu retrouveras ces merveilles 8
20 Dont le songe éblouit tes yeux. 8
« Viens ; tu courras dans les allées, 8
Sur le sable d’un grand jardin ; 8
Je te conduirai par la main 8
Jusques aux voûtes étoilées. » 8
25 Et l’ange souriait et lui tendait les bras ; 12
L’enfant semblait dormir et ne répondait pas. 12
« N’entends-tu pas l’appel des anges ? 8
Va jouer dans le firmament ; 8
Sors de la vie et de ses langes 8
30 Dans les plis de mon vêtement ! 8
« Tu verras des fleurs immortelles, 8
Des diamants dans les ruisseaux, 8
Des fruits d’or, et de blancs oiseaux 8
Qui laissent caresser leurs ailes ! » 8
35 Et l’ange souriait et lui tendait les bras ; 12
L’enfant semblait dormir et ne répondait pas. 12
« Oh ! que veux-tu que je te donne, 8
Frère, si tu viens avec moi ? 8
Prends les rayons de ma couronne : 8
40 Ces fleurons divins sont à toi. 8
« Tu ne sais pas que la souffrance 8
Ici-bas pourrait t’accabler ! 8
Viens, suis-moi : je vais m’envoler… 8
Pauvre ami, je suis l’Espérance ! » 8
45 Et l’ange souriait et lui tendait les bras ; 12
L’enfant semblait dormir et ne répondait pas. 12
« Quoi ? tu veux rester sur la terre, 8
Tout seul, jouet de la douleur ? 8
Et le ciel t’offrait le bonheur !… 8
50 Enfant, dans le ciel est ta mère ! » 8
Et deux anges fuyaient, heureux, loin d’ici-bas ; 12
Et l’enfant endormi ne se réveilla pas ! 12
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