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AIC_1/AIC3
Jean AICARD
Jeanne Darc
Le Rachat de la Tour
1866
LE MARTYRE
III
LE RACHAT
À M. ERNEST MORIN.
Ô Maître, vous avez peint les époques sombres ; 12
Vous avez évoqué ces solennelles ombres, 12
Les Xaintrailles et les Dunois, 8
Et le réveil soudain de la France opprimée ; 12
5 Alors, grands et petits, foule enthousiasmée, 12
Frémissaient, comme votre voix. 8
Non ! tout n’est pas si mort en nos frêles poitrines, 12
Que rien n’y batte plus ; — sur les tristes ruines 12
Naissent des arbustes souvent ; 8
10 L’incendie est éteint ; le feu vit sous la cendre ; 12
Formidable, il surgit, lorsque Dieu fait descendre 12
Du haut du ciel un coup de vent ! 8
Or ce vent a soufflé de votre âme profonde ; 12
Votre fécond labeur rajeunit un vieux monde ! 12
15 Pour vaincre les efforts du temps, 8
Sans armes, vous avez levé votre bannière : 12
Du bûcher noir jaillit une blanche lumière ; 12
Un jour refait quatre cents ans. 8
Et maintenant, esprits qu’illumine l’Histoire 12
20 Nous n’avons pas le droit d’oublier cette gloire, 12
Indifférents à tant d’amour ; 8
Chacun doit expier la faute universelle ; 12
Pacifiques soldats de l’Idée immortelle, 12
À la France rendons sa Tour ! 8
25 Domremy jette un cri grand de reconnaissance ; 12
La pensée, aigle altier, de l’humble bourg s’élance, 12
Comme autrefois l’ange sauveur, 8
Et Rouen l’applaudit ; puis ma ville natale ; 12
Reçois donc, ô Toulon, la strophe filiale 12
30 Que mon cœur dédie à ton cœur ! 8
Les Tisseurs de Lyon brodent une oriflamme ; 12
Travaillons tous, allons ! femmes, pour une femme ! 12
Jeunesse, pour la liberté ! 8
Debout ! Donnons avec nos cœurs notre parole ; 12
35 Tressons pour la martyre une blanche auréole 12
Éclatante de vérité ! 8
Un jour, — quand régnera la Paix sainte et propice, 12
Nous serons acclamés les fils de la justice, 12
Acclamés d’une seule voix ! 8
40 Car les Peuples voudront abdiquer leurs misères 12
Devant tous les Sauveurs saignants sur les calvaires, 12
Sur les bûchers et sur les croix ! 8
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