Métrique en Ligne
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Daniel STERN
(Marie d' AGOULT)
POÉSIES
1880
POÉSIES
I
SÉRÉNITÉ
De ma sérénité tu voudrais le secret, 12
M'as-tu dit; et savoir comment à mon visage 12
Jamais amour ou haine, espérance ou regret, 12
Ne jette une rougeur qui trahisse au passage 12
5 Les orages de l'âme et le bouillonnement 12
D'un sang fier qui s'indigne ou s'exalte ; et comment 12
Du repos de mon front, de ma calme présence, 12
De mon port, de mes yeux que l'on croirait sans pleurs, 12
De ma lente parole, ou bien de mon silence, 12
10 S'exhale une vertu qui charme les douleurs. 12
Et de ma sagesse 5
Ta folle jeunesse 5
Vantant le bienfait 5
Envie à mon Age 5
15 De longs jours d'orage 5
Le tardif effet. 5
« O mère chérie, 5
La secrète loi 5
D'une âme guérie, 5
20 Enseignez-la moi. » 5
C'est là la prière 5
A mes cheveux blancs, 5
C'est le vœu sincère 5
De tes dix-huit ans. 5
25 Tu crains la tourmente, 5
Et, de ton destin, 5
Fille, sœur, amante, 5
Déjà t'épouvante 5
L'aube frémissante, 5
30 L'orageux matin. 5
Ton âme qu'agite 5
Le souffle dos dieux, 5
Ton sein qui palpite, 5
L'éclair de tes yeux, 5
35 Et l'accord qui tremble 5
Sous tes doigts émus, 5
Et ta voix qui semble 5
De mots inconnus 5
Chercher le mystère, 5
40 O mon cher trésor ! 5
Tout dit à ta mère 5
Que, dans son essor, 5
Déjà ton génie 5
Au mal s'est heurté, 5
45 Et que l'ironie, 5
L'amère ironie 5
Navre ta fierté. 5
Et je voudrais donner a ton âme inquiète 12
Un conseil, un exemple, et, m'offrant pour appui, 12
50 Répandre dans ton sein cette vertu secrète 12
Par qui lui soit rendu le repos qui l'a fui. 12
Mais, en sondant, hélas ! et mon cœur et ma vie, 12
Je vois trop à quel prix le trouble m'est ôté, 12
Et d'où me vient la paix que ta jeunesse envie !… 12
55 Que Dieu te garde, enfant, de ma sérénité ! 12
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