Métrique en Ligne
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Louise-Victorine ACKERMANN
PREMIÈRES POÉSIES
1862
VII
La Belle au Bois dormant
Une princesse, au fond des bois, 8
A dormi cent ans autrefois, 8
Oui, cent beaux ans, tout d’une traite. 8
L’enfant, dans sa fraîche retraite, 8
5 Laissait courir le temps léger. 8
Tout sommeillait à l’entour d’elle : 8
La brise n’eût pas de son aile 8
Fait la moindre feuille bouger ; 8
Le flot dormait sur le rivage ; 8
10 L’oiseau, perdu dans le feuillage, 8
Était sans voix et sans ébats ; 8
Sur sa tige fragile et verte 8
La rose restait entr’ouverte : 8
Cent printemps ne l’effeuillaient pas ! 8
15 Le charme eût duré, je m’assure, 8
À jamais, sans le fils du roi. 8
Il pénétra dans cet endroit, 8
Et découvrit par aventure 8
Le trésor que Dieu lui gardait. 8
20 Un baiser, bien vite, il dépose 8
Sur la bouche qui, demi-close, 8
Depuis un siècle l’attendait. 8
La dame, confuse et vermeille, 8
À cet inconnu qui l’éveille 8
25 Sourit dans son étonnement. 8
Ô surprise toujours la même ! 8
Sourire ému ! Baiser charmant ! 8
L’amour est l’éveilleur suprême, 8
L’âme, la Belle au bois dormant. 8
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