Métrique en Ligne
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Louise-Victorine ACKERMANN
PREMIÈRES POÉSIES
1862
IV
Le Départ
Il est donc vrai ? Je garde en quittant la patrie, 12
Ô profonde douleur ! un cœur indifférent. 12
Pas de regard aimé, pas d’image chérie, 12
Dont mon œil au départ se détache en pleurant. 12
5 Ainsi partent tous ceux que le désespoir sombre 12
Dans quelque monde à part pousse à se renfermer, 12
Qui, voyant l’homme faible et les jours remplis d’ombre, 12
Ne se sont pas senti le courage d’aimer. 12
Pourtant, Dieu m’est témoin, j’aurais voulu sur terre 12
10 Rassembler tout mon cœur autour d’un grand amour, 12
Joindre à quelque destin mon destin solitaire, 12
Me donner sans regret, sans crainte, sans retour. 12
Aussi ne croyez pas qu’avec indifférence 12
Je contemple s’éteindre, au plus beau de mes jours, 12
15 Des bonheurs d’ici-bas la riante espérance : 12
Bien que le cœur soit mort, on en souffre toujours. 12
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