II |
Élan mystique |
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Alors j’avais quinze ans. Au sein des nuits sans voiles, |
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Je m’arrêtais pour voir voyager les étoiles |
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Et contemplais trembler, à l’horizon lointain, |
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Des flots où leur clarté jouait jusqu’au matin. |
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Un immense besoin de divine harmonie |
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M’entraînait malgré moi vers la sphère infinie, |
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Tant il est vrai qu’ici cet autre astre immortel, |
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L’âme, gravite aussi vers un centre éternel. |
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Mais, tandis-que la nuit marchait au fond des cieux, |
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Des pensers me venaient, graves, silencieux, |
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D’avenir large et beau, de grande destinée, |
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D’amour à naître encor, de mission donnée, |
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Vague image, pour moi, pareille aux flots lointains |
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De la brume où nageaient mes regards incertains. |
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— Aujourd’hui tout est su ; la destinée austère |
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N’a plus devant mes yeux d’ombre ni de mystère, |
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Et la vie, avant même un lustre révolu, |
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Garde à peine un feuillet qui n’ait pas été lu. |
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Humble et fragile enfant, cachant en moi ma flamme, |
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J’ai tout interrogé dans les choses de l’âme. |
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L’amour, d’abord. Jamais, le cœur endolori, |
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Je n’ai dit ce beau nom sans en avoir souri. |
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Puis j’ai soudé la gloire, autre rêve enchanté, |
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Dans l’être d’un moment instinct d’éternité ! |
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Mais pour moi sur la terre, où l’âme s’est ternie, |
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Tout s’imprégnait d’un goût d’amertume infinie. |
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Alors, vers le Seigneur me retournant d’effroi, |
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Comme un enfant en pleurs, j’osai crier : « Prends-moi ! |
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Prends-moi, car j’ai besoin, par delà toute chose, |
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D’un grand et saint espoir où mon cœur se repose, |
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D’une idée où mon âme, à qui l’avenir ment, |
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S’enferme et trouve enfin un terme à son tourment. » |
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Paris,
1832.
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