Métrique en Ligne
MER_1/MER12
Stuart MERRILL
Petits Poèmes d'Automne
1895
AMOUR D'AUTOMNE
XII
Je ne sais plus par quelle contrée 9
D’étoiles et de roses de lune 9
Je t’ai perdue en cette vesprée 9
Où nos voix se turent l'une après l’une. 10
5 Au loin, c’est comme un murmure d’ondes 9
Coulant vers une mer inconnue. 9
Nos yeux suivaient le rêve des mondes, 9
Et notre âme attendait la venue 9
Du Christ ou de la Vierge Marie 9
10 Dans les roses de lune et les étoiles. 10
Au loin, le vent, comme un Dieu qui prie, 9
Souffle vers la mer l’essor des voiles. 9
Nos mains cherchaient l'ancienne caresse 9
Et nos lèvres la vieille parole ; 9
15 Mais nos gestes étaient de détresse, 9
Et nos mots tels un oiseau qui s’envole. 10
Au loin, comme des oublis, les feuilles 9
Voguent vers la mer où dort l’automne. 9
Ses yeux et ses lèvres que tu cueilles, 9
20 Dieu d’hiver dont le soleil s’étonne, 9
Refleuriront-ils comme les roses 9
Et les étoiles que nous aimâmes ? 9
Au loin, l’air est plein de voix moroses 9
Et la mer chante la mort des âmes. 9
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