Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_1/DES57
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
ÉLÉGIES
L’INDISCRET
Dans la paix triste et profonde 7 a
Où me plongeait ce séjour, 7 b
J’ignorais qu’au bruit du monde 7 a
On peut oublier l’amour. 7 b
5 Quelle est donc cette voix importune et cruelle 6+6 a
Qui déjà me détrompe avec un ris moqueur ? 6+6 b
Comme une flèche aiguë elle siffle autour d’elle, 6+6 a
Et le trait qu’elle porte a déchiré mon cœur. 6+6 b
Au bord de ma tombe ignorée, 8 a
10 Ciel ! par cette langue acérée, 8 a
Faut-il qu’un nom trop cher puisse m’atteindre encor ! 6+6 a
Pour m’apprendre (nouvelle affreuse !) 8 b
Que j’étais seule malheureuse, 8 b
Et qu’on m’oublie avant ma mort ! 8 a
15 Du plus sincère amour quel châtiment terrible ! 6+6 a
Je n’étais pas aimée !… ô confidence horrible ! 6+6 a
Il a parlé longtemps. Mes yeux, gonflés de pleurs, 6+6 a
Se détournaient en vain de ses lèvres légères, 6+6 b
Dont le souffle éteignait mes erreurs les plus chères, 6+6 b
20 Et dont le rire affreux outrageait mes malheurs. 6+6 a
Lui n’a vu mon effroi ni ma pâleur extrême ; 6+6 a
L’indiscret n’a point d’âme, il ne devine rien, 6+6 b
Du bruit de sa parole il s’étourdit lui-même, 6+6 a
Il s’écoute, il s’admire, il se répond : C’est bien ! 6+6 b
25 Loin de moi… Mais sa voix ! elle me frappe encore ; 6+6 a
Son timbre me poursuit, et partout il m’attend : 6+6 b
Sait-il que je me meurs ? Sait-il que je l’abhorre ? 6+6 a
Il révèle un secret, il parle, il est content. 6+6 b
Ah ! j’aurais dû crier : « C’est moi… je l’aime… arrête ! 6+6 a
30 Par ton Dieu, par ta mère et tes premiers amours, 6+6 b
Dis qu’il n’est point parjure ; oh ! dis-le ! je suis prête 6+6 a
À t’entendre, à tout croire, à t’écouter toujours. » 6+6 b
Mais non, il n’a pas vu ma main, faible et glacée, 6+6 a
Rassembler mes cheveux pour voiler mon affront ; 6+6 b
35 Il n’a pas vu la mort, par lui-même tracée, 6+6 a
Sous le bandeau de fleurs qui tremblaient sur mon front. 6+6 b
Aveugle ! il n’a pas vu se troubler et s’éteindre 6+6 a
Mon œil longtemps fermé ! 6 b
Quand j’ai dit : Se peut-il !… ma voix n’a pu l’atteindre ; 6+6 a
40 Il n’a donc pas aimé ? 6 b
Peut-être qu'en naissant il a perdu sa mère, 6+6 a
Qu’il n’a jamais connu le baiser d’une sœur, 6+6 b
Et qu’à ses premiers cris une dure étrangère 6+6 a
N’a jamais d’un sourire accordé la douceur. 6+6 b
45 Fuis, dépositaire infidèle 8 a
Des secrets imprudents confiés à ta foi ! 6+6 b
Va ! qui trompe une amante au moins a pitié d’elle ; 6+6 a
Tu trahis un méchant, mais il l’est moins que toi. 6+6 b
Sa pudeur, ses remords prenaient soin de ma vie ; 6+6 a
50 Lui-même il frémira du mal que tu me fais : 6+6 b
Il laissait l’espérance à mon âme asservie, 6+6 a
Il se taisait enfin ; et moi… que je le hais ! 6+6 b
Pour tromper tant d’amour qu’il s’imposa de peine ! 6+6 a
Quelle humiliante pitié ! 8 b
55 Mais toi, toi qui pour lui m’inspires tant de haine, 6+6 a
Ah ! prends-en la moitié ! 6 b
Qu’elle attache à mes pleurs une longue puissance, 6+6 a
Qu’elle effraie à ton nom l’imprudente innocence, 6+6 a
Que ton cœur s’intimide à mes cris douloureux, 6+6 a
60 Qu’il devienne sensible, et qu’il soit malheureux !… 6+6 a
Oui, puisses-tu brûler, et languir, et déplaire 6+6 a
Au jeune et froid objet qui saura t’enflammer ; 6+6 b
Ou plutôt… tremble au vœu qu’invente ma colère, 6+6 a
Puisses-tu longtemps vivre, et ne jamais aimer ! 6+6 b
mètre profils métriques : 7, 8, 6, 6+6
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