Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
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Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES DIVERSES
LA MONTRE
IMITATION LIBRE DE GOUDELIN
Toi qui reçus par artifice 8 a
Et le mouvement et la voix, 8 b
Quand l’Heure vient frapper sur ton frêle édifice 6+6 a
Les moments qu’elle accorde et reprend à la fois ; 6+6 b
5 Confidente du Temps, ô toi qui toujours veilles, 6+6 a
Défends à Lyris de dormir ! 8 b
Frappe de sons si doux ses mignonnes oreilles, 6+6 a
Que de son cœur distrait il s’échappe un soupir ! 6+6 b
Si son œil languissant au hasard te regarde, 6+6 a
10 Apprends-lui qu’elle touche à la saison d’aimer. 6+6 b
Si pour tromper l’Amour, sa raison te retarde, 6+6 a
Dis-lui que le temps vole et qu’elle sait charmer. 6+6 b
Dis-lui que son nom seul, ce doux nom que j’adore, 6+6 a
Fait battre je ne sais quel ressort dans mon sein, 6+6 b
15 Qui tombe sur mon cœur bien plus souvent encore 6+6 a
Que ton léger marteau sur ton fragile airain. 6+6 b
Dis-lui que de ses yeux les vives étincelles 6+6 a
M’apprennent des secrets mille fois plus nombreux 6+6 b
Que toi-même tu n’en recèles, 8 a
20 Mais que j’ignore encor celui qui rend heureux. 6+6 b
Si jamais à l’Amour elle enlève une plume, 6+6 a
Pour m’annoncer, tremblante, un premier rendez-vous, 6+6 b
Romps alors ta lente coutume, 8 a
Avance ! avance ! et reste à ce moment si doux. 6+6 b
25 Mais, pour me consoler, cette belle inhumaine 6+6 a
N’a jamais de loisir. 6 b
Tu marcheras toujours pour prolonger ma peine ; 6+6 a
Elle y prend du plaisir. 6 b
Ah ! pour toi, qu’elle admet jusque dans sa parure, 6+6 a
30 Avec froideur, loin de te repousser, 4+6 b
Si sa main te rencontre en nouant sa ceinture, 6+6 a
Sa main semble te caresser. 8 b
Près d’un sein palpitant, où s’enferme une Grâce 6+6 a
Qui te balance, et te presse et t’embrasse, 4+6 a
35 Comment peux-tu demeurer, sans frémir, 4+6 a
Où l’Amour même aurait peur de mourir ? 4+6 a
Oui, caché par Lyris entre deux fleurs mi-closes, 6+6 a
L’Amour, ivre d’amour et du parfum des roses, 6+6 a
Aurait peine, accablé de sa félicité, 6+6 a
40 À retenir son immortalité. 4+6 a
Et quand son pied léger, que guide la cadence, 6+6 a
T’associe, en jouant, au plaisir de la danse, 6+6 a
Comment ne sens-tu point, par de tendres efforts, 6+6 a
Se rompre tes ressorts ? 6 a
45 Insensible ! Ah ! du moins apprends-moi, je te prie, 6+6 a
Quand l’heure d’Amour sonnera ; 8 b
Au doux bruit de ta sonnerie 8 a
Quand sa fierté s’endormira ; 8 b
Et quand viendra l’heure chérie, 8 a
50 À qui Lyris la donnera ! 8 a
Le matin, dès qu’elle s’éveille, 8 b
Celle qui m’asservit se gouverne par toi. 6+6 a
Est-il tard ? dit Lyris, dont l’âme encor sommeille. 6+6 b
Et ta réponse est pour elle une loi. 4+6 a
55 Ah ! loin de t’imiter, si j’étais auprès d’elle, 6+6 a
Pour étouffer ton timbre importun aux Amours, 6+6 b
À force de baisers j’étourdirais ma belle, 6+6 a
Et la nuit durerait toujours ! 8 b
Je rêve. Oh ! quelle est ma faiblesse ! 8 a
60 Mais vois, en comparant ton sort avec le mien, 6+6 b
Si l’enfant qui brûle et qui blesse 8 a
M’en fit un différent du tien ! 8 b
Une heure pour toi n’est qu’une heure, 8 a
Un moment n’est rien qu’un moment ; 8 b
65 Mais une heure, un moment, dans sa triste demeure, 6+6 a
Est un siècle pour un amant. 8 b
Si Lyris était moins farouche, 8 a
Les ans ne me seraient qu’un jour ; 8 b
Ils s’écouleraient sur sa bouche, 8 a
70 Et je rirais avec l’Amour. 8 b
Compagne de Lyris, toi que tout bas j’implore, 6+6 a
Si celle qui me trouble et n’aime pas encore, 6+6 a
Pour l’un de mes rivaux oubliait sa rigueur, 6+6 a
Dis-lui que sa mère l’appelle ; 8 b
75 Fais du bruit en tombant près d’elle, 8 b
Pour mieux effrayer sa pudeur. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6, 6+6, 4+6
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