Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
DES_1/DES128
Marceline DESBORDES-VALMORE
POÉSIES
1830
POÉSIES DIVERSES
LE BERCEAU D’HÉLÈNE
Qu’a-t-on fait du bocage rêva mon enfance ? 6+6 a
Oh ! je le vois toujours !j’y voudrais être encor ! 6+6 b
Au milieu des parfumsj’y dormais sans défense. 6+6 a
Et le soleil sur luiversait des rayons d’or. 6+6 b
5 Peut-être qu’à cette heureil colore les roses, 6+6 a
Et que son doux reflettremble dans le ruisseau ; 6+6 b
Viens couler à mes pieds,clair ruisseau qui l’arroses ; 6+6 a
Sous tes flots transparentsmontre-moi le berceau. 6+6 b
Viens, j’attends ta frcheur,j’appelle ton murmure ; 6+6 a
10  J’écoute, réponds-moi ! 6 b
Sur tes bords, les fleursse fanent sans culture, 6+6 a
Les fleurs ont besoin d’eau,mon cœur sèche sans toi. 6+6 b
Viens, viens me rappeler,dans ta course limpide, 6+6 a
Mes jeux, mes premiers jeux,si chers, si décevants, 6+6 b
15 Des compagnes d’Hélèneun souvenir rapide, 6+6 a
Et leurs rires lointains,faibles jouets des vents. 6+6 b
Si tu veux caressermon oreille attentive, 6+6 a
N’as-tu pas quelquefois,en poursuivant ton cours, 6+6 b
Lorsqu’elles vont s’asseoiret causer sur ta rive, 6+6 a
20 N’as-tu pas entendumon nom dans leurs discours ? 6+6 b
Sur les roses peut-êtreune abeille s’élance : 6+6 a
Je voudrais être abeilleet mourir dans les fleurs, 6+6 b
Ou le petit oiseaudont le nid s’y balance ! 6+6 a
Il chante, elle est heureuse ;et j’ai connu les pleurs. 6+6 b
25 Je ne pleurais jamaissous sa vte embaumée ; 6+6 a
Une jeune Espérancey dansait sur mes pas : 6+6 b
Elle venait du ciel,dont l’enfance est aimée ; 6+6 a
Je dansais avec elle.Oh ! je ne pleurais pas ! 6+6 b
Elle m’avait donnéson prisme, don fragile ! 6+6 a
30 J’ai regardé la vieà travers ses couleurs. 6+6 b
Que la vie était belle !et, dans son vol agile, 6+6 a
Que ma jeune Espérancey répandait de fleurs ! 6+6 b
Qu’il était beau l’ombrage j’entendais les Muses 6+6 a
Me révéler tout basleurs promesses confuses, 6+6 a
35 j’osais leur répondre,et, de ma faible voix 6+6 a
Bégayer le sermentde suivre un jour leurs lois ! 6+6 a
D’un souvenir si douxl’erreur évanouie 6+6 a
Laisse au fond de mon âmeun long étonnement. 6+6 b
C’est une belle auroreà peine épanouie 6+6 a
40 Qui meurt dans un nuage,et je dis tristement : 6+6 b
Qu’a-t-on fait du bocage rêva mon enfance ? 6+6 a
Oh ! j’en parle toujours !J’y voudrais être encor ! 6+6 b
Au milieu des parfums,j’y dormais sans défense, 6+6 a
Et le soleil sur luiversait des rayons d’or. 6+6 b
45 Mais au fond du tableau,cherchant des yeux sa proie, 6+6 a
J’ai vu… je vois encors’avancer le Malheur. 6+6 b
Il errait comme une ombre,il attristait ma joie 6+6 a
 Sous les traits d’un vieux oiseleur ; 8 b
Et le vieux oiseleur,patiemment avide, 6+6 a
50 Aux pièges, avant l’aube,attendait les oiseaux ; 6+6 b
Et le soir il comptait,avec un ris perfide, 6+6 a
Ses petits prisonnierstremblants sous les réseaux. 6+6 b
 Est-il toujoursbien cruel, bien barbare, 4+6 a
Bien sourd à la prière ?Et, dans sa main avare, 6+6 a
55  Plutôt que de l’ouvrir, 6 a
Presse-t-il sa victimeà la faire mourir ? 6+6 a
Ah ! du moins, comme alors,puisse une jeune fille 6+6 a
Courir, en frappant l’aird’une tendre clameur, 6+6 b
Renvoyer dans les cieuxla chantante famille, 6+6 a
60 Et tromper le méchantqui faisait le dormeur ! 6+6 b
Dieu ! quand on le trompait,quelle était sa colère ! 6+6 a
Il fallait fuir : des pleursne lui suffisaient pas ; 6+6 b
Ou, d’une pitié feinteexigeant le salaire, 6+6 a
Il pardonnait tout haut,il maudissait tout bas. 6+6 b
65 Au pied d’un vieux rempart,une antique chaumière 6+6 a
 Lui servait de réduit ; 6 b
Il allait s’y cachertout seul et sans lumière, 6+6 a
 Comme l’oiseau de nuit. 6 b
Un soir, en traversantl’église abandonnée, 6+6 a
70 Sa voix nomma la Mort.Que sa voix me fit peur ! 6+6 b
Je m’envolai tremblanteau seuil j’étais née, 6+6 a
Et j’entendis l’échorire avec le trompeur. 6+6 b
« Dis ! qu’est-ce que la Mort ?demandai-je à ma mère. 6+6 a
« — C’est un vieux oiseleurqui menace toujours. 6+6 b
75 Tout tombe dans ses rets,ma fille, et les beaux jours 6+6 b
S’éteignent sous ses doigtscomme un souffle éphémère. » 6+6 a
Je demeurai pensiveet triste sur son sein. 6+6 a
Depuis, j’allai m’asseoiraux tombes délaissées : 6+6 b
Leur tranquille silenceéveillait mes pensées ; 6+6 b
80 Y cueillir une fleurme semblait un larcin. 6+6 a
L’aquilon m’effrayaitde ses soupirs funèbres. 6+6 a
La voix, toujours la voix,m’annonçait le Malheur ; 6+6 b
Et quand je l’entendaispasser dans les ténèbres, 6+6 a
Je disais : « C’est la Mort,ou le vieux oiseleur. » 6+6 b
85 Mais tout change : l’autanfait place aux vents propices, 6+6 a
 La nuit fait place au jour, 6 b
La verdure, au printemps,couvre les précipices, 6+6 a
Et l’hirondelle heureusey chante son retour. 6+6 b
Je revis le berceau,le soleil et les roses. 6+6 a
90 Ruisseau, tu m’appelais,je m’élançai vers toi. 6+6 b
Je t’appelle à mon tour,clair ruisseau qui l’arroses ; 6+6 a
 J’écoute, réponds-moi ! 6 b
Qu’a-t-on fait du bocage rêva mon enfance ? 6+6 a
Oh ! je le vois toujours !J’y voudrais être encor ! 6+6 b
95 Au milieu des parfums,j’y dormais sans défense, 6+6 a
Et le soleil sur luiversait des rayons d’or. 6+6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6, (4+6), (8)
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