Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BOR_1/BOR3
Pétrus BOREL
Rapsodies
1832
RAPSODIES
Le Vieux Capitaine
À E. D***, peintre.
Mais enfin le matelot crie :
Terre ! terre ! là-bas, voyez !…
Béranger.
I
Jean, mon vieux matelot, nous touchons : France ! France ! 6+6 a
Cet air, de nos longs cours, emporte la souffrance. 6+6 a
Jean, serait-ce une erreur ? 6 b
Vois-tu, dans la vapeur qui nous cache la grève, 6+6 c
5 Vois-tu là-bas flotter ?… Non, ce n'est point un rêve : 6+6 c
Il vit, notre Empereur ! 6 b
Jean, embrasse-moi donc !…. Tu ris et tu m'assures 6+6 a
Par tes gros pleurs joyeux, serre moins mes blessures ; 6+6 a
Sens-tu battre ce cœur ? 6 b
10 Heureux ! le serviteur à qui Dieu peut permettre, 6+6 c
Après quinze ans d'exil, de revoir son vieux maître : 6+6 c
Il vit, notre Empereur ! 6 b
Jean, que simple on était de croire à cette perte : 6+6 a
J'étais bien sûr qu'enfin, de son île déserte, 6+6 a
15 Loin des rois la terreur ! 6 b
Un jour il reviendrait debout, la lame nue, 6+6 c
Éveiller ses Français avec sa voix connue : 6+6 c
Il vit, notre Empereur ! 6 b
Jean, que simple on était de croire que cet homme 6+6 a
20 Qui se sacra lui-même avec la main de Rome, 6+6 a
Et qui s'assit, vainqueur, 6 b
Déjouant le poignard, riant aux anarchies, 6+6 c
Sur le trône détruit des vieilles monarchies : 6+6 c
Il vit, notre Empereur ! 6 b
25 Jean, que simple on était ! croire que l'homme austère 6+6 a
Qui d'un geste, dix ans, a foudroyé la terre, 6+6 a
Mourrait comme un pasteur ; 6 b
N'entend-on pas le brick qui s'entr'ouvre et qui lutte, 6+6 c
Ou le cri du rocher qui s'écrase en sa chute ?… 6+6 c
30 Il vit, notre Empereur ! 6 b
Jean, comme nous un jour, s'il doit quitter ce monde, 6+6 a
Le globe sentira la secousse profonde, 6+6 a
Jetant une clameur : 6 b
Comme à la mort du Christ, prodiges sans exemple, 6+6 c
35 Déchireront la terre et le voile du Temple ! 6+6 c
Il vit, notre Empereur ! 6 b
Jean, cargue le pennon, pavillon qu'on abhorre, 6+6 a
Attachons à ces mâts ce flottant météore 6+6 a
Qu'envoie un ciel vengeur ! 6 b
40 A sa vue, ébloui, l'ossifrague s'arrête ; 6+6 c
Et la vague en respect semble incliner sa tête : 6+6 c
Il vit, notre Empereur !… 6 b
Jean, tout comme un obus mon cœur en joie éclate. 6+6 a
Qu'il est beau, comme il flotte, azur ! blanc ! écarlate ! 6+6 a
45 Le drapeau rédempteur, 6 b
Qui de son long tissu, mortuaire enveloppe, 6+6 c
Emmaillota les rois, emmantela l'Europe ! 6+6 c
Il vit, notre Empereur !… 6 b
Jean, cours aux canonniers, dis-leur que la patrie 6+6 a
50 A secoué le joug, que notre artillerie 6+6 a
Doit tonner ce bonheur ! 6 b
Que tribord et bâbord lancent vingt fois leur foudre ! 6+6 c
Dieu ! que de patients ce jour-là doit absoudre !… 6+6 c
Il vit, notre Empereur ! 6 b
II
55 Jean, quel est donc ce cri que, là-bas sur la plage, 6+6 a
La foule a cent fois répété ? 8 b
Est-ce Napoléon ? — Non, dans ces cris de rage, 6+6 a
Je n'entends rien que : Liberté. 8 b
Cependant, couronnant le chef du la bannière, 6+6 c
60 C'est bien un aigle que je vois ? 8 d
Oui ! l'aigle impérial enserrant le tonnerre !… 6+6 c
— Pardon, mon commandant, c'est le vieux coq gaulois ! 6+6 d
A ces mots, sur le pont, on voit le capitaine 6+6 a
Pâlir et reculer ; 6 b
65 Et les deux vétérans, la mine moins hautaine, 6+6 a
Se regardent sans se parler. 8 b
Plus surpris et défaits que dans la nuit fatale, 6+6 c
Et, dans son fol enivrement, 8 d
Une fille qui croit accoler son amant, 6+6 d
70 Et qui baise au front, sa rivale. 8 c
mètre profils métriques : 6, 8, 6+6
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