Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
BEA_2/BEA7
Henri BEAUCLAIR
LES HORIZONTALES
1885
I
Les Feux du Ciel de Lit
Et le vent, soupirant sous le frais sycomore
Allait, tout parfumé, de Sodome à Gomorrhe.
VICTOR HUGO, Orientales.
I
Or, le calme du soiret l'ombre étant venus, 6+6 a
Comme au ciel scintillaitl'Étoile de Vénus, 6+6 a
 Paris, prince de la Débauche, 8 a
S'étendit sur son litde velours et cria : 6+6 b
5 — Fini le sérieux !Toi, viens, Luxuria, 6+6 b
 Compagne fidèle, à ma gauche ! 8 a
Luxuria s'assitauprès du vieux Paris. 6+6 a
— Hé bien ! Luxuria,tu n'as donc rien appris 6+6 a
 De neuf ? Toujours même rengne ? 8 a
10 Et nous allons encore,ainsi que chaque nuit, 6+6 b
Boire au même flacon ?Vraiment, un soir d'ennui, 6+6 b
 J'irai me jeter à la Seine ! 8 a
Ah ! vous ne savez pasgter votre bonheur, 6+6 a
Répondit sa compagne.Il est vrai, doux seigneur, 6+6 a
15  Que la rose est toujours la rose, 8 a
Pourtant, depuis qu'Adamavec Ève a rêvé, 6+6 b
Malgré toute recherche,on n'a pas mieux trouvé, 6+6 b
 Et c'est toujours la même chose ! 8 a
— Sufficit ! dit Paris :d'ailleurs, je suis dispos, 6+6 a
20 C'est la loi que le loupdévore les troupeaux 6+6 a
 De moutons, dans la plaine immense ! 8 a
A moi loup, les beautésbrebis ! —Luxuria 6+6 b
Se levant, soulevales rideaux et cria : 6+6 b
 — Vivat ! que la fête commence ! 8 a
II
25 Alors, un défilésuperbe commença, 6+6 a
Et sous le ciel de lit,tout entier il passa. 6+6 a
III
 Elles trottinent, par groupes, 7 a
 Joyeuses, folles, le soir, 7 b
 Tortillant leurs maigres croupes, 7 a
30  Encombrant tout le trottoir. 7 b
 Elles sortent des passages, 7 c
 Plumes en apprentissages 7 c
 Ou bien fleurs — à moitié sages, 7 c
 Et ne demandant qu'à choir. 7 b
35  Blanchisseuses et cousettes, 7 a
 elles trottent, elles vont, 7 b
 Tout en faisant des risettes. 7 a
 Sur le boulevard profond, 7 b
 Elles trottent et sur elles, 7 c
40  Peu craintives tourterelles, 7 c
 Le vautour aux noires ailes, 7 c
 Paillard, vieux ou jeune, fond ! 7 b
Or une large voixdu fond du lit venue : 6+6 a
— Bravo, Luxuria !ça va bien, continue ! 6+6 a
IV
45 Des fiacres. Il en vintà ne plus les compter. 6+6 a
Alors Luxuriadans l'ombre fit monter 6+6 a
 Toutes les femmes adultères. 8 a
D'aucunes, en tremblant,franchissaient les degrés, 6+6 b
Pâles, avec des yeuxde fièvres dévorés, 6+6 b
50  D'autres, avec des airs austères. 8 a
Tout y passa, la gouleardente, au corps de feu, 6+6 a
L'épouse langoureuseau front pur, à l'œil bleu, 6+6 a
 Qui pèche en disant ses prières ! 8 a
Des femmes de trente ans,divines, ô Balzac ! 6+6 b
55 D'autres — oh ! monstrueux !— qui n'avaient pas le sac 6+6 b
 Pour leurs dettes de couturières ! 8 a
— Fichtre ! cria Paris,ça va de mieux en mieux, 6+6 a
Mais, maintenant, il fautnous servir du joyeux ! 6+6 a
V
Et, par une portièreà demi-soulevée 6+6 a
60 Entrèrent des clameursfolles, et les accords 6+6 b
Cascadeurs et vibrantsde l'Évohé d'Orphée. 6+6 a
L'alcôve reçut uneavalanche de corps ! 6−6 b
 Toute la confrérie 6 a
 Qui rôtit le balai, 6 b
65  Dames de brasserie 6 a
 Et du corps de ballet, 6 b
 Petites cabotines 6 a
 Et chanteuses des chœurs, 6 b
 Celles dont les bottines 6 a
70  Écrasent tant de cœurs, 6 b
 Prima donna ! Divettes, 6 a
 Les étoiles qu'on sert, 6 b
 Pour chanter les fauvettes, 6 a
 Dans tout café concert. 6 b
75  Les belles qui ne filent 6 a
 Pas plus que les lys blancs 6 b
 Et, chaque soir, défilent 6 a
 En quête de galants. 6 b
 Entrent avec furie 6 a
80  Dans l'alcôve au complet, 6 b
 Toute la confrérie 6 a
 Fait flamber le balai ! 6 b
VI
Minuit sonnait alors,et de l'alcôve claire 6+6 a
Montaient des pleurs de joieet des cris de colère. 6+6 a
85 La Folie érotiqueétreignait les cerveaux, 6+6 a
Et les lèvres cherchaient,par des baisers nouveaux, 6+6 a
A calmer un instantl'ardeur des fièvres chaudes. 6+6 a
Les bras entrelacés,marquises et ribaudes, 6+6 a
Cousettes et catins,sous le commandement 6+6 a
90 Superbe et triomphalde Paris, doucement 6+6 a
Se mirent à danserla valse lesbienne. 6+6 a
— Ça va bien, dit Paris,quelle joie est la mienne ! 6+6 a
Et Paris était las,pourtant, et son archet 6+6 a
A marquer la cadence,à son côté penchait. 6+6 a
95 Les valseuses, avecleurs paupières mi-closes, 6+6 a
En passant, effeuillaient,le long du lit, des roses. 6+6 a
Leur grâce était sans forceet leur sourire vain. 6+6 a
Or, Paris fit venir,pour lui verser du vin, 6+6 a
Voulant redoubler sesétreintes fatiguées, 6−6 a
100 De pâles jeunes gensaux hanches disloquées. 6+6 a
Et, dans l'alcôve gîtl'hystérique Paris, 6+6 a
Terribles, sont partisà l'instant de grands cris : 6+6 a
«Encor ! Luxuria !je suis très à mon aise 6+6 a
Toute la vieille gardeentra dans la fournaise ! 6+6 a
mètre profils métriques : 8, 7, 6, 6−6
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