Métrique en Ligne
ACK_1/ACK10
Louise-Victorine ACKERMANN
PREMIÈRES POÉSIES
1862
X
Le Fantôme
D'un souffle printanier l'air tout à coup s'embaume. 12
Dans notre obscur lointain un spectre s'est dressé, 12
Et nous reconnaissons notre propre fantôme 12
Dans cette ombre qui sort des brumes du passé. 12
5 Nous le suivons de loin, entraînés par un charme 12
À travers les débris, à travers les détours, 12
Retrouvant un sourire et souvent une larme 12
Sur ce chemin semé de rêves et d'amours. 12
Par quels champs oubliés et déjà voilés d'ombre 12
10 Cette poursuite vaine un moment nous conduit ! 12
Vers plus d'un mont désert, dans plus d'un vallon sombre, 12
Le fantôme léger nous égare après lui. 12
Les souvenirs dormants de la jeunesse éteinte 12
S'éveillent sous ses pas d'un sommeil calme et doux ; 12
15 Ils murmurent ensemble ou leur chant ou leur plainte, 12
Dont les échos mourants arrivent jusqu'à nous. 12
Et ces accents connus nous émeuvent encore. 12
Mais à nos yeux bientôt la vision décroît ; 12
Comme l'ombre d'Hamlet qui fuit et s'évapore, 12
20 Le spectre disparaît en criant : Souviens-toi ! 12
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