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VOL_4/VOL77
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE XXV
1723
A MONSIEUR DE GERVASI, MÉDECIN
Tu revenais couvert d'une gloire éternelle ; 6+6 a
Le Gévaudan surpris t'avait vu triompher 6+6 b
Des traits contagieux d'une peste cruelle, 6+6 a
Et ta main venait d'étouffer 8 b
5 De cent poisons cachés la semence mortelle. 6+6 a
Dans Maisons cependant je voyais mes beaux jours 6+6 a
Vers leurs derniers moments précipiter leur cours. 6+6 a
Déjà près de mon lit la mort inexorable 6+6 a
Avait levé sur moi sa faux épouvantable ; 6+6 a
10 Le vieux nocher des morts à sa voix accourut. 6+6 a
C'en était fait ; sa main tranchait ma destie : 6+6 b
Mais tu lui dis : « arrête !… » et la mort, étonnée, 6+6 b
Reconnut son vainqueur, frémit, et disparut. 6+6 a
Hélas ! Si, comme moi, l'aimable Genonville 6+6 a
15 Avait de ta présence eu le secours utile, 6+6 a
Il vivrait, et sa vie eût rempli nos souhaits ; 6+6 a
De son cher entretien je gterais les charmes ; 6+6 b
Mes jours, que je te dois, rentraient sans alarmes, 6+6 b
Et mes yeux, qui sans toi se fermaient pour jamais, 6+6 a
20 Ne se rouvriraient point pour répandre des larmes. 6+6 b
C'est toi du moins, c'est toi par qui, dans ma douleur, 6+6 a
Je peux jouir de la douceur 8 a
De plaire et d'être cher encore 8 a
Aux illustres amis dont mon destin m'honore. 6+6 a
25 Je reverrai Maisons, dont les soins bienfaisants 6+6 a
Viennent d'adoucir ma souffrance ; 8 b
Maisons, en qui l'esprit tient lieu d'expérience, 6+6 b
Et dont j'admire la prudence 8 b
Dans l'âge des égarements. 8 a
30 Je me flatte en secret que je pourrai peut-être 6+6 a
Charmer encor Sully, qui m'a trop oublié. 6+6 b
Mariamne à ses yeux ira bientôt paraître ; 6+6 a
Il la verra pour elle implorer sa pitié, 6+6 b
Et ranimer en lui ce goût, cette amitié, 6+6 b
35 Que pour moi, dans son cœur, ma muse avait fait naître. 6+6 a
Beaux jardins de Villars, ombrages toujours frais, 6+6 a
C'est sous vos feuillages épais 8 a
Que je retrouverai ce héros plein de gloire 6+6 b
Que nous a ramené la paix 8 a
40 Sur les ailes de la victoire. 8 b
C'est là que Richelieu, par son air enchanteur, 6+6 a
Par ses vivacités, son esprit, et ses grâces, 6+6 b
Dès qu'il repartra, saura joindre mon cœur 6+6 a
À tant de cœurs soumis qui volent sur ses traces. 6+6 b
45 Et toi, cher Bolingbrok, héros qui d'Apollon 6+6 a
As reçu plus d'une couronne, 8 b
Qui réunis en ta personne 8 b
L'éloquence de Cicéron, 8 a
L'intrépidité de Caton, 8 a
50 L'esprit de Mécénas, l'agrément de Pétrone, 6+6 b
Enfin donc je respire, et respire pour toi ; 6+6 a
Je pourrai désormais te parler et t'entendre. 6+6 b
Mais, ciel ! Quel souvenir vient ici me surprendre ! 6+6 b
Cette aimable beau qui m'a donné sa foi, 6+6 a
55 Qui m'a juré toujours une amitié si tendre, 6+6 b
Daignera-t-elle encor jeter les yeux sur moi ? 6+6 a
Hélas ! En descendant sur le sombre rivage, 6+6 b
Dans mon cœur expirant je portais son image ; 6+6 b
Son amour, ses vertus, ses grâces, ses appas, 6+6 a
60 Les plaisirs que cent fois j'ai gtés dans ses bras, 6+6 a
À ces derniers moments flattaient encor mon âme ; 6+6 b
Je brûlais, en mourant, d'une immortelle flamme. 6+6 b
Grands dieux ! Me faudra-t-il regretter le trépas ? 6+6 a
M'aurait-elle oublié ? Serait-elle volage ? 6+6 a
65 Que dis-je ? Malheureux ! Où vais-je m'engager ? 6+6 b
Quand on porte sur le visage 8 a
D'un mal si redou le fatal témoignage, 6+6 a
Est-ce à l'amour qu'il faut songer ? 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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