Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
VOL_4/VOL154
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE CII
1768
À MON VAISSEAU
Ô vaisseau qui porte mon nom, 8 a
Puisses-tu comme moi résister aux orages ! 6+6 b
L'empire de Neptune a vu moins de naufrages 6+6 b
Que le Permesse d'Apollon. 8 a
5 Tu vogueras peut-être à ces climats sauvages 6+6 b
Que Jean-Jacque a vantés dans son nouveau jargon. 6+6 a
Va débarquer sur ces rivages 8 b
Patouillet, Nonotte, et Fréron ; 8 a
À moins qu'aux chantiers de Toulon 8 a
10 Ils ne servent le roi noblement et sans gages. 6+6 b
Mais non, ton sort t'appelle aux dunes d'Albion. 6+6 a
Tu verras, dans les champs qu'arrose la Tamise, 6+6 c
La liberté superbe auprès du trône assise : 6+6 c
Le chapeau qui la couvre est orné de lauriers ; 6+6 d
15 Et, malgré ses partis, sa fougue, et sa licence, 6+6 e
Elle tient dans ses mains la corne d'abondance 6+6 e
Et les étendards des guerriers. 8 d
Sois certain que Paris ne s'informera guère 6+6 f
Si tu vogues vers Smyrne où l'on vit naître Homère, 6+6 f
20 Ou si ton breton nautonier 8 g
Te conduit près de Naple, en ce séjour fertile 6+6 h
Qui fait bien plus de cas du sang de saint Janvier 6+6 g
Que de la cendre de Virgile. 8 h
Ne va point sur le Tibre : il n'est plus de talents, 6+6 i
25 Plus de héros, plus de grand homme ; 8 j
Chez ce peuple de conquérants 8 i
Il est un pape, et plus de Rome. 8 j
Va plutôt vers ces monts qu'autrefois sépara 6+6 k
Le redoutable fils d'Alcmène, 8 l
30 Qui dompta les lions, sous qui l'hydre expira, 6+6 k
Et qui des dieux jaloux brava toujours la haine. 6+6 l
Tu verras en Espagne un Alcide nouveau, 6+6 m
Vainqueur d'une hydre plus fatale, 8 n
Des superstitions déchirant le bandeau, 6+6 m
35 Plongeant dans la nuit du tombeau 8 m
De l'inquisition la puissance infernale. 6+6 n
Dis-lui qu'il est en France un mortel qui l'égale ; 6+6 n
Car tu parles, sans doute, ainsi que le vaisseau 6+6 m
Qui transporta dans la Colchide 8 o
40 Les deux jumeaux divins, Jason, Orphée, Alcide. 6+6 o
Baptisé sous mon nom, tu parles hardiment : 6+6 p
Que ne diras-tu point des énormes sottises 6+6 q
Que mes chers français ont commises 8 q
Sur l'un et sur l'autre élément ! 8 p
45 Tu brûles de partir : attends, demeure, arrête ; 6+6 r
Je prétends m'embarquer, attends-moi, je te joins. 6+6 s
Libre de passions, et d'erreurs, et de soins, 6+6 s
J'ai su de mon asile écarter la tempête : 6+6 r
Mais dans mes prés fleuris, dans mes sombres forêts, 6+6 t
50 Dans l'abondance, et dans la paix, 8 t
Mon âme est encore inquiète ; 8 r
Des méchants et des sots je suis encor trop près : 6+6 t
Les cris des malheureux percent dans ma retraite. 6+6 r
Enfin le mauvais goût qui domine aujourd'hui 6+6 v
55 Déshonore trop ma patrie. 8 w
Hier on m'apporta, pour combler mon ennui, 6+6 v
Le tacite de La Blétrie. 8 w
Je n'y tiens point, je pars, et j'ai trop différé. 6+6 g
Ainsi je m'occupais, sans suite et sans méthode, 6+6 x
60 De ces pensers divers où j'étais égaré, 6+6 g
Comme tout solitaire à lui-même livré, 6+6 g
Ou comme un fou qui fait une ode, 8 x
Quand Minerve, tirant les rideaux de mon lit, 6+6 y
Avec l'aube du jour m'apparut, et me dit : 6+6 y
65 « Tu trouveras partout la même impertinence ; 6+6 e
Les ennuyeux et les pervers 8 z
Composent ce vaste univers : 8 z
Le monde est fait comme la France. » 8 e
Je me rendis à la raison ; 8 a
70 Et, sans plus m'affliger des sottises du monde, 6+6 a
Je laissai mon vaisseau fendre le sein de l'onde, 6+6 a
Et je restai dans ma maison. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6
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