Métrique en Ligne
VOL_4/VOL141
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE LXXXIX
À UNE JEUNE VEUVE
Jeune et charmant objet à qui pour son partage 6+6 a
Le ciel a prodigué les trésors les plus doux, 6+6 b
Les grâces, la beauté, l'esprit et le veuvage, 6+6 a
Jouissez du rare avantage 8 a
5 D'être sans préjugés ainsi que sans époux ! 6+6 b
Libre de ce double esclavage, 8 a
Joignez à tous ces dons celui d'en faire usage ; 6+6 a
Faites de votre lit le trône de l'amour ; 6+6 a
Qu'il ramène les ris, bannis de votre cour 6+6 a
10 Par la puissance maritale. 8 b
Ah ! Ce n'est pas au lit qu'un mari se signale : 6+6 b
Il dort toute la nuit et gronde tout le jour ; 6+6 a
Ou s'il arrive par merveille 8 a
Que chez lui la nature éveille le désir, 6+6 b
15 Attend-il qu'à son tour chez sa femme il s'éveille ? 6+6 a
Non : sans aucun prélude il brusque le plaisir ; 6+6 b
Il ne connaît point l'art d'animer ce qu'on aime, 6+6 c
D'amener par degrés la volupté suprême ; 6+6 c
Le traître jouit seul…, si pourtant c'est jouir. 6+6 b
20 Loin de vous tous liens, fût-ce avec Plutus même ! 6+6 c
L'amour se chargera du soin de vous pourvoir. 6+6 a
Vous n'avez jusqu'ici connu que le devoir, 6+6 a
Le plaisir vous reste à connaître. 8 a
Quel fortuné mortel y sera votre maître ! 6+6 a
25 Ah ! Lorsque, d'amour enivré, 8 b
Dans le sein du plaisir il vous fera renaître, 6+6 a
Lui-même trouvera qu'il l'avait ignoré. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
forme globale type : suite de strophes
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