Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
VOL_4/VOL112
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE LX
1741
AU MÊME
Eh bien ! Mauvais plaisants,critiques obstinés, 6+6 a
Prétendus beaux esprits,à médire acharnés, 6+6 a
Qui, parlant sans penser,fiers avec ignorance, 6+6 b
Mettez légèrementles rois dans la balance ; 6+6 b
5 Qui d'un ton décisif,aussi hardi que faux, 6+6 a
Assurez qu'un savantne peut être un héros ; 6+6 a
Ennemis de la gloireet de la poésie, 6+6 b
Grands critiques des rois,allez en Silésie ; 6+6 b
Voyez cent bataillonsprès de Neiss écrasés : 6+6 a
10 C'est là qu'est mon héros.Venez, si vous l'osez. 6+6 a
Le voilà ce savantque la gloire environne, 6+6 b
Qui préside aux combats,qui commande à Bellone, 6+6 b
Qui du fier Charles Douzeégalant le grand cœur, 6+6 a
Le surpasse en prudence,en esprit, en douceur. 6+6 a
15 C'est lui-même, c'est lui,dont l'âme universelle 6+6 b
Courut de tous les artsla carrière immortelle ; 6+6 b
Lui qui de la naturea vu les profondeurs, 6+6 a
Des charlatans dévotsconfondit les erreurs ; 6+6 a
Lui qui dans un repas,sans soins et sans affaire, 6+6 b
20 Passait les ignorantsdans l'art heureux de plaire ; 6+6 b
Qui sait tout, qui fait tout,qui élance à Grands pas 6+6 a
Du Parnasse à l'Olympe,et des jeux aux combats. 6+6 a
Je sais que Charles Douze,et Gustave, et Turenne, 6+6 b
N'ont point bu dans les eauxqu'épanche l'Hippocrène : 6+6 b
25 Mais enfin ces guerriers,illustres ignorants, 6+6 a
En étant moins polis,n'en étaient pas plus grands. 6+6 a
Mon prince est au-dessusde leur gloire vulgaire : 6+6 b
Quand il n'est point Achille,il sait être un Homère ; 6+6 b
Tour à tour la terreurde l'Autriche et des sots ; 6+6 a
30 Fertile en grands projets,aussi bien qu'en bons mots ; 6+6 a
En riant à la foisde Genève et de Rome, 6+6 b
Il parle, agit, combat,écrit, règne, en grand homme. 6+6 b
Ô vous qui prodiguezl'esprit et les vertus, 6+6 a
Reposez-vous, mon prince,et ne m'effrayez plus ; 6+6 a
35 Et, quoique vous sachieztout penser et tout faire, 6+6 b
Songez que les bouletsne vous respectent guère, 6+6 b
Et qu'un plomb dans un tubeentassé par des sots 6+6 a
Peut casser d'un seul coupla tête d'un héros 6+6 a
Lorsque, multipliantson poids par sa vitesse, 6+6 b
40 Il fend l'air qui résiste,et pousse autant qu'il presse. 6+6 b
Alors privé de vie,et chargé d'un grand nom, 6+6 a
Sur un lit de paradeétendu tout du long, 6+6 a
Vous iriez tristementrevoir votre patrie. 6+6 b
Ô ciel ! Que ferait-ondans votre académie ? 6+6 b
45 Un dur anatomiste,élève d'Atropos, 6+6 a
Viendrait, scalpel en main,disséquer mon héros. 6+6 a
« La voilà, dirait-il,cette cervelle unique, 6+6 b
Si belle, si féconde,et si philosophique. » 6+6 b
Il montrerait aux yeuxles fibres de ce cœur 6+6 a
50 Généreux, bienfaisant,juste, plein de grandeur. 6+6 a
Il couperait… mais non,ces horribles images 6+6 b
Ne doivent point souillerles lignes de nos pages. 6+6 b
Conservez, ô mes dieux !L'aimable Frédéric, 6+6 a
Pour son bonheur, pour moi,pour le bien du public. 6+6 a
55 Vivez, prince, et passezdans la paix, dans la guerre, 6+6 b
Surtout dans les plaisirs,tous les ic de la terre, 6+6 b
Théodoric, Ulric,Genseric, Alaric, 6+6 a
Dont aucun ne vous vaut,selon mon pronostic. 6+6 a
Mais lorsque vous aurez,de victoire en victoire, 6+6 b
60 Augmenté vos états,ainsi que votre gloire, 6+6 b
Daignez vous souvenirque ma tremblante voix, 6+6 a
En chantant vos vertus,présagea vos exploits. 6+6 a
Songez bien qu'en dépitde la grandeur suprême, 6+6 b
Votre main mille foism'écrivait : je vous aime. 6+6 b
65 Adieu, grand politique,et rapide vainqueur ! 6+6 a
Trente états subjuguésne valent point un cœur. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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