Métrique en Ligne
VOL_2/VOL39
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
La Pucelle d'Orléans
1752
CHANT XVIII.
Argument
Disgrâce de Charles et de sa troupe dorée.
Je ne connais dans l'histoire du monde 4+6 a
Aucun héros, aucun homme de bien, 4+6 b
Aucun prophète, aucun parfait chrétien, 4+6 b
Qui n'ait été la dupe d'un vaurien, 4+6 b
5 Ou des jaloux, ou de l'esprit immonde. 4+6 a
La Providence en tout temps éprouva 4+6 a
Mon bon roi Charle avec mainte détresse. 4+6 b
Dès son berceau fort mal on l'éleva ; 4+6 a
Le Bourguignon poursuivit sa jeunesse ; 4+6 b
10 De tous ses droits son père le priva ; 4+6 a
Le parlement de Paris près Gonesse, 4+6 b
Tuteur des rois, son pupille ajourna ; 4+6 a
De ses beaux lis un chef anglais s'orna ; 4+6 c
Il fut errant, manqua souvent de messe 4+6 b
15 Et de dîner ; rarement séjourna 4+6 c
En même lieu. Mère, oncle, ami, maîtresse, 4+6 a
Tout le trahit ou tout l'abandonna. 4+6 b
Un page anglais partagea la tendresse 4+6 a
De son Agnès ; et l'enfer déchaîna 4+6 b
20 Hermaphrodix, qui par magique adresse 4+6 a
Pour quelque temps la tête lui tourna. 4+6 b
Il essuya des traits de toute espèce ; 4+6 a
Il les souffrit, et Dieu lui pardonna. 4+6 b
De nos amants la troupe fière et leste 4+6 a
25 S'acheminait loin du château funeste 4+6 a
Où Belzébut dérangea le cerveau 4+6 a
Des chevaliers, d'Agnès, et de Bonneau. 4+6 a
Ils côtoyaient la forêt vaste et sombre 4+6 a
Qui d'Orléans porte aujourd'hui le nom. 4+6 b
30 A peine encor l'épouse de Tithon 4+6 b
En se levant mêlait le jour à l'ombre. 4+6 a
On aperçut de loin des hoquetons, 4+6 a
Au rond bonnet, aux écourtés jupons ; 4+6 a
Leur corselet paraissait mi-partie 4+6 a
35 De fleurs de lis et de trois léopards. 4+6 b
Le roi fit halte, en fixant ses regards 4+6 b
Sur la cohorte en la forêt blottie. 4+6 a
Dunois et Jeanne avancent quelques pas. 4+6 a
La tendre Agnès, étendant ses beaux bras, 4+6 a
40 Dit à son Charle : « Allons, fuyons, mon maître, » 4+6 a
Jeanne en courant s'approcha, vit paraître 4+6 a
Des malheureux deux à deux enchaînés, 4+6 a
Les yeux en terre, et les fronts consternés. 4+6 a
« Hélas ! ce sont des chevaliers, dit-elle, 4+6 a
45 Qui sont captifs ; et c'est notre devoir 4+6 b
De délivrer cette troupe fidèle. 4+6 a
Allons, bâtard, allons et faisons voir 4+6 b
Ce qu'est Dunois et ce qu'est la Pucelle. » 4+6 a
Lance en arrêt, ils fondent à ces mots 4+6 a
50 Sur les soldats qui gardaient ces héros. 4+6 a
Au fier aspect de la puissante Jeanne 4+6 a
Et de Dunois, et plus encor de l'âne, 4+6 a
D'un pas léger ces prétendus guerriers 4+6 a
S'en vont au loin comme des lévriers. 4+6 a
55 Jeanne aussitôt, de plaisir transportée, 4+6 a
Complimenta la troupe garrottée. 4+6 a
« Beaux chevaliers, que l'Anglais mit aux fers, 4+6 a
Remerciez le roi qui vous délivre ; 4+6 b
Baisez sa main, soyez prêts à le suivre, 4+6 b
60 Et vengeons-nous de ces Anglais pervers. » 4+6 a
Les chevaliers, à cette offre courtoise, 4+6 a
Montraient encore une face sournoise, 4+6 a
Baissaient les yeux… Lecteurs impatients, 4+6 a
Vous demandez qui sont ces personnages 4+6 b
65 Dont la Pucelle animait les courages. 4+6 b
Ces chevaliers étaient des garnements 4+6 a
Qui, dans Paris payés pour leur mérite, 4+6 c
Allaient ramer sur le dos d'Amphitrite ; 4+6 c
On les connut à leurs accoutrements. 4+6 a
70 En les voyant le bon Charles soupire : 4+6 a
« Hélas ! dit-il, ces objets dans mon cœur 4+6 b
Ont enfoncé les traits de la douleur. 4+6 b
Quoi ! les Anglais règnent dans mon empire ! 4+6 a
C'est en leur nom que l'on rend des arrêts ! 4+6 a
75 C'est pour eux seuls que l'on dit des prières ! 4+6 b
C'est de leur part, hélas ! que mes sujets 4+6 a
Sont de Paris envoyés aux galères !… » 4+6 b
Puis le bon prince avec compassion 4+6 a
Daigne approcher du maître compagnon 4+6 a
80 Qui de la file était mis à la tête. 4+6 b
Nul malandrin n'eut l'air plus malhonnête ; 4+6 b
Sa barbe torse ombrage un long menton ; 4+6 a
Ses yeux tournés, plus menteurs que sa bouche, 4+6 a
Portent en bas un regard double et louche ; 4+6 a
85 Ses sourcils roux, mélangés et retors, 4+6 a
Semblent loger la fraude et l'imposture ; 4+6 b
Sur son front large est l'audace et l'injure, 4+6 b
L'oubli des lois, le mépris des remords ; 4+6 a
Sa bouche écume, et sa dent toujours grince. 4+6 a
90 Le sycophante, à l'aspect de son prince, 4+6 a
Affecte un air humble, dévot, contrit, 4+6 a
Baisse les yeux, compose et radoucit 4+6 a
Les traits hagards de son affreux visage. 4+6 a
Tel est un dogue au regard impudent, 4+6 b
95 Au gosier rauque, affamé de carnage ; 4+6 a
Il voit son maître, il rampe doucement, 4+6 b
Lèche ses mains, le flatte en son langage, 4+6 a
Et pour du pain devient un vrai mouton. 4+6 a
Ou tel encore on nous peint le démon. 4+6 a
100 Qui, s'échappant des gouffres du Tartare, 4+6 a
Cache sa queue et sa griffe barbare, 4+6 a
Vient parmi nous, prend la mine et le ton, 4+6 a
Le front tondu d'un jeune anachorète, 4+6 b
Pour mieux tenter sœur Rose ou sœur Discrète. 4+6 b
105 Le roi des Francs, trompé par le félon, 4+6 a
Lui témoigna commisération, 4+6 a
L'encouragea par un discours affable : 4+6 b
« Dis-moi quel est ton métier, pauvre diable, 4+6 b
Ton nom, ta place, et pour quelle action 4+6 a
110 Le Châtelet, avec tant d'indulgence, 4+6 a
Te fait ramer sur les mers de Provence. » 4+6 a
Le condamné, d'un ton de doléance, 4+6 a
Lui répondit : « O monarque trop bon ! 4+6 a
Je suis de Nante, et mon nom est Frélon. 4+6 a
115 J'aime Jésus d'un feu pur et sincère ; 4+6 a
Dans un couvent je fus quelque temps frère ; 4+6 a
J'en ai les mœurs ; et j'eus dans tous les temps 4+6 a
Un très-grand soin du salut des enfants. 4+6 a
A la vertu je consacrai ma vie. 4+6 b
120 Sous les charniers qu'on dit des Innocents, 4+6 a
Paris m'a vu travailler de génie ; 4+6 b
J'ai vendu cher mes feuilles à Lambert ; 4+6 a
Je suis connu dans la place Maubert ; 4+6 a
C'est là surtout qu'on m'a rendu justice. 4+6 a
125 Des indévots quelquefois par malice 4+6 a
M'ont reproché les faiblesses du froc, 4+6 a
Celles du monde et quelques tours d'escroc ; 4+6 a
Mais j'ai pour moi ma bonne conscience. » 4+6 a
Ce bon propos toucha le roi de France. 4+6 a
130 « Console-toi, dit-il, et ne crains rien. 4+6 a
Dis-moi, l'ami, si chaque camarade 4+6 b
Qui vers Marseille allait en ambassade 4+6 b
Ainsi que toi fut un homme de bien. 4+6 a
— Ah ! dit Frélon, sur ma foi de chrétien, 4+6 a
135 Je réponds d'eux ainsi que de moi-même : 4+6 a
Nous sommes tous en un moule jetés. 4+6 b
L'abbé Coyon, qui marche à mes côtés, 4+6 b
Quoi qu'on en dise, est bien digne qu'on l'aime ; 4+6 a
Point étourdi, point brouillon, point menteur, 4+6 a
140 Jamais méchant ni calomniateur. 4+6 a
Maître Chaumé, dessous sa mine basse, 4+6 a
Porte un cœur haut, plein d'une sainte audace ; 4+6 a
Pour sa doctrine il se ferait fesser. 4+6 a
Maître Gauchat pourrait embarrasser 4+6 a
145 Tous les rabbins sur le texte et la glose. 4+6 a
Voyez plus loin cet avocat sans cause ; 4+6 a
Il a quitté le barreau pour le ciel. 4+6 a
Ce Sabotiers est tout pétri de miel. 4+6 a
Ah ! l'esprit fin ! le bon cœur ! le saint prêtre ! 4+6 a
150 Il est bien vrai qu'il a trahi son maître, 4+6 a
Mais sans malice et pour très-peu d'argent ; 4+6 a
Il s'est vendu, mais c'est au plus offrant. 4+6 a
Il trafiquait comme moi de libelles : 4+6 b
Est-ce un grand mal ? on vit de son talent. 4+6 a
155 Employez-nous ; nous vous serons fidèles. 4+6 b
En ce temps-ci la gloire et les lauriers 4+6 a
Sont dévolus aux auteurs des charniers. 4+6 a
Nos grands succès ont excité l'envie ; 4+6 a
Tel est le sort des auteurs, des héros, 4+6 b
160 Des grands esprits, et surtout des dévots : 4+6 b
Car la vertu fut toujours poursuivie. 4+6 a
O mon bon roi ! qui le sait mieux que vous ? » 4+6 a
Comme il parlait sur ce ton tendre et doux, 4+6 a
Charle aperçut deux tristes personnages, 4+6 a
165 Qui des deux mains cachaient leurs gros visages. 4+6 a
« Qui sont, dit-il, ces deux rameurs honteux ? » 4+6 a
— Vous voyez là, reprit l'homme aux semaines, 4+6 b
Les plus discrets et les plus vertueux 4+6 a
De ceux qui vont sur les liquides plaines. 4+6 b
170 L'un est Fantin, prédicateur des grands, 4+6 a
Humble avec eux, aux petits débonnaire : 4+6 b
Sa piété ménagea les vivants ; 4+6 a
Et, pour cacher le bien qu'il savait faire, 4+6 b
Il confessait et volait les mourants. 4+6 a
175 L'autre est Brizet, directeur de nonnettes, 4+6 a
Peu soucieux de leurs faveurs secrètes, 4+6 a
Mais s'appliquant sagement les dépôts, 4+6 a
Le tout pour Dieu. Son âme pure et sainte 4+6 b
Méprisait l'or ; mais il était en crainte 4+6 b
180 Qu'il ne tombât aux mains des indévots. 4+6 a
Pour le dernier de la noble séquelle, 4+6 a
C'est mon soutien, c'est mon cher La Beaumelle, 4+6 a
De dix gredins qui m'ont vendu leur voix, 4+6 b
C'est le plus bas, mais c'est le plus fidèle ; 4+6 a
185 Esprit distrait, on prétend que parfois, 4+6 b
Tout occupé de ses œuvres chrétiennes, 4+6 a
Il prend d'autrui les poches pour les siennes. 4+6 a
Il est d'ailleurs si sage en ses écrits ! 4+6 a
Il sait combien, pour les faibles esprits, 4+6 a
190 La vérité souvent est dangereuse ; 4+6 a
Qu'aux yeux des sots sa lumière est trompeuse, 4+6 a
Qu'on en abuse ; et ce discret auteur, 4+6 a
Qui toujours d'elle eut une sage peur, 4+6 a
A résolu de ne la jamais dire. 4+6 a
195 Moi, je la dis à Votre Majesté ; 4+6 b
Je vois en vous un héros que j'admire, 4+6 a
Et je l'apprends à la postérité. 4+6 b
Favorisez ceux que la calomnie 4+6 c
Voulut noircir de son souffle empesté ; 4+6 b
200 Sauvez les bons des filets de l'impie ; 4+6 c
Délivrez-nous, vengez-nous, payez-nous : 4+6 a
Foi de Frélon, nous écrirons pour vous. » 4+6 a
Alors il fit un discours pathétique 4+6 a
Contre l'Anglais et pour la loi salique, 4+6 a
205 Et démontra que bientôt sans combat 4+6 a
Avec sa plume il défendrait l'État. 4+6 a
Charle admira sa profonde doctrine ; 4+6 a
Il fit à tous une charmante mine, 4+6 a
Les assurant avec compassion 4+6 a
210 Qu'il les prenait sous sa protection. 4+6 a
La belle Agnès, présente à l'entrevue, 4+6 a
S'attendrissait, se sentait tout émue. 4+6 a
Son cœur est bon : femme qui fait l'amour 4+6 a
A la douceur est toujours plus encline 4+6 b
215 Que femme prude ou bien femme héroïne. 4+6 b
« Mon roi, dit-elle, avouez que ce jour 4+6 a
Est fortuné pour cette pauvre race. 4+6 a
Puisque ces gens contemplent votre face, 4+6 a
Ils sont heureux, leurs fers seront brisés : 4+6 b
220 Votre visage est visage de grâce. 4+6 a
Les gens de loi sont des gens bien osés 4+6 b
D'instrumenter au nom d'un autre maître ! 4+6 c
C'est mon amant qu'on doit seul reconnaître ; 4+6 c
Ce sont pédants en juges déguisés. 4+6 b
225 Je les ai tus, ces héros d'écritoire, 4+6 a
De nos bons rois ces tuteurs prétendus, 4+6 b
Bourgeois altiers, tyrans en robe noire, 4+6 a
A leur pupille ôter ses revenus, 4+6 b
Par-devant eux le citer en personne, 4+6 a
230 Et gravement confisquer sa couronne. 4+6 a
Les gens de bien qui sont à vos genoux 4+6 a
Par leurs arrêts sont traités comme vous ; 4+6 a
Protégez-les, vos causes sont communes : 4+6 a
Proscrit comme eux, vengez leurs infortunes. » 4+6 a
235 De ce discours le roi fut très-touché : 4+6 a
Vers la clémence il a toujours penché. 4+6 a
Jeanne, dont l'âme est d'espèce moins tendre, 4+6 a
Soutint au roi qu'il les fallait tous pendre ; 4+6 a
Que les Frélons, et gens de ce métier, 4+6 a
240 N'étaient tous bons qu'à garnir un poirier. 4+6 a
Le grand Dunois, plus profond et plus sage, 4+6 a
En bon guerrier tint un autre langage. 4+6 a
« Souvent, dit-il, nous manquons de soldats ; 4+6 a
Il faut des dos, des jambes, et des bras. 4+6 a
245 Ces gens en ont ; et dans nos aventures, 4+6 b
Dans les assauts, les marches, les combats, 4+6 a
Nous pouvons bien nous passer d'écritures. 4+6 b
Enrôlons-les ; mettons-leur dès demain, 4+6 a
Au lieu de rame, un mousquet à la main. 4+6 a
250 Ils barbouillaient du papier dans les villes ; 4+6 a
Qu'aux champs de Mars ils deviennent utiles. » 4+6 a
Du grand Dunois le roi goûta l'avis. 4+6 a
A ses genoux ces bonnes gens tombèrent 4+6 b
En soupirant, et de pleurs les baignèrent. 4+6 b
255 On les mena sous l'auvent d'un logis 4+6 a
Où Charle, Agnès, et la troupe dorée, 4+6 a
Après dîner passèrent la soirée. 4+6 a
Agnès eut soin que l'intendant Bonneau 4+6 b
Fît bien manger la troupe délivrée ; 4+6 a
260 On leur donna les restes du serdeau. 4+6 b
Charle et les siens assez gaiement soupèrent, 4+6 a
Et puis Agnès et Charle se couchèrent. 4+6 a
En s'éveillant chacun fut bien surpris 4+6 a
De se trouver sans manteau, sans habits. 4+6 a
265 Agnès en vain cherche ses engageantes, 4+6 a
Son beau collier de perles jaunissantes, 4+6 a
Et le portrait de son royal amant. 4+6 a
Le gros Bonneau, qui gardait tout l'argent 4+6 a
Bien enfermé dans une bourse mince, 4+6 a
270 Ne trouve plus le trésor de son prince. 4+6 a
Linge, vaisselle, habits, tout est troussé, 4+6 a
Tout est parti. La horde griffonnante, 4+6 b
Sous le drapeau du gazetier de Nante, 4+6 b
D'une main prompte et d'un zèle empressé, 4+6 a
275 Pendant la nuit avait débarrassé 4+6 a
Notre bon roi de son leste équipage. 4+6 b
Ils prétendaient que pour de vrais guerriers, 4+6 a
Selon Platon, le luxe est peu d'usage. 4+6 b
Puis s'esquivant par de petits sentiers, 4+6 a
280 Au cabaret la proie ils partagèrent. 4+6 a
Là par écrit doctement ils couchèrent 4+6 a
Un beau traité, bien moral, bien chrétien, 4+6 a
Sur le mépris des plaisirs et du bien. 4+6 a
On y prouva que les hommes sont frères, 4+6 a
285 Nés tous égaux, devant tous partager 4+6 b
Les dons de Dieu, les humaines misères, 4+6 a
Vivre en commun pour se mieux soulager. 4+6 b
Ce livre saint, mis depuis en lumière, 4+6 a
Fut enrichi d'un docte commentaire 4+6 a
290 Pour diriger et l'esprit et le cœur, 4+6 a
Avec préface et l'avis au lecteur. 4+6 a
Du clément roi la maison consternée 4+6 a
Est cependant au trouble abandonnée ; 4+6 a
On court en vain dans les champs, dans les bois. 4+6 a
295 Ainsi jadis on vit le bon Phinée, 4+6 b
Prince de Thrace, et le pieux Phinée, 4+6 b
Tout effarés et de frayeur pantois, 4+6 a
Quand à leur nez les gloutonnes harpies, 4+6 c
Juste à midi de leurs antres sorties, 4+6 c
300 Vinrent manger le dîner de ces rois. 4+6 a
Agnès timide, et Dorothée en larmes, 4+6 a
Ne savent plus comment couvrir leurs charmes ; 4+6 a
Le bon Bonneau, fidèle trésorier, 4+6 a
Les faisait rire à force de crier. 4+6 a
305 « Ah ! disait-il, jamais pareille perte 4+6 a
Dans nos combats ne fut par nous soufferte. 4+6 a
Ah ! j'en mourrai ; les fripons m'ont tout pris. 4+6 a
Le roi mon maître est trop bon, quand j'y pense ; 4+6 b
Voilà le prix de son trop d'indulgence, 4+6 b
310 Et ce qu'on gagne avec les beaux esprits. » 4+6 a
La douce Agnès, Agnès compatissante, 4+6 a
Toujours accorte et toujours bien disante, 4+6 a
Lui répliqua : « Mon cher et gros Bonneau, 4+6 a
Pour Dieu, gardez qu'une telle aventure 4+6 b
315 Ne vous inspire un dégoût tout nouveau 4+6 a
Pour les auteurs et la littérature. 4+6 b
Car j'ai connu de très-bons écrivains, 4+6 a
Ayant le cœur aussi pur que les mains, 4+6 a
Sans le voler aimant le roi leur maître, 4+6 a
320 Faisant du bien sans chercher à paraître, 4+6 a
Parlant en prose, en vers mélodieux, 4+6 a
De la vertu, mais la pratiquant mieux ; 4+6 a
Le bien public est le fruit de leurs veilles ; 4+6 a
Le doux plaisir, déguisant leurs leçons, 4+6 b
325 Touche les cœurs en charmant les oreilles ; 4+6 a
On les chérit ; et, s'il est des frelons 4+6 b
Dans notre siècle, on trouve des abeilles. » 4+6 a
Bonneau reprit : « Eh ! que m'importe, hélas ! 4+6 a
Frelon, abeille, et tout ce vain fatras ? 4+6 a
330 Il faut dîner, et ma bourse est perdue. » 4+6 a
On le console ; et chacun s'évertue, 4+6 a
En vrais héros endurcis aux revers, 4+6 a
A réparer les dommages soufferts. 4+6 a
On s'achemine aussitôt vers la ville, 4+6 a
335 Vers ce château, le noble et sûr asile 4+6 a
Du grand roi Charle et de ses paladins, 4+6 a
Garni de tout, et fourni de bons vins. 4+6 a
Nos chevaliers à moitié s'équipèrent, 4+6 a
Fort simplement les dames s'ajustèrent. 4+6 a
340 On arriva mal en point, harassé, 4+6 a
Un pied tout nu, l'autre à demi chaussé. 4+6 a
mètre profil métrique : 4+6
forme globale type : suite de strophes
logo du CRISCO logo de l'université