Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
VOL_2/VOL37
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
La Pucelle d'Orléans
1752
CHANT XVI.
Argument
Comment saint Pierre apaisa saint George et saint Denys, et comment il promit un beau prix à celui des deux qui lui apporterait la meilleure ode. Mort de la belle Rosamore.
Palais des cieux,ouvrez-vous à ma voix. 4+6 a
Êtres brillantsaux six ailes légères, 4+6 b
Dieux emplumés,dont les mains tutélaires 4+6 b
Font les destinsdes peuples et des rois ! 4+6 a
5 Vous qui cachez,en étendant vos ailes, 4+6 d
Des derniers cieuxles splendeurs éternelles, 4+6 d
Daignez un peuvous ranger de côté : 4+6 e
Laissez-moi voir,en cette horrible affaire, 4+6 f
Ce qui se passeau fond du sanctuaire ; 4+6 f
10 Et pardonnezma curiosité. 4+6 e
 Cette prièreest de l'abbé Trithème, 4+6 g
Non pas de moi ;car mon œil effronté 4+6 e
Ne peut percerjusqu'à la cour suprême ; 4+6 g
Je n'aurais pastant de témérité. 4+6 e
15  Le dur saint Georgeet Denys notre apôtre 4+6 h
Étaient au cielenfermés l'un et l'autre ; 4+6 h
Ils voyaient tout ;mais ils ne pouvaient pas 4+6 i
Prêter leurs mainsaux terrestres combats ; 4+6 i
Ils cabalaient :c'est tout ce qu'on peut faire 4+6 f
20 Et ce qu'on faitquand on est à la cour. 4+6 j
George et Denyss'adressent tour à tour 4+6 j
Dans l'empyréeau bon monsieur saint Pierre. 4+6 f
 Ce grand portier,dont le pape est vicaire, 4+6 f
Dans ses filetsenveloppant le sort, 4+6 k
25 Sous ses deux clefstient la vie et la mort. 4+6 k
Pierre leur dit :« Vous avez pu conntre, 4+6 l
Mes chers amis,quel affront je reçus 4+6 m
Quand je remisune oreille à Malchus. 4+6 m
Je me souviensde l'ordre de mon mtre ; 4+6 l
30 Il fit rentrermon fer dans son fourreau : 4+6 n
Il m'a privédu droit brillant des armes ; 4+6 o
Mais j'imagineun moyen tout nouveau 4+6 n
Pour déciderde vos grandes alarmes. 4+6 o
 « Vous, saint Denys,prenez dans ce canton 4+6 p
35 Les plus grands saintsqu'ait vus ntre la France ; 4+6 q
Vous, monsieur George,allez en diligence 4+6 q
Prendre les saintsde l'île d'Albion. 4+6 p
Que chaque troupeen ce moment compose 4+6 r
Un hymne en vers,non pas une ode en prose. 4+6 r
40 Houdart a tort ;il faut dans ces hauts lieux 4+6 s
Parler toujoursle langage des dieux ; 4+6 s
Qu'on fasse, dis-je,une ode pindarique 4+6 t
le poèteexalte mes vertus, 4+6 m
Ma primauté,mes droits, mes attributs, 4+6 m
45 Et que le toutsoit mis vite en musique : 4+6 t
Chez les mortels,il faut toujours du temps 4+6 u
Pour rimaillerdes vers assez méchants ; 4+6 u
On va plus viteau séjour de la gloire. 4+6 v
Allez, vous dis-je,exercez vos talents ; 4+6 u
50 La meilleure odeobtiendra la victoire, 4+6 v
Et vous ferezle sort des combattants. » 4+6 u
 Ainsi parla,du plus haut de son trône, 4+6 w
Aux deux rivauxl'infaillible Barjone ; 4+6 w
Cela fut diten deux mots tout au plus, 4+6 m
55 Le laconismeest langue des élus. 4+6 m
En un clin d'œil,les deux rivaux célestes, 4+6 y
Pour terminerleurs querelles funestes, 4+6 y
Vont assemblerles saints de leur pays 4+6 z
Qui sur la terreont été beaux esprits. 4+6 z
60  Le bon patronqu'on révère à Paris 4+6 z
Fit aussitôtseoir à sa table ronde 4+6 a
Saint Fortunat,peu connu dans le monde, 4+6 a
Et qui passaitpour l'auteur du Pange ; 4+6 e
Et saint Prosper,d'épithètes chargé, 4+6 e
65 Quoique un peu duret qu'un peu janséniste. 4+6 b
Il mit aussiGrégoire dans sa liste, 4+6 b
Le grand Grégoire,évêque tourangeau, 4+6 n
Cher au paysqui vit ntre Bonneau ; 4+6 n
 Et saint Bernardfameux par l'antithèse, 4+6 c
70 Qui dans son tempsn'avait pas son pareil ; 4+6 d
Et d'autres saintspour servir de conseil : 4+6 d
Sans prendre avis,il est rare qu'on plaise. 4+6 c
 George, en voyanttous ces soins de Denys, 4+6 z
Le regardaitd'un dédaigneux souris ; 4+6 z
75 Il avisadans le sacré pourpris 4+6 z
Un saint Austin,prêcheur de l'Angleterre, 4+6 f
Puis en ces motsil lui dit son avis : 4+6 z
 « Bonhomme Austin,je suis né pour la guerre, 4+6 f
Non pour les versdont je fais peu de cas ; 4+6 i
80 Je sais brandirmon large cimeterre, 4+6 f
Pourfendre un buste,et casser tête et bras ; 4+6 i
Tu sais rimer :travaille, versifie, 4+6 e
Soutiens en versl'honneur de la patrie. 4+6 e
Un seul Anglais,dans les champs de la mort, 4+6 k
85 De trois Françaistriomphe sans effort. 4+6 k
Nous avons vudevers la Normandie, 4+6 e
Dans le Haut-Maine,en Guienne, en Picardie, 4+6 e
Ces beaux messieursaisément mis à bas ; 4+6 i
Si pour frappernous avons meilleurs bras, 4+6 i
90 Crois, en fait d'hymne,et d'ode et d'œuvre telle, 4+6 f
Quand il s'agitde penser, de rimer, 4+6 e
Que nous avonsnon moins bonne cervelle. 4+6 f
Travaille, Austin,cours en vers t'escrimer : 4+6 e
Je veux que Londreait à jamais l'empire 4+6 g
95 Dans les deux artsde bien faire et bien dire. 4+6 g
Denys ameuteun tas de rimailleurs 4+6 h
Qui tous ensembleont très-peu de génie ; 4+6 e
Travaille seul :tu sais tes vieux auteurs ; 4+6 h
Courage ! allons,prends ta harpe bénie, 4+6 e
100 Et moque-toide ton académie. » 4+6 e
 Le bon Austin,de cet emploi chargé, 4+6 e
Le remercieen auteur protégé. 4+6 e
Denys et lui,dans un réduit commode, 4+6 i
Vont se tapir,et chacun fit son ode. 4+6 i
105 Quand tout fut fait,les brûlants séraphins, 4+6 j
Les gros joufflus,têtes de chérubins, 4+6 j
Près de Barjoneen deux rangs se perchèrent ; 4+6 k
Au-dessous d'euxles anges se nichèrent ; 4+6 k
Et tous les saints,soigneux de s'arranger, 4+6 e
110 Sur des gradinss'assirent pour juger. 4+6 e
 Austin commence :il chantait les prodiges 4+6 l
Qui de l'Égypteendurcirent les cœurs ; 4+6 h
Ce grand Moïse,et ses imitateurs 4+6 h
Qui l'égalaientdans ses divins prestiges : 4+6 l
115 Les flots du Nil,jadis si bienfaisants, 4+6 u
D'un sang affreuxdans leur course écumants ; 4+6 u
Du noir limonles venimeux reptiles 4+6 m
Changés en verge,et la verge en serpents ; 4+6 u
Le jour en nuit ;les déserts et les villes, 4+6 m
120 De moucherons,de vermine couverts ; 4+6 n
La rogne aux os,la foudre dans les airs ; 4+6 n
Les premiers-nésd'une race rebelle 4+6 f
Tous égorgéspar l'ange du Seigneur ; 4+6 o
L'Égypte en deuil,et le peuple fidèle 4+6 f
125 De ses patronsemportant la vaisselle, 4+6 f
Et par le volméritant son bonheur ; 4+6 o
Ce peuple errantpendant quarante années ; 4+6 p
Vingt mille Juifségorgés pour un veau ; 4+6 n
Vingt mille encoreenvoyés au tombeau 4+6 n
130 Pour avoir eudes amours fortunées ; 4+6 p
Et puis Aod,ce Ravaillac hébreu, 4+6 q
Assassinantson mtre au nom de Dieu ; 4+6 q
Et Samuel,qui d'une main divine 4+6 r
Prend sur l'autelun couteau de cuisine, 4+6 r
135 Et bravementmet Agag en hachis, 4+6 z
Car cet Agagétait incirconcis ; 4+6 z
Puis la beautéqui, sauvant Béthulie, 4+6 e
Si purementde son corps fit folie ; 4+6 e
Le bon Basaqui massacra Nadad ; 4+6 s
140 Et puis Achabmourant comme un impie, 4+6 e
Pour n'avoir paségorgé Benhadad ; 4+6 s
Le roi Joasmeurtri par Jozabad, 4+6 s
Fils d'Atrobad ;et la reine Athalie, 4+6 e
Si méchammentmise à mort par Joad. 4+6 s
145  Longuette futla triste litanie ; 4+6 e
Ces beaux récitsétaient entrelacés 4+6 t
De ces grands traitssi chers aux temps passés. 4+6 t
On y voyaitle soleil se dissoudre, 4+6 u
La mer fuyant,la lune mise en poudre, 4+6 u
150 Le monde en feuqui toujours tressaillait ; 4+6 v
Dieu qui cent foisen fureur s'éveillait ; 4+6 v
Des flots de sang,des tombeaux, des ruines ; 4+6 w
Et cependantprès des eaux argentines 4+6 w
Le lait coulaitsous de verts oliviers ; 4+6 t
155 Les monts sautaienttout comme des béliers, 4+6 t
Et les bélierstout comme des collines. 4+6 w
Le bon Austincélébrait le Seigneur, 4+6 o
Qui menaçaitle Chaldéen vainqueur, 4+6 o
Et qui laissaitson peuple en esclavage ; 4+6 x
160 Mais des lionsbrisant toujours les dents, 4+6 u
Sous ses deux piedsécrasant les serpents, 4+6 u
Parlant au Nil,et suspendant la rage 4+6 x
Des basilicset des léviathans. 4+6 u
Austin finit.Sa pindarique ivresse 4+6 c
165 Fit éleverparmi les bienheureux 4+6 s
un bruit confus,un murmure douteux, 4+6 s
Qui n'était pasen faveur de la pièce. 4+6 c
 Denys se lève ;et baissant ses doux yeux, 4+6 s
Puis les levantavec un air modeste, 4+6 y
170 Il salual'auditoire céleste, 4+6 y
Parut surprisde leurs traits radieux ; 4+6 s
Et finementsa pudeur semblait dire : 4+6 g
« Encouragezcelui qui vous admire. » 4+6 g
Il saluatrois fois très-humblement 4+6 z
175 Les conseillers,le premier président ; 4+6 z
Puis il chantad'une voix douce et tendre 4+6 a
Cet hymne adroitque vous allez entendre : 4+6 a
 « O Pierre ! O Pierre !ô toi sur qui Jésus 4+6 m
Daigna fonderson Église immortelle, 4+6 f
180 Portier des cieux,pasteur de tout fidèle, 4+6 f
Mtre des roisà tes pieds confondus, 4+6 m
Docteur divin,prêtre saint, tendre père, 4+6 f
Auguste appuide nos rois très-chrétiens, 4+6 j
Étends sur euxta faveur salutaire ; 4+6 f
185 Leurs droits sont purs,et ces droits sont les tiens. 4+6 j
Le pape à Romeest mtre des couronnes, 4+6 b
Aucun n'en doute ;et si ton lieutenant 4+6 z
A qui lui pltfait ce petit présent, 4+6 z
C'est en ton nom,car c'est toi qui les donnes. 4+6 b
190 Hélas ! hélas !nos gens de parlement 4+6 z
Ont banni Charle ;ils ont impudemment 4+6 z
Mis sur le trôneune race étrangère ; 4+6 f
On ôte au filsl'héritage du père. 4+6 f
Divin portier,oppose tes bienfaits 4+6 c
195 A cette audace,à dix ans de misère ; 4+6 f
Rends-nous les clefsde la cour du palais. » 4+6 c
 C'est sur ce tonque saint Denys prélude ; 4+6 d
Puis il s'arrête :il lit avec étude 4+6 d
Du coin de l'œildans les yeux de Céphas, 4+6 i
200 En affectantun secret embarras. 4+6 i
Céphas contentfit voir sur son visage 4+6 x
De l'amour-propreun secret témoignage, 4+6 x
Et rassurantles esprits interdits 4+6 z
Du chantre habile,il dit dans son langage : 4+6 x
205 « Cela va bien ;continuez, Denys. » 4+6 z
 L'humble Denysrepart avec prudence : 4+6 q
« Mon adversairea pu charmer les cieux ; 4+6 s
Il a chantéle Dieu de la vengeance, 4+6 q
Je vais bénirle Dieu de la clémence : 4+6 q
210 Haïr est bon,mais aimer vaut bien mieux. » 4+6 s
 Denys alorsd'une voix assurée 4+6 e
En vers heureuxchanta le bon berger 4+6 e
Qui va cherchantsa brebis égarée, 4+6 e
Et sur son dosse plt à la charger ; 4+6 e
215 Le bon fermier,dont la main libérale 4+6 f
Daigne payerl'ouvrier négligent 4+6 z
Qui vient trop tard,afin que diligent 4+6 z
Il vienne ouvrerdès l'aube matinale ; 4+6 f
Le bon patronqui, n'ayant que cinq pains 4+6 j
220 Et trois poissons,nourrit cinq mille humains ; 4+6 j
Le bon prophète,encor plus doux qu'austère, 4+6 f
Qui donne grâceà la femme adultère, 4+6 f
A Magdeleine,et permet que ses pieds 4+6 t
Soient gentimentpar la belle essuyés. 4+6 t
225 Par MagdeleineAgnès est figurée. 4+6 e
Denys a prisce délicat détour ; 4+6 j
Il réussit :la grand'chambre éthérée 4+6 e
Sentit le trait,et pardonna l'amour. 4+6 j
Du doux Denysl'ode fut bien reçue ; 4+6 g
230 Elle eut le prix,elle eut toutes les voix. 4+6 a
Du saint Anglaisl'audace fut déçue ; 4+6 g
Austin rougit,il fuit en tapinois ; 4+6 a
Chacun en rit,le paradis le hue. 4+6 g
Tel fut huédans les murs de Paris 4+6 z
235 Un pédant sec,à face de Thersite, 4+6 h
Vit délateur,insolent hypocrite, 4+6 h
Qui fut payéde haine et de mépris, 4+6 z
Quand il osadans ses phrases vulgaires 4+6 b
Flétrir les artset condamner nos frères. 4+6 b
240  Pierre à Denysdonna deux beaux agnus ; 4+6 m
Denys les baise,et soudain l'on ordonne, 4+6 w
Par un arrêtsigné de douze élus, 4+6 m
Qu'en ce grand jourles Anglais soient vaincus 4+6 m
Par les Françaiset par Charle en personne. 4+6 w
245  En ce momentla barroise amazone 4+6 w
Vit dans les airs,dans un nuage épais, 4+6 c
De son grisonla figure et les traits ; 4+6 c
Comme un soleil,dont souvent un nuage 4+6 x
Reçoit l'empreinteet réfléchit l'image. 4+6 x
250 Elle cria :« Ce jour est glorieux ; 4+6 s
Tout est pour nous,mon âne est dans les cieux. » 4+6 s
Bedfort, surprisde ce prodige horrible, 4+6 i
Déjà s'arrêteet n'est plus invincible. 4+6 i
Il lit au ciel,d'un regard consterné, 4+6 e
255 Que de saint Georgeil est abandonné. 4+6 e
L'Anglais surpris,croyant voir une armée, 4+6 e
Descend soudainde la ville alarmée ; 4+6 e
Tous les bourgeois,devenus valeureux, 4+6 s
Les voyant fuir,descendent après eux. 4+6 s
260 Charles plus loin,entouré de carnage, 4+6 x
Jusqu'à leur campse fait un beau passage. 4+6 x
Les assiégeants,à leur tour assiégés, 4+6 t
En tête, en queue,assaillis, égorgés, 4+6 t
Tombent en fouleau bord de leurs tranchées, 4+6 p
265 D'armes, de morts,et de mourants jonchées. 4+6 p
 C'est en ces lieux,c'est dans ce champ mortel 4+6 d
Que tu venaisexercer ta vaillance, 4+6 q
O dur Anglais,ô Christophe Arondel ! 4+6 d
Ton maintien sec,ta froide indifférence, 4+6 q
270 Donnaient du prixà ton courage altier. 4+6 e
Sans dire un mot,ce sourcilleux guerrier 4+6 e
Examinaitcomme on se bat en France : 4+6 q
Et l'on t dit,à son air d'importance, 4+6 q
Qu'il était làpour se désennuyer. 4+6 e
275 Sa Rosamore,à ses pas attachée, 4+6 e
Est comme luide fer enharnachée, 4+6 e
Tel qu'un beau pageou qu'un jeune écuyer : 4+6 e
Son casque est d'or,sa cuirasse est d'acier ; 4+6 e
D'un perroquetla plume panachée 4+6 e
280 Au gré des ventsombrage son cimier. 4+6 e
Car dès ce jour son bras meurtrier 4+6 e
A dans son litdécollé Martinguerre, 4+6 f
Elle se plttout à fait à la guerre. 4+6 f
On croirait voirla superbe Pallas 4+6 i
285 Quittant l'aiguilleet marchant aux combats, 4+6 i
Bradamante,ou bien Jeanne elle-même. 4+6 g
Elle parlaitau voyageur qu'elle aime, 4+6 g
Et lui montraitles plus grands sentiments, 4+6 u
Lorsqu'un démontrop funeste aux amants, 4+6 u
290 Pour leur malheur,vers Arondel attire 4+6 g
Le dur Potonet le jeune La Hire, 4+6 g
Et Richementqui n'a pitié de rien. 4+6 j
Poton, voyantle grave et fier maintien 4+6 j
De notre Anglais,tout indigné s'élance 4+6 q
295 Sur le causeur,et d'un grand coup de lance, 4+6 q
Qui par le flancsort au milieu du dos, 4+6 k
D'un sang trop froidlui fait verser des flots : 4+6 k
Il tombe et meurt ;et la lance cassée 4+6 e
Roule avec luidans son corps enfoncée. 4+6 e
300  A ce spectacle,à ce moment affreux, 4+6 s
On ne vit pointla belle Rosamore 4+6 l
Se renversersur l'amant qu'elle adore, 4+6 l
Ni s'arracherl'or de ses blonds cheveux, 4+6 s
Ni remplir l'airde ses cris douloureux, 4+6 s
305 Ni s'emportercontre la Providence ; 4+6 q
Point de soupirs ;elle cria : « Vengeance ! » 4+6 q
Et dans l'instantque Poton se baissait 4+6 v
En ramassantson fer qui se cassait, 4+6 v
Ce bras tout nu,ce bras dont la puissance 4+6 q
310 Avait d'un coupséparé dans un lit 4+6 m
Un chef grisondu cou d'un vieux bandit, 4+6 m
Tranche à Potonla main trop redoutable, 4+6 n
Cette main droiteà ses yeux si coupable. 4+6 n
Les nerfs cachéssous la peau des cinq doigts 4+6 c
315 Les font mouvoirpour la dernière fois ; 4+6 c
Poton depuisne sut jamais écrire. 4+6 g
 Mais dans l'instantle brave et beau La Hire 4+6 g
Porte au guerrier,du grand Poton vainqueur, 4+6 o
Un coup mortelqui lui perce le cœur. 4+6 o
320 Son casque d'or,que sa chute détache, 4+6 o
Découvre un seinde roses et de lis ; 4+6 z
Son front charmantn'a plus rien qui le cache ; 4+6 o
Ses longs cheveuxtombent sur ses habits ; 4+6 z
Ses grands yeux bleusdans la mort endormis, 4+6 z
325 Tout laisse voirune femme adorable, 4+6 n
Et montre un corpsformé pour les plaisirs. 4+6 p
Le beau La Hireen pousse des soupirs, 4+6 p
Répand des pleurs,et d'un ton lamentable 4+6 n
S'écrie : « O ciel !je suis un meurtrier, 4+6 e
330 Un housard noirplutôt qu'un chevalier ; 4+6 e
Mon cœur, mon bras,mon épée est infâme : 4+6 q
Est-il permisde tuer une dame ? » 4+6 q
Mais Richemont,toujours mauvais plaisant 4+6 z
Et toujours dur,lui dit : « Mon cher La Hire, 4+6 g
335 Va, tes remordsont sur toi trop d'empire ; 4+6 g
C'est une Anglaise,et le mal n'est pas grand ; 4+6 z
Elle n'est paspucelle comme Jeanne. » 4+6 s
 Tandis qu'il tientun discours si profane, 4+6 s
D'un coup de flècheil se sentit blessé : 4+6 e
340 Et devenuplus fier, plus courroucé, 4+6 e
Il rend cent coupsà la troupe bretonne, 4+6 x
Qui comme un flotle presse et l'environne. 4+6 x
La Hire et lui,nobles, bourgeois, soldats, 4+6 i
Portent partoutles efforts de leurs bras : 4+6 i
345 On tue, on tombe,on poursuit, on recule, 4+6 t
De corps sanglantsun monceau s'accumule ; 4+6 t
Et des mourantsl'Anglais fait un rempart. 4+6 u
 Dans cette horribleet sanglante mêlée, 4+6 e
Le roi disaità Dunois : « Cher bâtard, 4+6 u
350 Dis-moi, de grâce, donc est-elle allée ? 4+6 e
— Qui ? » dit Dunois.Le bon roi lui repart : 4+6 u
« Ne sais-tu pasce qu'elle est devenue ? 4+6 g
— Qui donc ? — Hélas !elle était disparue 4+6 g
Hier au soir,avant qu'un heureux sort 4+6 k
355 Nous t conduitsau château de Bedfort ; 4+6 k
Et dans la placeon est entré sans elle. 4+6 f
— Pour la trouver,marchons, » dit la Pucelle. 4+6 f
« Ciel ! dit le roi,qu'elle me soit fidèle ! 4+6 f
Gardez-la-moi.» Pendant ce beau discours, 4+6 w
360 Il avançaitet combattait toujours. 4+6 w
 Bientôt la nuit,couvrant notre hémisphère, 4+6 f
L'enveloppad'un noir et long manteau, 4+6 n
Et mit un termeà ce cours tout nouveau 4+6 n
Des beaux exploitsque Charle t voulu faire. 4+6 f
365  Comme il sortaitde cette grande affaire, 4+6 f
Il entenditqu'on avait le matin 4+6 j
Vu cheminervers la forêt voisine 4+6 r
Quelques tendronsdu genre féminin ; 4+6 j
Une surtout,à la taille divine, 4+6 r
370 Aux grands yeux bleus,au minois enfantin, 4+6 j
Au souris tendre,à la peau de satin, 4+6 j
Que sermonnaitun bon dominicain. 4+6 j
Des écuyersbrillants, à mines fières, 4+6 b
Des chevaliers,sur leurs coursiers fringants, 4+6 u
375 Couverts d'acier,et d'or, et de rubans, 4+6 u
Accompagnaientles belles cavalières. 4+6 b
La troupe erranteavait porté ses pas 4+6 i
Vers un palaisqu'on ne connaissait pas, 4+6 i
Et que jamais,avant cette aventure, 4+6 x
380 On n'avait vudans ces lieux écartés ; 4+6 t
Rien n'égalaitsa bizarre structure. 4+6 x
 Le roi, surprisde tant de nouveautés, 4+6 t
Dit à Bonneau :« Qui m'aime doit me suivre ; 4+6 y
Demain matinje veux au point du jour 4+6 j
385 Revoir l'objetde mon fidèle amour, 4+6 j
Reprendre Agnès,ou bien cesser de vivre. » 4+6 y
Il resta peudans les bras du sommeil ; 4+6 d
Et quand Phosphore,au visage vermeil, 4+6 d
Eut précédéles roses de l'Aurore, 4+6 l
390 Quand dans le cielon attelait encore 4+6 l
Les beaux coursiersque conduit le Soleil, 4+6 d
Le roi, Bonneau,Dunois, et la Pucelle, 4+6 f
Allègrementse remirent en selle, 4+6 f
Pour découvrirce superbe palais. 4+6 c
395 Charles disait :« Voyons d'abord ma belle ; 4+6 f
Nous rejoindronsassez tôt les Anglais ; 4+6 c
Le plus pressé,c'est de vivre avec elle. » 4+6 f
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