Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
VOL_2/VOL33
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
La Pucelle d'Orléans
1752
CHANT XII
Argument
Monrose tue l'aumonier, Charles retrouve Agnès, qui se consolait avec Monrose dans le château de Cutendre.
J'avais juréde laisser la morale, 4+6 a
De conter net,de fuir les longs discours : 4+6 b
Mais que ne peutce grand dieu des amours ? 4+6 b
Il est bavard,et ma plume inégale 4+6 a
5 Va griffonnantde son bec effilé 4+6 a
Ce qu'il inspireà mon cerveau brûlé. 4+6 a
Jeunes beautés,filles, veuves ou femmes, 4+6 a
Qu'il enrôlasous ses drapeaux charmants, 4+6 b
Vous qui lancezet recevez ses flammes, 4+6 a
10 Or dites-moi,quand deux jeunes amants, 4+6 b
Égaux en grâce,en mérite, en talents, 4+6 b
Au doux plaisirtous deux vous sollicitent, 4+6 a
Égalementvous pressent, vous excitent, 4+6 a
Mettent en feuvos sensibles appas, 4+6 a
15 Vous éprouvezun étrange embarras. 4+6 a
Connaissez-vouscette histoire frivole 4+6 a
D'un certain âne,illustre dans l'école ? 4+6 a
Dans l'écurieon vint lui présenter 4+6 a
Pour son dînerdeux mesures égales, 4+6 b
20 De même forme,à pareils intervalles : 4+6 b
Des deux côtésl'âne se vit tenter 4+6 a
Également,et, dressant ses oreilles 4+6 a
Juste au milieudes deux formes pareilles, 4+6 a
De l'équilibreaccomplissant les lois, 4+6 a
25 Mourut de faim,de peur de faire un choix. 4+6 a
N'imitez pointcette philosophie ; 4+6 a
Daignez plutôthonorer tout d'un temps 4+6 b
De vos bontésvos deux jeunes amants, 4+6 b
Et gardez-vousde risquer votre vie. 4+6 a
30  A quelques pasde ce joli couvent, 4+6 a
Si pollué,si triste, et si sanglant, 4+6 a
le matinvingt nonnes affligées 4+6 a
Par l'amazoneont été trop vengées, 4+6 a
Près de la Loireétait un vieux château 4+6 a
35 A pont-levis,mâchicoulis, tourelles ; 4+6 b
Un long canaltransparent, à fleur d'eau, 4+6 a
En serpentanttournait auprès d'icelles, 4+6 b
Puis embrassait,en quatre cents jets d'arc, 4+6 a
Les murs épaisqui défendaient le parc. 4+6 a
40 Un vieux baron,surnommé de Cutendre, 4+6 a
Était seigneurde cet heureux logis. 4+6 b
En sûretéchacun pouvait s'y rendre : 4+6 a
Le vieux seigneur,dont l'âme est bonne et tendre, 4+6 a
En avait faitl'asile du pays. 4+6 b
45 Français, Anglais,tous étaient ses amis ; 4+6 b
Tout voyageuren coche, en botte, en guêtre, 4+6 c
Ou prince, ou moine,ou nonne, ou turc, ou prêtre, 4+6 c
Y recevaitun accueil gracieux : 4+6 d
Mais il fallaitqu'on entrât deux à deux ; 4+6 d
50 Car tout barona quelque fantaisie, 4+6 a
Et celui-cipour jamais résolut 4+6 b
Qu'en son châtelen nombre pair on fût, 4+6 b
Jamais impair :telle était sa folie. 4+6 a
Quand deux à deuxon abordait chez lui, 4+6 a
55 Tout allait bien :mais malheur à celui 4+6 a
Qui venait seulen ce logis se rendre ! 4+6 a
Il soupait mal ;il lui fallait attendre 4+6 a
Qu'un compagnonformât ce nombre heureux, 4+6 a
Nombre parfaitqui fait que deux font deux. 4+6 a
60  La fière Jeanneayant repris ses armes, 4+6 a
Qui cliquetaientsur ses robustes charmes, 4+6 a
Devers la nuity conduisit au frais, 4+6 a
En devisant,la belle et douce Agnès. 4+6 a
Cet aumônierqui la suivait de près, 4+6 a
65 Cet aumônierardent, insatiable, 4+6 a
Arrive aux mursdu logis charitable. 4+6 a
Ainsi qu'un loupqui mâche sous sa dent 4+6 a
Le fin duvetd'un jeune agneau bêlant, 4+6 a
Plein de l'ardeurd'achever sa curée, 4+6 a
70 Va du bercailescalader l'entrée : 4+6 a
Tel, enflamméde sa lubrique ardeur, 4+6 a
L'œil tout en feu,l'aumônier ravisseur 4+6 a
Allait cherchantles restes de sa joie, 4+6 a
Qu'on lui ravitlorsqu'il tenait sa proie. 4+6 a
75 Il sonne, il crie :on vient ; on apeut 4+6 a
Qu'il était seul,et soudain il parut 4+6 a
Que les deux boisdont les forces mouvantes 4+6 a
Font ébranlerles solives tremblantes 4+6 a
Du pont-levispar les airs s'élevaient, 4+6 a
80 Et, s'élevant,le pont-levis haussaient. 4+6 a
A ce spectacle,à cet ordre du mtre, 4+6 a
Qui jura Dieu ?ce fut mon vilain prêtre. 4+6 a
Il suit des yeuxles deux mobiles bois ; 4+6 a
Il tend les mains,veut crier, perd la voix. 4+6 a
85 On voit souvent,du haut d'une gouttière, 4+6 a
Descendre un chatauprès d'une volière : 4+6 a
Passant la griffeà travers les barreaux 4+6 a
Qui contre luidéfendent les oiseaux, 4+6 a
Son œil poursuitcette espèce emplumée, 4+6 a
90 Qui se tapitau fond d'une ramée. 4+6 a
Notre aumônierfut encor plus confus, 4+6 a
Alors qu'il vitsous des ormes touffus 4+6 a
Un beau jeune hommeà la tresse dorée, 4+6 a
Au sourcil noir,à la mine assurée, 4+6 a
95 Aux yeux brillants,au menton cotonné, 4+6 a
Au teint fleuri,par les grâces orné, 4+6 a
Tout rayonnantdes couleurs du bel âge : 4+6 a
C'était l'Amour,ou c'était mon beau page ; 4+6 a
C'était Monrose.Il avait tout le jour 4+6 a
100 Cherché l'objetde son naissant amour. 4+6 a
Dans le couventreçu par les nonnettes, 4+6 a
Il apparutà ces filles discrètes 4+6 a
Non moins charmantque l'ange Gabriel, 4+6 a
Pour les bénirvenant du haut du ciel. 4+6 a
105 Les tendres sœurs,voyant le beau Monrose, 4+6 a
Sentaient rougirleurs visages de rose, 4+6 a
Disant tout bas :« Ah ! que n'était-il là, 4+6 a
Dieu paternel,quand on nous viola ? » 4+6 a
Toutes en cercleautour de lui se mirent, 4+6 a
110 Parlant sans cesse ;et lorsqu'elles apprirent 4+6 a
Que ce beau pageallait chercher Agnès, 4+6 a
On lui donnale coursier le plus frais, 4+6 a
Avec un guide,afin que sans esclandre 4+6 a
Il arrivâtau château de Cutendre. 4+6 a
115  En arrivant,il vit près du chemin, 4+6 a
Non loin du pont,l'aumônier inhumain. 4+6 a
Lors, tout émude joie et de colère : 4+6 a
« Ah ! c'est donc toi,prêtre de Belzébut ! 4+6 b
Je jure iciChandos et mon salut, 4+6 b
120 Et, plus encor,les yeux qui m'ont su plaire, 4+6 a
Que tes forfaitsvont enfin se payer. » 4+6 a
Sans repartir,le bouillant aumônier 4+6 a
Prend d'une mainpar la rage tremblante 4+6 a
Un pistolet,en presse la détente ; 4+6 a
125 Le chien s'abat,le feu prend, le coup part ; 4+6 a
Le plomb chassésiffle et vole au hasard, 4+6 a
Suivant au loinla ligne mal mirée 4+6 a
Que lui traçaitune main égarée. 4+6 a
Le page vise,et, par un coup plus sûr, 4+6 a
130 Atteint le front,ce front horrible et dur, 4+6 a
se peignaitune âme détestable. 4+6 a
 L'aumônier tombe,et le page vainqueur 4+6 b
Sentit alorsdans le fond de son cœur 4+6 b
De la pitiéle mouvement aimable. 4+6 a
135 « Hélas ! dit-il,meurs du moins en chrétien, 4+6 a
Dis Te Deum ;tu vécus comme un chien ; 4+6 a
Demande au cielpardon de ta luxure ; 4+6 a
Prononce amen ;donne ton âme à Dieu. 4+6 b
— Non, réponditle maraud à tonsure ; 4+6 a
140 Je suis damné,je vais au diable : adieu. » 4+6 b
Il dit, et meurt ;son âme déloyale 4+6 a
Alla grossirla cohorte infernale. 4+6 a
 Tandis qu'ainsice monstre impénitent 4+6 a
Allait rôtiraux brasiers de Satan, 4+6 a
145 Le bon roi Charle,accablé de tristesse, 4+6 a
Allait cherchantson errante mtresse, 4+6 a
Se promenant,pour calmer sa douleur, 4+6 a
Devers la Loireavec son confesseur. 4+6 a
Il faut ici,lecteur, que je remarque 4+6 a
150 En peu de motsce que c'est qu'un docteur 4+6 b
Qu'en sa jeunesseun amoureux monarque 4+6 a
Par étiquettea pris pour directeur. 4+6 b
C'est un morteltout pétri d'indulgence, 4+6 a
Qui doucementfait pencher dans ses mains 4+6 b
155 Du bien, du mal,la trompeuse balance ; 4+6 a
Vous mène au cielpar d'aimables chemins, 4+6 b
Et fait pécherson mtre en conscience : 4+6 a
Son ton, ses yeux,son geste composant, 4+6 a
Observant tout,flattant avec adresse 4+6 b
160 Le favori,le mtre, la mtresse ; 4+6 b
Toujours accort,et toujours complaisant. 4+6 a
 Le confesseurdu monarque gallique 4+6 a
Était un filsdu bon saint Dominique ; 4+6 a
Il s'appelaitle père Bonifoux, 4+6 a
165 Homme de bien,se faisant tout à tous, 4+6 a
Il lui disaitd'un ton dévot et doux : 4+6 a
« Que je vous plains !la partie animale 4+6 a
Prend le dessus :la chose est bien fatale. 4+6 a
Aimer Agnèsest un péché vraiment ; 4+6 a
170 Mais ce péchése pardonne aisément : 4+6 a
Au temps jadisil était fort en vogue 4+6 a
Chez les Hébreux,enfants du Décalogue. 4+6 a
Cet Abraham,ce père des croyants, 4+6 a
Avec Agars'avisa d'être père ; 4+6 b
175 Car sa servanteavait des yeux charmants, 4+6 a
Qui de Saraméritaient la colère. 4+6 b
Jacob le justeépousa les deux sœurs. 4+6 c
Tout patriarchea connu les douceurs 4+6 c
Du changementdans l'amoureux mystère. 4+6 b
180 Le vieux Boozen son vieux lit reçut 4+6 a
Après moissonla bonne et vieille Ruth ; 4+6 a
Et, sans compterla belle Bethsabée, 4+6 a
Du bon Davidl'âme fut absorbée 4+6 a
Dans les plaisirsde son ample sérail. 4+6 a
185 Son vaillant fils,fameux par sa crinière, 4+6 b
Un beau matin,par vertu singulière, 4+6 b
Vous repassatout ce gentil bercail. 4+6 a
De Salomonvous savez le partage : 4+6 a
Comme un oracleon écoutait sa voix ; 4+6 b
190 Il savait tout ;et des rois le plus sage 4+6 a
Était aussile plus galant des rois. 4+6 b
De leurs péchéssi vous suivez la trace, 4+6 a
Si vos beaux anssont livrés à l'amour, 4+6 b
Consolez-vous ;la sagesse a son tour. 4+6 b
195 Jeune on s'égare,et vieux on obtient grâce. 4+6 a
Ah ! dit Charlot,ce discours est fort bon ; 4+6 a
Mais que je suisbien loin de Salomon ! 4+6 a
Que son bonheuraugmente mes détresses ! 4+6 a
Pour ses ébatsil eut trois cent mtresses, 4+6 a
200 Je n'en ai qu'une ;hélas ! je ne l'ai plus. » 4+6 a
Des pleurs alors,sur son nez répandus, 4+6 a
Interrompaientsa voix tendre et plaintive, 4+6 a
Lorsqu'il avise,en tournant vers la rive, 4+6 a
Sur un chevaltrottant d'un pas hardi, 4+6 a
205 Un manteau rouge,un ventre rebondi, 4+6 a
Un vieux rabat ;c'était Bonneau lui-même. 4+6 a
Or chacun saitqu'après l'objet qu'on aime 4+6 a
Rien n'est plus douxpour un parfait amant 4+6 a
Que de trouverson très-cher confident. 4+6 a
210 Le roi, perdantet reprenant haleine, 4+6 a
Crie à Bonneau :« Quel démon te ramène ? 4+6 a
Que fait Agnès ?dis ; d' viens-tu ? quels lieux 4+6 a
Sont embellis,éclairés par ses yeux ? 4+6 a
la trouver ?dis donc, réponds donc, parle. » 4+6 a
215  Aux questionsqu'enfilait le roi Charle, 4+6 a
Le bon Bonneauconta de point en point 4+6 a
Comme il avaitété mis en pourpoint, 4+6 a
Comme il avaitservi dans la cuisine, 4+6 a
Comme il avaitpar fraude clandestine 4+6 a
220 Et par miracle,à Chandos échappé, 4+6 b
Quand à se battreon était occupé ; 4+6 b
Comme on cherchaitcette beauté divine : 4+6 a
Sans rien omettreil raconta fort bien 4+6 a
Ce qu'il savait ;mais il ne savait rien. 4+6 a
225 Il ignoraitla fatale aventure, 4+6 a
Du prêtre Anglaisla brutale luxure, 4+6 a
Du page aimél'amour respectueux. 4+6 a
Et du couventle sac incestueux. 4+6 a
 Après avoirbien expliqué leurs craintes, 4+6 a
230 Repris cent foisle fil de leurs complaintes, 4+6 a
Maudit le sortet les cruels Anglais, 4+6 a
Tous deux étaientplus tristes que jamais. 4+6 a
Il était nuit ;le char de la grande Ourse 4+6 a
Vers son nadiravait fourni sa course. 4+6 a
235 Le jacobindit au prince pensif : 4+6 a
« Il est bien tard ;soyez mémoratif 4+6 a
Que tout mortel,prince ou moine, à cette heure, 4+6 a
Devrait chercherquelque honnête demeure, 4+6 a
Pour y souper,et pour passer la nuit. » 4+6 a
240 Le triste roi,par le moine conduit, 4+6 a
Sans rien répondre,et ruminant sa peine, 4+6 a
Le cou penché,galope dans la plaine ; 4+6 a
Et bientôt Charle,et le prêtre et Bonneau, 4+6 a
Furent tous troisaux fossés du château. 4+6 a
245  Non loin du pontétait l'aimable page, 4+6 a
Lequel, ayantjeté dans le canal 4+6 b
Le corps mauditde son damné rival, 4+6 b
Ne perdait pointl'objet de son voyage. 4+6 a
Il dévoraiten secret son ennui, 4+6 a
250 Voyant ce pontentre sa dame et lui. 4+6 a
Mais quand il vitaux rayons de la lune 4+6 a
Les trois Français,il sentit que son cœur 4+6 b
Du doux espoiréprouvait la chaleur ; 4+6 b
Et d'une grâceadroite et non commune 4+6 a
255 Cachant son nom,et surtout son ardeur, 4+6 b
Dès qu'il parut,dès qu'il se fit entendre, 4+6 a
Il inspiraje ne sais quoi de tendre ; 4+6 a
Il plut au prince,et le moine bénin 4+6 a
Le caressaitde son air patelin, 4+6 a
260 D'un œil dévot,et du plat de la main. 4+6 a
 Le nombre pairétant formé de quatre, 4+6 a
On vit bientôtles deux flèches abattre 4+6 a
Le pont mobile ;et les quatre coursiers 4+6 a
Font en marchantgémir les madriers. 4+6 a
265 Le gros Bonneautout essoufflé chemine, 4+6 a
En arrivant,droit devers la cuisine, 4+6 a
Songe au souper ;le moine au même lieu 4+6 a
Dévotementen rendit grâce à Dieu. 4+6 a
Charles, prenantun nom de gentilhomme, 4+6 a
270 Court à Cutendre,avant qu'il prît son somme. 4+6 a
Le bon baronlui fit son compliment, 4+6 a
Puis le menadans son appartement. 4+6 a
Charle a besoind'un peu de solitude, 4+6 a
Il veut jouirde son inquiétude ; 4+6 a
275 Il pleure Agnès :il ne se doutait pas 4+6 a
Qu'il fût si prèsde ses jeunes appas. 4+6 a
 Le beau Monroseen sut bien davantage. 4+6 a
Avec adresseil fit causer un page ; 4+6 a
Il se fit dire reposait Agnès, 4+6 a
280 Remarquant toutavec des yeux discrets. 4+6 a
Ainsi qu'un chat,qui d'un regard avide 4+6 a
Guette au passageune souris timide, 4+6 a
Marchant tout doux,la terre ne sent pas 4+6 a
L'impressionde ses pieds délicats ; 4+6 a
285 Dès qu'il la vue,il a sauté sur elle : 4+6 a
Ainsi Monrose,avançant vers la belle, 4+6 a
Étend un bras,puis avance à tâtons, 4+6 a
Posant l'orteilet haussant les talons. 4+6 a
Agnès, Agnès,il entre dans la chambre ! 4+6 a
290 Moins promptementla paille vole à l'ambre, 4+6 a
Et le fer suitmoins sympathiquement 4+6 a
Le tourbillonqui l'unit à l'aimant. 4+6 a
Le beau Monroseen arrivant se jette 4+6 a
A deux genouxau bord de la couchette, 4+6 a
295 sa mtresseavait entre deux draps, 4+6 a
Pour sommeiller,arrangé ses appas. 4+6 a
De dire un motaucun d'eux n'eut la force 4+6 a
Ni le loisir ;le feu prit à l'amorce 4+6 a
En un clin d'œil ;un baiser amoureux 4+6 a
300 Unit soudainleurs bouches demi-closes ; 4+6 b
Leur âme vintsur leurs lèvres de roses ; 4+6 b
Un tendre feusortit de leurs beaux yeux ; 4+6 a
Dans leurs baisersleurs langues se cherchèrent. 4+6 a
Qu'éloquemmentalors elles parlèrent ! 4+6 a
305 Discours muets,langage des désirs, 4+6 a
Charmant prélude,organe des plaisirs, 4+6 a
Pour un momentil vous fallut suspendre 4+6 a
Ce doux concert,et ce duo si tendre. 4+6 a
 Agnès aidaMonrose impatient 4+6 a
310 A dépouiller,à jeter promptement 4+6 a
De ses habitsl'incommode parure, 4+6 a
Déguisementqui pèse à la nature, 4+6 a
Dans l'âge d'oraux mortels inconnu, 4+6 a
Que hait surtoutun dieu qui va tout nu. 4+6 a
315  Dieux ! quels objets !Est-ce Flore et Zéphyre ? 4+6 a
Est-ce Psychéqui caresse l'Amour ? 4+6 b
Est-ce Vénusque le fils de Cynire 4+6 a
Tient dans ses brasloin des rayons du jour, 4+6 b
Tandis que Marsest jaloux et soupire ? 4+6 a
320  Le Mars français,Charle, au fond du château, 4+6 a
Soupire alorsavec l'ami Bonneau, 4+6 a
Mange à regretet boit avec tristesse. 4+6 a
Un vieux valet,bavard de son métier, 4+6 b
Pour égayersa taciturne altesse, 4+6 a
325 Apprit au roi,sans se faire prier, 4+6 b
Que deux beautés,l'une robuste et fière, 4+6 a
L'autre plus douce,aux yeux bleus, au teint frais, 4+6 b
Couchaient alorsdans la gentilhommière. 4+6 a
Charle étonnéles souonne à ces traits ; 4+6 b
330 Il se fait direet puis redire encore 4+6 a
Quels sont les yeux,la bouche, les cheveux, 4+6 b
Le doux parler,le maintien vertueux 4+6 b
Du cher objetde son cœur amoureux : 4+6 b
C'est elle enfin,c'est tout ce qu'il adore ; 4+6 a
335 Il en est sûr,il quitte son repas. 4+6 a
« Adieu Bonneau :je cours entre ses bras. » 4+6 a
Il dit et vole,et non pas sans fracas : 4+6 a
Il était roi,cherchant peu le mystère. 4+6 a
 Plein de sa joie,il répète et redit 4+6 b
340 Le nom d'Agnès,tant qu'Agnès l'entendit. 4+6 b
Le couple heureuxen trembla dans son lit. 4+6 c
Que d'embarras !comment sortir d'affaire ? 4+6 a
Voici commentle beau page s'y prit : 4+6 c
Près du lambris,dans une grande armoire, 4+6 a
345 On avait misun petit oratoire, 4+6 a
Autel de poche,, lorsque l'on voulait, 4+6 a
Pour quinze sousun capucin venait. 4+6 a
Sur le retable,en vte pratiquée, 4+6 a
Est une nicheen attendant son saint. 4+6 b
350 D'un rideau vertla niche était masquée. 4+6 a
Que fait Monrose ?un beau penser lui vint 4+6 b
De s'ajusterdans la nichée sacrée ; 4+6 a
En bienheureux,derrière le rideau, 4+6 b
Il se tapit,sans pourpoint, sans manteau. 4+6 b
355 Charles volait,et presque dès l'entrée 4+6 a
Il saute au coude sa belle adorée ; 4+6 a
Et, tout en pleurs,il veut jouir des droits 4+6 a
Qu'ont les amants,surtout quand ils sont rois. 4+6 a
Le saint cachéfrémit à cette vue ; 4+6 a
360 Il fait du bruit,et la toile remue : 4+6 a
Le prince approche,il y porte la main, 4+6 a
Il sent un corps,il recule, il s'écrie : 4+6 b
« Amour, Satan,saint François, saint Germain ! 4+6 a
Moitié frayeuret moitié jalousie ; 4+6 b
365 Puis tire à lui,fait tomber sur l'autel, 4+6 a
Avec grand bruit,le rideau sous lequel 4+6 a
Se blottissaitcette aimable figure 4+6 a
Qu'à son plaisirfaçonna la nature. 4+6 a
Son dos tournépar pudeur étalait 4+6 a
370 Ce que Césarsans pudeur soumettait 4+6 a
A Nicomèdeen sa belle jeunesse, 4+6 a
Ce que jadisle héros de la Grèce 4+6 a
Admira tantdans son Éphestion, 4+6 b
Ce qu'Adrienmit dans le Panthéon : 4+6 b
375 Que les héros,ô ciel, ont de faiblesse ! 4+6 a
 Si mon lecteurn'a point perdu le fil 4+6 a
De cette histoire,au moins se souvient-il 4+6 a
Que dans le campla courageuse Jeanne 4+6 a
Traça jadisau bas d'un dos profane, 4+6 a
380 D'un doigt conduitpar monsieur saint Denys, 4+6 a
Adroitementtrois belles fleurs de lis. 4+6 a
Cet écusson,ces trois fleurs, ce derrière, 4+6 a
Émurent Charle :il se mit en prière ; 4+6 a
Il croit que c'estun tour de Belzébut. 4+6 a
385 De repentiret de douleur atteinte, 4+6 b
La belle Agnèss'évanouit de crainte. 4+6 b
Le prince alors,dont le trouble s'accrut, 4+6 a
Lui prend les mains :« Qu'on vole ici vers elle, 4+6 a
Accourez tous ;le diable est chez ma belle. » 4+6 a
390 Aux cris du roile confesseur troublé, 4+6 a
Non sans regretquitte aussitôt la table ; 4+6 b
L'ami Bonneaumonte tout essoufflé ; 4+6 a
Jeanne s'éveille,et, d'un bras redoutable 4+6 b
Prenant ce ferque la victoire suit, 4+6 a
395 Cherche l'endroitd' partait tout le bruit : 4+6 a
Et cependantle baron de Cutendre 4+6 a
Dormait à l'aise,et ne put rien entendre. 4+6 a
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