Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VIV_6/VIV225
Renée VIVIEN
Flambeaux éteints
1906
ELLE DEMEURE EN SON PALAIS
Elle demeure en son palais, près du Bosphore, 6−6 a
Où la lune s’étend comme en un lit nacré… 6+6 b
Sa bouche est interdite et son corps est sacré, 6+6 b
Et nul être, sauf moi, n’osa l’étreindre encore. 6+6 a
5 Des nègres cauteleux la servent à genoux… 6+6 a
Humbles, ils ont pourtant des regards de menace 6+6 b
Fugitifs à l’égal d’un éclair roux qui passe… 6+6 b
Leur sourire est très blanc et leurs gestes sont doux… 6+6 a
Ils sont ainsi mauvais parce qu’ils sont eunuques, 6+6 a
10 Et que celle que j’aime a des yeux sans pareils, 6+6 b
Pleins d’abîmes, de mers, de déserts, de soleils, 6+6 b
Qui font vibrer d’amour les moelles et les nuques. 6+6 a
Leur colère est le cri haineux de la douleur… 6+6 a
Et moi, je les excuse en la sentant si belle, 6+6 b
15 Si loin d’eux à jamais, si près de moi… Pour elle, 6+6 b
Elle les voit souffrir en mordant une fleur. 6+6 a
J’entre dans le palais baigné par l’eau charmante, 6+6 a
Où l’ombre est calme, où le silence est infini, 6−6 b
Où, sur les tapis frais plus qu’un herbage uni, 6+6 b
20 Glissent avec lenteur les pas de mon amante. 6+6 a
Ma Sultane aux yeux noirs m’attends, comme autrefois… 6+6 a
Des jasmins enlaceurs voilent les jalousies… 6+6 b
J’admire, en l’admirant, ses parures choisies 6+6 b
Et mon âme s’accroche aux bagues de ses doigts. 6+6 a
25 Nos caresses ont de cruels enthousiasmes 6−6 a
Et des effrois et des rires de désespoir… 6−6 b
Plus tard, une douceur tombe, semblable au soir, 6+6 b
Et ce sont des baisers de sœur, après les spasmes. 6+6 a
Elle redresse un pli de sa robe, en riant… 6+6 a
30 Et j’évoque son corps mûri par la lumière 6+6 b
Auprès du mien, dans quelque inégal cimetière, 6+6 b
Sous l’ombre sans terreur des cyprès d’orient. 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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