Métrique en Ligne
VIV_5/VIV202
Renée VIVIEN
À l'heure des mains jointes
1906
LE TÉNÉBREUX JARDIN
Les heures ont éteint le feu de mes vertèbres. 6+6 a
Et leur morne lourdeur a pesé sur mon front 6+6 b
Voici que les lointains trop clairs s'attendriront 6+6 b
Et la nuit m'ouvrira son jardin de ténèbres. 6+6 a
5 Solitaire, tandis que le temps coule et fuit, 6+6 a
Je cueillerai les fleurs du regret et du songe. 6+6 b
Reconnaissante au doux charme qui se prolonge, 6+6 b
J'offrirai le parfum de mon âme à la nuit. 6+6 a
Les poèmes ont des lignes trop régulières, 6−6 a
10 Les musiques, un son trop clair, trop cristallin 6+6 b
Je frapperai bientôt aux portes du jardin 6+6 b
Qui s'ouvriront pour moi, larges et familières. 6+6 a
Car la nuit m'aime : elle a compris que je l'aimais 6+6 a
Et, sachant que je suis résignée et lointaine. 6+6 b
15 Elle m'apporte, ainsi qu'en un coffret d'ébène, 6+6 b
La tristesse des autrefois et des jamais 8+4 a
La nuit me livrera ses lys noirs et ses roses 6+6 a
Noires et ses violettes aux bleus obscurs, 12 b
Et je m'attarderai dans l'angle de ses murs 6+6 b
20 Tels que ceux des cités royalement encloses 6+6 a
Peu m'importe aujourd'hui le caprice du sort 6+6 a
La nuit s'ouvre pour moi comme un jardin de reine 6+6 b
Où je promènerai ma volupté sereine 6+6 b
Et mon indifférence à l'égard de la mort. 6+6 a
mètre profil métrique : 6÷6
forme globale type : suite périodique
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