Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VIV_5/VIV194
Renée VIVIEN
À l'heure des mains jointes
1906
VIVIANE
Une odeur fraîche, un bruit | de musique étouffée 6+6 a
Sous les feuilles, et c’est | Viviane la fée. 6+6 a
Elle imite, cachée | en un fouillis de fleurs, 6+6 a
Le rire suraigu | des oiseaux persifleurs. 6+6 a
5 Souveraine fantasque, | elle s’attarde et rôde 6+6 a
Dans la forêt, comme en | un palais d’émeraude. 6+6 a
L’eau qui miroite a la | couleur de son regard. 6−6 a
Elle se voile des | dentelles du brouillard. 6−6 a
Parfois, une langueur | monte de l’herbe et plane : 6+6 a
10 Les violettes ont | salué Viviane. 6+6 a
Sa robe a des lueurs | de perles et d’argent. 6+6 a
Son front est variable | et son cœur est changeant. 6+6 a
Son pouvoir féminin | s’insinue à la brune : 6+6 a
Elle devient | irrésistible | au clair de lune. 4+4+4 a
15 Des pâtres ont cru voir, | de leurs yeux ingénus, 6+6 a
Des serpents verts glisser | le long de ses bras nus. 6+6 a
A minuit, la plus belle | étoile la couronne ; 6+6 a
Parfois, elle est cruelle | et parfois elle est bonne. 6+6 a
Et Viviane est plus | puissante que le sort ; 6+6 a
20 Elle porte en ses mains | le sommeil et la mort. 6+6 a
Plus que l’espoir et plus | que le songe, elle est belle. 6+6 a
Les plus grands enchanteurs | sont des enfants près d’elle. 6+6 a
Dans ses bras, la mémoire | est un rêve aboli. 6+6 a
Son magique baiser | est plus froid que l’oubli. 6+6 a
25 Ses cheveux sont défaits | et le soleil les dore. 6+6 a
Chaque matin, elle est | plus blonde que l’aurore. 6+6 a
Ondoyante, elle sait | promettre et décevoir. 6+6 a
Vers le couchant, elle est | rousse comme le soir. 6+6 a
A l’heure vague où le | regret se dissimule, 6−6 a
30 Elle a les yeux lointains | et gris du crépuscule. 6+6 a
Lorsque le fil ambré | du croissant tremble et luit 6+6 a
Sur les chênes, elle est | brune comme la nuit. 6+6 a
Des rois ont partagé | son lit d’or et sa table, 6+6 a
Mais nul n’a jamais vu | sa face véritable. 6+6 a
35 Elle renaît, elle est | plus belle chaque jour. 6+6 a
Et ses illusions | trompent le simple amour. 6+6 a
Elle erre, comme un vent | d’avril, sous la ramée, 6+6 a
Et vous reconnaissez | en elle votre aimée. 6+6 a
Elle est celle qu’on ne | rencontre qu’une fois. 6−6 a
40 Écoutez… Nulle voix | n’est pareille à sa voix. 6+6 a
Elle approche, et ses doigts | effeuillent des corolles. 6+6 a
Vous tremblez… Vous avez | oublié les paroles… 6+6 a
Mais vous savez — le bois | merveilleux l’a chanté — 6+6 a
Qu’elle vous appartient | depuis l’éternité. 6+6 a
45 Elle a changé de nom, | de voix et de visage ; 6+6 a
Malgré tout, vous l’avez | reconnue au passage. 6+6 a
Elle réveille en vous | tous les anciens désirs. 6+6 a
A l’ombre de ses pas | brillent des souvenirs. 6+6 a
Vous l’avez pressentie | et vous l’avez rêvée 6+6 a
50 Longuement, et surtout | vous l’avez retrouvée. 6+6 a
Elle trame pour vous | des jardins et des ciels. 6+6 a
Et vous vous endormez | en ses bras éternels. 6+6 a
mètre profil métrique : 6=6
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