Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VIV_5/VIV193
Renée VIVIEN
À l'heure des mains jointes
1906
ILS PLEURENT VERS LE SOIR…
Le jardin et le calme | et la lumière basse, 6+6 a
Et tous mes souvenirs | qui pleurent vers le soir… 6+6 b
La douceur d’être seule | et triste et de m’asseoir 6+6 b
Dans l’ombre, de ne plus | sourire et d’être lasse… 6+6 a
5 Parmi les frondaisons | rôdent d’anciens soupirs, 6+6 a
Et le bonheur lui-même | est incertain et tremble. 6+6 b
Je suis une qui se | recueille et je rassemble 6−6 b
Mes souvenirs, | mes souvenirs, | mes souvenirs… 4+4+4 a
Ils se glissent, ainsi | que des ombres furtives, 6+6 a
10 Les mains vicies et les | yeux éteints, en des prés 6−6 b
Sans odeurs et que nul | printemps n’a diaprés. 6+6 b
Leurs pas ne laissent point | d’empreinte sur les rives. 6+6 a
Ils ne contiennent plus | leurs sanglots étouffants. 6+6 a
D’aucuns, aux yeux ternis, | telles de vieilles lames, 6+6 b
15 Pleurent en se voilant, | comme pleurent les femmes ; 6+6 b
D’autres pleurent sans honte, | ainsi que les enfants. 6+6 a
Je suis seule, je ne | suis plus une amoureuse, 6−6 a
Et je n’adore plus | un sourire enchâssé 6+6 b
Par le couchant : je me | cherche dans mon passé. 6−6 b
20 Et j’évoque le temps | où j’étais moins heureuse. 6+6 a
… Plus légers qu’un oiseau, | plus frêles qu’un hochet, 6+6 a
Voici les souvenirs | lointains de mon enfance. 6+6 b
Ils courent, leurs rubans | sont couleur d’espérance, 6+6 b
Leurs jupes ont encore | une odeur de sachet. 6+6 a
25 Et maintenant, voici | les souvenirs funèbres. 6+6 a
Ils passent, dédaigneux | du rêve et de l’effort 6+6 b
Et couronnés | des violettes | de la mort ; 4+4+4 b
Leurs vêtements de deuil | se mêlent aux ténèbres. 6+6 a
Je rêve sans ardeur, | tels les pâles reclus… 6+6 a
30 La Loreley que j’ai | cruellement aimée 6+6 b
S’évanouit ainsi | qu’une blonde fumée 6+6 b
Et je sens aujourd’hui | que je ne l’aime plus. 6+6 a
Puis, un souvenir rit, | et son rire chevrote… 6+6 a
— Ce rire de vieille où | se fêle la gaîté !… — 6+6 b
35 Dans le jardin, que baigne | un silence attristé, 6+6 b
L’ombre verte se creuse | à l’égal d’une grotte. 6+6 a
Je n’ai plus de ferveur, | je n’ai plus de désirs. 6+6 a
Je ne veux que la paix | du jardin et de l’heure… 6+6 b
Il me semble qu’hier | j’étais un peu meilleure… 6+6 b
40 Qu’on me laisse pleurer | avec mes souvenirs… 6+6 a
mètre profil métrique : 6=6
logo du CRISCO logo de l'université