Métrique en Ligne
VIV_5/VIV178
Renée VIVIEN
À l'heure des mains jointes
1906
JE CONNAIS UN ÉTANG
Il est, au cœur de la vallée, un étang
que l’on nomme l’Étang Mystérieux.
Je connais un étang qui somnole, blêmi 6+6 a
Par l’aube blême et par le clair de lune ami. 6−6 a
Un iris y fleurit, hardi comme une lance, 6+6 a
Et le songe de l’eau s’y marie au silence. 6+6 a
5 Aucun souffle ne fait balancer les roseaux. 6+6 a
Le ciel qui s’y reflète a la couleur des eaux. 6+6 a
Le flot recèle un long regret lascif et tendre, 6+6 a
Et le silence et l’eau trouble semblent attendre. 6+6 a
Là, les larges lys d’eau lèvent leur front laiteux. 6+6 a
10 Les éphémères d’or y meurent, deux à deux 6+6 a
Je choisirai, pour te louanger, les paroles 6−6 a
Qui coulent comme l’eau parmi les herbes folles. 6+6 a
Les lys semblent offrir leur coupe bleue au jour : 6+6 a
C’est l’élévation des calices d’amour. 6+6 a
15 Les éphémères font songer, tournant par couples, 6+6 a
À des femmes valsant, ondoyantes et souples. 6+6 a
Les lotus léthéens lèvent leur front pâli 6+6 a
Ma Loreley, glissons lentement vers l’oubli. 6+6 a
Dans un loyal adieu, tenons-nous enlacées 6+6 a
20 Et mourons, comme les libellules lassées. 6−6 a
Je te dirai : « Voici l’Étang Mystérieux 6+6 a
Que ne connaîtront point les hommes curieux. 6+6 a
« Viens dormir au milieu des lys d’eau… L’iris tremble, 6+6 a
Et nous nous étreignons, nous qui mourons ensemble… » 6+6 a
25 … Je connais un étang qui somnole, blêmi 6+6 a
Par l’aube blême et par le clair de lune ami. 6−6 a
Et, sous l’eau de l’étang, qui mire les chimères, 6+6 a
Des femmes vont mourir, comme des éphémères 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
forme globale type : suite périodique
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