Métrique en Ligne
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F = "e" féminin
| = césure
VIV_5/VIV170
Renée VIVIEN
À l'heure des mains jointes
1906
NOUS IRONS VERS LES POÈTES
L’ombre paraît une ennemie en embuscade… 4+4+4 a
Viens, je t’emporterai comme une enfant malade, 6+6 a
Comme une enfant plaintive et craintive et malade. 6+6 a
Entre mes bras nerveux j’étreins ton corps léger. 6+6 a
5 Tu verras que je sais guérir et protéger, 6+6 a
Et que mes bras sont forts pour mieux te protéger. 6+6 a
Les bois sacrés n’ont plus d’efficaces dictames, 6+6 a
Et le monde a toujours été cruel aux femmes… 6+6 a
Nous le savons, le monde est cruel pour les femmes. 6+6 a
10 Les blâmes des humains ont pesé sur nos fronts, 6+6 a
Mais nous irons au loin et nous les oublierons… 6+6 a
Nous n’avons qu’à vouloir et nous les oublierons. 6+6 a
Nous souvenant qu’il est de plus larges planètes, 6+6 a
Nous entrerons dans le royaume des poètes, 6−6 a
15 Le merveilleux royaume où chantent les poètes. 6+6 a
La lumière s’y meut sur un rythme divin. 6+6 a
Plus de soucis : l’on rêve et l’on est libre enfin… 6+6 a
Ma Douceur, conçois-tu que l’on soit libre enfin ?… 6+6 a
Je bâtirai pour toi des palais d’émeraude 6+6 a
20 Où le parfum s’égare, où la musique rôde, 6+6 a
Semblable au souvenir qui s’attarde et qui rôde… 6+6 a
Mon amour, qui s’élève à la hauteur du chant, 6+6 a
Louera tes cheveux roux plus beaux que le couchant… 6+6 a
Ah ! tes cheveux, plus beaux que le plus beau couchant ! 6+6 a
25 Les douleurs se feront exquises et lointaines, 6+6 a
Dans le miracle des jardins et des fontaines, 6−6 a
Des jardins langoureux où dorment les fontaines. 6+6 a
Parce que j’ai frémi, que j’ai pleuré comme eux, 6+6 a
Chère, j’irai vers les poètes lumineux, 6−6 a
30 Sans redouter l’éclat de leur front lumineux. 6+6 a
Je leur dirai : « Mon œuvre est une œuvre illusoire… 6+6 a
Je marche obscurément vers une mort sans gloire, 6+6 a
Je suis une qui vit et qui mourra sans gloire. 6+6 a
« Mais entr’ouvrez vos rangs jalousement étroits, 6+6 a
35 Parce que je vous ai vénérés autrefois, 6+6 a
Et que j’ai lu vos vers, par les soirs d’autrefois. 6+6 a
« Accueillez parmi vous votre sœur sans génie, 6+6 a
Mais dont l’âme est pareille à votre âme infinie… 6+6 a
Car mon âme est pareille à votre âme infinie. 6+6 a
40 « Je juge l’aube triste et le plaisir amer : 6+6 a
Le soir me voit errer en regardant la mer, 6+6 a
Les pieds nus, attentive aux refrains de la mer. 6+6 a
« Puisque le désir fut mon unique poème, 6+6 a
Contemplez la splendeur de la femme que j’aime… 6+6 a
45 O poètes ! voyez cette femme que j’aime ! » 6+6 a
… Nous entrerons, grâce aux poètes fraternels, 6−6 a
Dans le pays créé par leurs vers éternels, 6+6 a
Dans l’harmonie et le clair de lune éternels. 6−6 a
La nuit rassurera nos âmes inquiètes, 6+6 a
50 Et nous verrons passer, en chantant, les poètes 6+6 a
Graves et doux, et les amantes des poètes. 6−6 a
mètre profil métrique : 6=6
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