Métrique en Ligne
VIV_3/VIV79
Renée VIVIEN
Évocations
1903
LES LYS D’EAU
Parmi les ondoiements et les éclairs douteux, 6+6 a
Les langoureux lys d’eau lèvent leur front laiteux. 6+6 a
La rivière d’or roux berce leur somnolence ; 6+6 a
Ce sont d’étranges fleurs de mort et de silence. 6+6 a
5 Leur fraîcheur refroidit les flammes du Soleil, 6+6 a
Et leur souffle répand une odeur de sommeil. 6+6 a
Ce sont des fleurs de mort et de mélancolie : 6+6 a
Elles ont caressé le sein nu d’Ophélie. 6+6 a
Elles aiment le saule et les roseaux, le bruit 6+6 a
10 Des feuillages, les soirs d’émeraude et la nuit. 6+6 a
L’accablante splendeur du jour les importune : 6+6 a
Elles dorment sur l’eau, pâles comme la lune. 6+6 a
Aucun souffle d’amour n’atteint leur pureté : 6+6 a
Elles furent jadis les lotus du Léthé. 6+6 a
15 Perséphoné, tressant des couronnes de rêve, 6+6 a
Les cueillit, quand ses pas errèrent sur la grève 6+6 a
Des Morts, où les reflets plus beaux que les couleurs, 6+6 a
Et les échos plus doux que les sons, où les fleurs 6+6 a
Sans parfum, sont tissés dans la trame du Songe, 6+6 a
20 Où l’ivresse qui sourd des pavots se prolonge. 6+6 a
Et les lys ont gardé le souvenir pervers 6+6 a
Des Ombres et du Fleuve immobile aux flots verts, 6+6 a
De la Déesse aux yeux de crépuscule tendre, 6+6 a
Dénouant ses cheveux de poussière et de cendre. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
schéma : 12(aa)
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