Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VIV_2/VIV56
Renée VIVIEN
Cendres et Poussières
1902
LOCUSTA
Nul n’a mêlé ses pleurs | au souffle de ma bouche, 6+6
Nul sanglot n’a troublé | l’ivresse de ma couche, 6+6
J’épargne à mes amants | les rancœurs de l’amour. 6+6
J’écarte de leur front | la brûlure du jour, 6+6
5 J’éloigne le matin | de leurs paupières closes, 6+6
Ils ne contemplent pas | la ruine des roses. 6+6
Seule, je sais donner | des nuits sans lendemains. 6+6
J’allume dans leurs yeux | d’inexprimables fièvres, 6+6
Et, fastueusement, | je leur offre mes lèvres, 6+6
10 Mes flancs, et la lenteur | savante de mes mains. 6+6
Je verse les soupirs, | l’accablante caresse 6+6
Et les mots de langueur | murmurés dans la nuit. 6+6
J’estompe les rayons, | les senteurs et le bruit. 6+6
Je suis la pitoyable | et la tendre Maîtresse. 6+6
15 Car je sais les secrets | des merveilleux poisons, 6+6
Insinuants et doux | comme les trahisons 6+6
Et plus voluptueux | que l’éloquent mensonge. 6+6
Lorsque au fond de la nuit | un râle se prolonge 6+6
Et se mêle à la fuite | heureuse d’un accord, 6+6
20 J’effeuille une couronne | et souris à la Mort. 6+6
Je l’ai domptée ainsi | qu’une amoureuse esclave. 6+6
Elle me suit, passive, | impénétrable et grave, 6+6
Et je sais la mêler | aux effluves des fleurs, 6+6
Et la verser dans l’or | des coupes des Bacchantes. 6+6
25 J’éteins le souvenir | importun du soleil 6+6
Dans les yeux alourdis | qui craignent le réveil 6+6
Sous le regard perfide | et cruel des amantes. 6+6
J’apporte le sommeil | dans le creux de mes mains 6+6
Seule, je sais donner | des nuits sans lendemains. 6+6
mètre profil métrique : 6+6
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