Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
VHR_2/VHR67
Émile VERHAEREN
LES MOINES
1885
AUX MOINES
Et maintenant, pieuxet monacaux ascètes, 6+6 a
Qu’ont revêtus mes versde longs et blancs tissus, 6+6 b
Hommes des jours lointainset morts, hommes vaincus 6+6 b
Mais néanmoins deboutencor, hommes poètes, 6+6 a
5 Qui ne souffrez plus riende nos douleurs à nous, 6+6 a
Rien de notre orgueil roux,rien de notre paix noire, 6+6 b
Qui vivez les yeux droitssur votre Christ d’ivoire, 6+6 b
Tel que vous devant lui,l’âme en flamme, à genoux, 6+6 a
Le front pâli du rêve mon esprit s’obstine, 6+6 a
10 Je vivrai seul aussi,tout seul, avec mon art, 6+6 b
Et le serrant en mains,ainsi qu’un étendard, 6+6 b
Je me l’imprimeraisi fort sur la poitrine, 6+6 a
Qu’au travers de ma chairil marquera mon cœur. 6+6 a
Car il ne reste rienque l’art sur cette terre 6+6 b
15 Pour tenter un cerveaupuissant et solitaire 6+6 b
Et le griser de rougeet tonique liqueur. 6+6 a
Quand tout s’ébranle ou meurt,l’Art est là qui se plante 6+6 a
Nocturnement bâticomme un monument d’or, 6+6 b
Et chaque soir, que, dansla paix, le jour s’endort, 6−6 b
20 Sa muraille en miroirgrandit étincelante 6+6 a
Et d’un reflet rejetteau ciel le firmament. 6+6 a
Les poètes, venustrop tard pour être prêtres, 6+6 b
Marchent vers les lueursqui tombent des fenêtres 6+6 b
Et reluisent ainsique des plaques d’aimant. 6+6 a
25 Le dôme ascend si hautque son fte est occulte, 6+6 a
Les colonnes en sontd’argent et le portail 6+6 b
Sur la mer rayonnanteouvre au loin son vantail 6+6 b
Et le plain-chant des flotsse mêle aux voix du culte. 6+6 a
Le vent qui passe et quis’en vient de l’infini 6+6 a
30 Effleure avec des chantsmystérieux et frêles 6+6 b
Les tours, les grandes tours,qui se toisent entre elles 6+6 b
Comme des géants noirsde force et de granit, 6+6 a
Et quiconque franchitle silence des porches 6+6 a
N’apeoit rien, sinon,au fond, à l’autre bout, 6+6 b
35 Une lyre d’airainqui l’attend là, debout, 6+6 b
Immobile, parmila majesté des torches. 6+6 a
Et ce temple toujourspour nous subsistera 6+6 a
Et longtemps et toujoursluira dans nos ténèbres, 6+6 b
Quand vous, les moines blancs,les ascètes funèbres 6+6 b
40 Aurez disparu tousen lugubre apparat, 6+6 a
Dans votre froc de linet votre aube mystique, 6+6 a
Au pas religieuxd’un long cortège errant, 6+6 b
Comme si vous portiezà votre Dieu mourant, 6+6 b
Au fond du monde athée,un dernier viatique. 6+6 a
mètre profil métrique : 6−6
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