Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VER_7/VER279
Paul VERLAINE
AMOUR
1888
BALLADE EN REVE
Au Dr Louis Jullien.
J’AI rêvé d’elle, | et nous nous pardonnions 4+6 a
Non pas nos torts, | il n’en est en amour, 4+6 b
Mais l’absolu | de nos opinions 4+6 a
Et que la vie | ait pour nous pris ce tour. 4+6 b
5 Simple elle était | comme au temps de ma cour, 4+6 b
En robe grise | et verte et voilà tout. 4+6 c
J’aimai toujours | les femmes dans ce goût. 4+6 c
Et son langage | était sincère et coi. 4+6 d
Mais quel émoi | de me dire au débout : 4+6 c
10 J’ai rêvé d’elle | et pas elle de moi. 4+6 d
Elle ni moi, | nous ne nous résignions 4+6 a
A plus souffrir | pas plus tard que ce jour. 4+6 b
O ! nous revoir | encore compagnons, 4+6 a
Chacun étant | descendu de sa tour 4+6 b
15 Pour un baiser | bien payé de retour ! 4+6 b
Le beau projet ! | Et nous étions debout, 4+6 c
Mais dans la main, | avec du sang qui bout 4+6 c
Et chante un fier | donec gratus. Mais quoi ? 4+6 d
C’était un songe, | ô tristesse et dégoût ! 4+6 c
20 J’ai rêvé d’elle | et pas elle de moi. 4+6 d
Et nous suivions | tes luisants fanions, 4+6 a
Soie et satin, | ô Bonheur vainqueur, pour 4+6 b
Jusqu’à la mort, | que d’ailleurs nous niions. 4+6 a
J’allais par les | chemins en troubadour, 4−6 b
25 Chantant, ballant, | sans craindre ce pandour, 4+6 b
Qui vous saute à | la gorge et vous découd. 4−6 c
Elle évoquait | la chère nuit d’Août 4+6 c
Où son aveu | bas et lent me fit roi. 4+6 d
Moi, j’adorais | ce retour qui m’absout. 4+6 c
30 J’ai rêvé d’elle | et pas elle de moi. 4+6 d
ENVOI
Princesse elle est | sans doute à l’autre bout 4+6 c
Du monde où règne | et persiste ma foi. 4+6 d
Amen, alors, | puisqu’à mes dam et coût 4+6 c
J’ai rêvé d’elle | et pas elle de moi. 4+6 d
mètre profil métrique : 4−6
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