Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VDS_1/VDS6
corpus Pamela Puntel
Ali-Joseph-Augustin VIAL DE SABLIGNY
LES GRAINS DE POUDRE
1871
DEUIL !
A MES AMIS
Édouard DE LAFONT, du 205e bataillon de la garde nationale
et Alphonse RAVENEL, du 26e de ligne
La force a triomphé, | c'est le droit qui succombe ! 6+6 a
Paris, la noble Ville, | expire, hélas ! et tombe. 6+6 a
L'inexorable sort | nous frappe jusqu'au bout, 6+6 b
Et nous lance aujourd'hui | son plus terrible coup. 6+6 b
5 Il ne nous reste plus | qu'à jeter bas les armes, 6+6 a
Étouffer nos sanglots | et dévorer nos larmes. 6+6 a
Allez, cloches, sonnez | le lugubre tocsin, 6+6 b
Sonnez, et vous aurez | pour écho notre sein. 6+6 b
Ils sont partis les jours | d'espérance et de joie. 6+6 a
10 L'abîme s'est ouvert | et nous sommes sa proie. 6+6 a
Au monarque allemand, | dont le sceptre est de fer, 6+6 b
A Guillaume notre or, | notre sang, notre chair, 6+6 b
A lui, toujours à lui, | l'Alsace et la Lorraine ! 6+6 a
Déchaîne contre nous, | le torrent nous entraîne, ! 6+6 a
15 Le vainqueur à son gré | nous a dicté ses lois, 6+6 b
Les airs ont retenti | de sa puissante voix : 6+6 b
Nous avions résisté | pendant dix-huit semaines, 6+6 a
Il fallait, après tout, | le payer de ses peines. 6+6 a
Que de travaux perdus, | d'efforts infructueux ! 6+6 b
20 Voilà le résultat | et le prix monstrueux 6+6 b
De tant de dévoûment : | de tant de sacrifice : 6+6 a
Au joug de l'étranger, | il faut qu'on obéisse ! 6+6 a
Tout s'efface et s'éteint, | tout croule et disparaît ! 6+6 b
Qui l'eut dit, qu'un tel jour | pour nous se lèverait ! 6+6 b
25 La pampre qui gaîment | courait sous la tonnelle 6+6 a
Fera place aux bouquets | de la triste immortelle ! 6+6 a
Le sol va se couvrir | de funèbres cyprès ! 6+6 b
Ah ! qui donc nous rendra | l'ombre de nos forêts, 6+6 b
Le gazon et les fleurs | de la verte prairie ? 6+6 a
30 Quand donc entendrons-nous | le rude essieu qui crie 6+6 a
De la lourde charrue ? | Aux foyers ruinés, 6+6 b
Débris encor fumants, | squelettes décharnés, 6+6 b
Qui donc rendra le calme, | et la paix et la vie ? 6+6 a
Te voilà terrassée, | ô France, ô ma patrie ! 6+6 a
35 Ce titre de Français, | à la fois noble et doux, 6+6 b
Trop souvent envié | ne fait plus de jaloux ! 6+6 b
Parmi les nations, | tu marchais la première, 6+6 a
C'est à recommencer | une œuvre tout entière !… 6+6 a
N'importe ; soyons grands | devant l'adversité, 6+6 b
40 De souffrir en silence | ayons la dignité ! 6+6 b
Quand on courbe le front, | c'est qu'on se sent coupable, 6+6 a
Et Paris ne l'est pas ; | Paris fut admirable ! 6+6 a
On a brisé son glaive, | on a lié ses bras, 6+6 b
Mais son patriotisme, | on ne le nîra pas ! 6+6 b
45 Laissons saigner nos flancs | sous la blessure amère ! 6+6 a
Imposons le respect | par notre calme austère ! 6+6 a
Que seuls des crêpes noirs, | aux drapeaux suspendus, 6+6 b
Soient le signe de deuil | de nos cours éperdus ! 6+6 b
Supportons nos malheurs, | car en ce jour funeste, 6+6 a
50 Si la gloire nous manque, | au moins l'honneur nous reste ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université