Métrique en Ligne
VCL_1/VCL7
corpus Pamela Puntel
Henri VALLON-COLLEY
LA PRUSSIADE
OU
LES HAUTS FAITS DE GUILLAUME Ier
ET DE SES ALLIES EN FRANCE 1870-1871
1870-71
Douze poëmes par un Suisse
1871
A BAZZEILLES
Après le combat, voyant les pertes énormes qu’ils ont éprouvées,
les Allemands, pour se venger, incendient Bazeilles.
I
« J’ai ce matin été chez mon ami Jean-Pierre, 6+6 a
Qui m’a longtemps parlé de la présente guerre ; 6+6 a
Il m’en a fait, navré, le plus sombre tableau. 6+6 b
Par lui chaque Prussien est traité de bourreau. 6+6 b
5 En tout cas, si jamais ils viennent au village, 6+6 a
Je saurai, sens trembler, défendre le cottage 6+6 a
Où je reçus le jour ; et, si mourir je dois, 6+6 b
Je mourrai bravement, comme un guerrier gaulois. » 6+6 b
Voilà ce que disait à son fils ì, l’avant-veille 6+6 a
10 Du néfaste Sedan, un rustre de Bazeille. 6+6 a
Et les Germains du sud, et les Germains du nord, 6+6 b
S’avançaient à grand pas, précédés par la mort. 6+6 b
II
Guillaume le Pieux, franchissant la frontière 6+6 a
Du pays des héros, leva sa tête altière 6+6 a
15 Et parla comme suit : « Écoutez-moi, Français, 6+6 b
Ma présence en ces lieux, mes éclatant succès, 6+6 b
Prouvent que je combats pour une cause sainte, 6+6 a
Que le ciel est pour moi. Pourtant soyez sans crainte. 6+6 a
Mes soldats sont instruits, civilisés, chrétiens, 6+6 b
20 Ils ne troubleront pas la paix des citoyens ; 6+6 b
Sous le rustique toit, dans les maisons des villes, 6+6 a
Les femmes, les vieillards, peuvent dormir tranquilles. 6+6 a
Je le jure aujourd’hui, sur mon royal honneur, 6+6 b
Je n’en veux pas à vous, mais à votre empereur. » 6+6 b
25 Hélas ! malgré son rang, malgré son auréole 6+6 a
De vertu, le vieux roi ne tient pas sa parole, 6+6 a
Avec indifférence il marche dans le sang, 6+6 b
Et chaque jour, chaque heure, immole l’innocent. 6+6 b
Un soir de deuil, mais non par manque de vaillance, 6+6 a
30 Mornes, désespérés, les soldats de la France 6+6 a
Se rendent aux Prussiens. Par le chef du pays, 6+6 b
Ou par leurs généraux, ils ont été trahis. 6+6 b
Dans le camp des vainqueurs l’on est dans le délire 6+6 a
D’avoir si promptement anéanti l’Empire. 6+6 a
35 C’est très-bien ! Mais, là-bas, quelle est cette lueur ? 6+6 b
C’est Bazeilles qui brûle. Et ces cris de douleur ? 6+6 b
Et ces gémissements ? Ces cris sont ceux des femmes 6+6 a
Qu’un général poursuit jusqu’au milieu des flammes, 6+6 a
Et ces gémissements sont ceux des gens âgés 6+6 b
40 Qui sont par l’ennemi lâchement égorgés. 6+6 b
Et cette fusillade ? Ah ! ce sont de vieux braves 6+6 a
S’amusant à tuer, cachés au fond des caves 6+6 a
Par l’amour maternel, de tout petits enfants. 6+6 b
Les Germains, on le voit, partout sont triomphants ; 6+6 b
45 Comme ceux de Failly, leurs fusils font merveille : 6+6 a
Aussi bientôt, hélas ! du florissant Bazeille 6+6 a
Il ne reste plus rien. Sous des débris fumants 6+6 b
Se trouvent inhumés un millier d’habitants. 6+6 b
Il est minuit passé. Dans ce grand cimetière 6+6 a
50 Un rustre vit encor ; humide est sa paupière, 6+6 a
Car il a vu tomber, sous le fer des Prussiens, 6+6 b
Ses amis les plus chers, ses enfants, tous les siens. 6+6 b
Il pleure, et cependant un penser le console : 6+6 a
Il a fait son devoir et tenu sa parole. 6+6 a
55 Ce simple paysan a montré les vertus 6+6 b
D’un guerrier : grâce à lui cent Prussiens ne sont plus, 6+6 b
Mais un éclair soudain dans l’obscurité brille, 6+6 a
Une balle siffle, et… le paysan vacille : 6+6 a
« Enfin ! enfin ! dit-il, mon tour devait venir, 6+6 b
60 Adieu, ma chère France ! Espère en l’avenir. » 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 30((aa))
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