Métrique en Ligne
VCL_1/VCL11
corpus Pamela Puntel
Henri VALLON-COLLEY
LA PRUSSIADE
OU
LES HAUTS FAITS DE GUILLAUME Ier
ET DE SES ALLIES EN FRANCE 1870-1871
1870-71
Douze poëmes par un Suisse
1871
DEVANT PARIS
I
Héros de Mont-Saint-Jean, cuirassiers intrépides, 6+6 a
Grenadiers de Wagram, d’Eylau, des Pyramides, 6+6 a
Soldats du pont d’accole, et vous, vieux d’Austerlitz, 6+6 b
Regardez : l’étranger est là, devant Paris. 6+6 b
5 Le spectacle est navrant, la catastrophe immense : 6+6 a
Trente départements de la vaillante France 6+6 a
Par lui sont occupés ; il dicte, hélas ! des lois 6+6 b
A la postérité des valeureux Gaulois. 6+6 b
Vous ne pouvez venir : la tombe vous arrête. 6+6 a
10 Ah ! si vous paraissiez, ayant à votre tête 6+6 a
Napoléon le Grand, le barbare Germain 6+6 b
De son pays bientôt reprendrait le chemin. 6+6 b
Sans combattre, pourtant, Paris ne peut se rendre : 6+6 a
Tous ses enfants sont prêts ; ils veulent le défendre. 6+6 a
15 Si le génie au feu conduisait la valeur, — 6+6 b
Mais tel n’est pas le cas, — Paris serait vainqueur. 6+6 b
II
Depuis trois mois déjà, la ville universelle 6+6 a
Réalise, accomplit ce qu’on attendait d’elle. 6+6 a
Plus de plaisirs, de mots, plus de légèreté : 6+6 b
20 Du sérieux, des faits, de la ténacité. 6+6 b
Lorsque des assiégeants ils se trouvent en face, 6+6 a
Les soldats-citoyens rivalisent d’audace, 6+6 a
Marchent avec sang-froid au drapeau blanc et noir, 6+6 b
Et tombent en faisant noblement leur devoir. 6+6 b
25 Voyant que dix combats, trois sanglantes batailles, 6+6 a
Sans effet sont restés, le maître de Versailles, 6+6 a
L’empereur très-chrétien, blessé dans son orgueil, 6+6 b
Dit : « Je veux que Paris devienne le cercueil 6+6 b
De tous les Parisiens. Pourtant, de mon ministre 6+6 a
30 Sachons le sentiment. » L’homme fatal, sinistre, 6+6 a
Apparaît aussitôt. Le vieux monarque, alors, 6+6 b
Lui soumet son projet, sans gêne, sans remords. 6+6 b
Bismarck, dissimulant avec peine un sourire, 6+6 a
Répond : « Certes, l’idée est lumineuse, Sire. 6+6 a
35 Essayons, Majesté, sans perdre un seul moment, 6+6 b
De la réaliser par un bombardement. » 6+6 b
Bientôt de tous côtés les canons Krupp se meuvent, 6+6 a
Et, serres, sur Paris les projectiles pleuvent. 6+6 a
Des forts les défenseurs, que l’on n’a pu chasser, 6+6 b
40 Frémissent de colère en les voyant passer 6+6 b
Suivons-en quelques-uns. Ici, c’est une bombe 6+6 a
Qui sur un externat de jeunes filles tombe. 6+6 a
Foudroyant est l’effet : dix cadavres épars 6+6 b
Attestent l’odieux du plus brutal des arts. 6+6 b
45 Là-bas, c’est un boulet qui, par une nuit noire, 6+6 a
Après avoir décrit sa rouge trajectoire, 6+6 a
Blesse ou tue, endormis, plusieurs petits enfants, 6+6 b
Un vieillard, leur aïeul, mais pas de combattants. 6+6 b
Plus loin, à l’hôpital, un horrible ravage 6+6 a
50 Est fait par un obus : Des êtres de tout âge 6+6 a
Et de tous les pays, des innocents, enfin, 6+6 b
Meurent en maudissant l’empereur-roi germain. 6+6 b
Guillaume le Grand, lui, pendant que l’on bombarde 6+6 a
Sans pitié des enfants, entouré de sa garde, 6+6 a
55 Informe les badauds, les penseurs de Berlin, 6+6 b
Qu’à Versailles le temps est froid, le ciel serein ; 6+6 b
A sa reine hypocrite, à sa bigote femme, 6+6 a
Par l’ordre de Bismarck, envoie un télégramme 6+6 a
Finissant par ces mots : «Oui, la Divinité, 6+6 b
60 Crois-le, chère Augusta, combat à mon côté. » 6+6 b
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Orgueilleux potentat, ton immoral empire 6+6 a
Est fondé dans le sang. Or j’ose te prédire 6+6 a
Qu’il ne durera pas. Aujourd’hui ? Non, demain, 6+6 b
Ton successeur, ton fils Fritz, en verra la fin. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 32((aa))
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