Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
VAL_2/VAL40
Paul VALÉRY
CHARMES
1922
Le Rameur
à André Lebey.
Penché contre un grand fleuve, infiniment mes rames 6+6 a
M’arrachent à regret aux riants environs ; 6+6 b
Âme aux pesantes mains, pleines des avirons, 6+6 b
Il faut que le ciel cède au glas des lentes lames. 6+6 a
5 Le cœur dur, l’œil distrait des beautés que je bats, 6+6 a
Laissant autour de moi mûrir des cercles d’onde, 6+6 b
Je veux à larges coups rompre l’illustre monde 6+6 b
De feuilles et de feu que je chante tout bas. 6+6 a
Arbres sur qui je passe, ample et naïve moire, 6+6 a
10 Eau de ramages peinte, et paix de l’accompli, 6+6 b
Déchire-les, ma barque, impose-leur un pli 6+6 b
Qui coure du grand calme abolir la mémoire. 6+6 a
Jamais, charmes du jour, jamais vos grâces n’ont 6+6 a
Tant souffert d’un rebelle essayant sa défense : 6+6 b
15 Mais, comme les soleils m’ont tiré de l’enfance, 6+6 b
Je remonte à la source où cesse même un nom. 6+6 a
En vain, toute la nymphe énorme et continue 6+6 a
Empêche de bras purs mes membres harassés ; 6+6 b
Je romprai lentement mille liens glacés 6+6 b
20 Et les barbes d’argent de sa puissance nue. 6+6 a
Ce bruit secret des eaux, ce fleuve étrangement 6+6 a
Place mes jours dorés sous un bandeau de soie ; 6+6 b
Rien plus aveuglément n’use l’antique joie 6+6 b
Qu’un bruit de fuite égale et de nul changement. 6+6 a
25 Sous les ponts annelés, l’eau profonde me porte, 6+6 a
Voûtes pleines de vent, de murmure et de nuit, 6+6 b
Ils courent sur un front qu’ils écrasent d’ennui, 6+6 b
Mais dont l’os orgueilleux est plus dur que leur porte. 6+6 a
Leur nuit passe longtemps. L’âme baisse sous eux 6+6 a
30 Ses sensibles soleils et ses promptes paupières, 6+6 b
Quand, par le mouvement qui me revêt de pierres, 6+6 b
Je m’enfonce au mépris de tant d’azur oiseux. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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