Métrique en Ligne
TRA_1/TRA55
Gabriel TRARIEUX
CONFITEOR
1891
LES VESTALES
QUID ?
« Qu'est-ce que tout cela, qui n'est pas éternel ? »
(LECONTE DE L'ISLE.)
A M. Léox TERRIER
Le cœur de l'Homme jeune est comme un vaste champ. 6+6 a
Des clartés de l'aurore aux clartés du couchant, 6+6 a
L'Espoir, le bon Semeur, s'en vient, à mains ouvertes, 6+6 b
Y répandre les grains, germes des moissons vertes, 6+6 b
5 Que le rayon futur des soleils éclatants 6+6 a
Dorera de splendeur et de joie au Printemps. 6+6 a
Mais à peine elles sont de la glèbe levées, 6+6 b
Les tremblantes moissons, si chèrement couvées, 6+6 b
Que l'Oubli, le rôdeur sinistre de la nuit, 6+6 a
10 Un soir, passe, furtif, y met le feu, s'enfuit, 6+6 a
Et des épis chantants, joyeuse et blonde armée, 6+6 b
Il ne reste, au matin, qu'un peu d'âcre fumée. 6+6 b
Ainsi tout passe et meurt dans notre Être mouvant, 6+6 a
Et nos jours anxieux sont des pailles au vent 6+6 a
15 … Parmi cette déroute horrible de nous-mêmes 6+6 b
Où nous regardons fuir, anéantis et blêmes, 6+6 b
Nos actes, nos pensers, nos rêves, comme on voit 6+6 a
En voyage, passer un arbre, un fleuve, un toit, 6+6 a
N'est-il pas un point fixe où brûle condensée 6+6 b
20 Toute la passion de l'ardente Pensée ? 6+6 b
Quelque chose de sûr, de stable, d'éternel ! 6+6 a
– Oui, dans le tourbillon de mon être charnel, 6+6 a
Je sens vivre une essence indestructible et forte ! 6+6 b
Âme, désir, vouloir, espérance ? ‒ Qu'importe ? 6+6 b
25 Le cri du cœur profond, sanglot chaste et divin, 6+6 a
Fait éclater les mots ainsi qu'un moule vain. 6+6 a
Heureux qui peut l'entendre, en sa nuit solitaire ! 6+6 b
Ferment dont germe en moi l'ineffable mystère, 6+6 b
Penser de ma pensée, inextinguible feu, 6+6 a
30 Esprit, peut-être es-tu ce qu'on appelle Dieu 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 15((aa))
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