Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
SSA_1/SSA13
Camille SAINT-SAËNS
RIMES FAMILIÈRES
1890
STROPHES
À M. PIERRE B***
Pierre, je t’ai vu naître | et de ta jeune gloire 6+6 a
J’aimerais à fêter | les lauriers radieux. 6+6 b
D’où vient donc ton silence | et quelle est l’humeur noire 6+6 a
Qui fait plier ton aile | et te ferme les cieux ? 6+6 b
5 Je la connais ; je sais | qu’une triste chimère 6+6 a
A toujours assombri | ton âme. La Vertu 6+6 b
Que tu voulais chanter | dans ton désir austère 6+6 a
A mis son doigt glacé | sur ton luth : il s’est tu. 6+6 b
La Vertu ! que le ciel | me garde d’en médire ! 6+6 a
10 Il n’est rien de si beau, | de si grand à mes yeux. 6+6 b
Mais — (mieux que moi ton père | est là pour t’en instruire) 6+6 a
On la célèbre mal | dans la langue des dieux. 6+6 b
Quand Homère chantait | la colère d’Achille, 6+6 a
Quand Horace effeuillait | des roses sur le vin, 6+6 b
15 Sur la reine Didon | lorsque pleurait Virgile 6+6 a
Inventant pour la plaindre | un langage divin, 6+6 b
Nul d’entre eux ne songeait | à réformer le monde ; 6+6 a
Poètes, ils faisaient | des vers, comme en été 6+6 b
L’abeille cherche dans | la corolle profonde 6−6 a
20 Son miel dont la saveur | est une volupté. 6+6 b
Rouvre ton aile, ami ! | sois digne de ta race ! 6+6 a
De corriger les mœurs | ne va pas te flatter. 6+6 b
Le feu de la Jeunesse | est la lave qui passe, 6+6 a
Et des sermons rimés | ne peuvent l’arrêter. 6+6 b
25 Chante l’astre, la fleur, | les bois, la mer si belle, 6+6 a
Les splendeurs de la Femme | et les malheurs des Rois, 6+6 b
Le tout-puissant Amour, | la Vengeance cruelle, 6+6 a
Et non le pot-au-feu | d’un ménage bourgeois ! 6+6 b
Sois poète : tes doigts | savent toucher la Lyre ; 6+6 a
30 Ils ont eu les leçons | d’une savante main. 6+6 b
Oh ! comme il me sera | délicieux de lire 6+6 a
Le volume de vers | que tu feras demain ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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