Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
SOU_1/SOU3
corpus Pamela Puntel
Joséphin SOULARY
PENDANT L’INVASION
1871
LE RÉACTIONNAIRE
La réaction lève la tête !…
(Cliché banal.)
Lyon, après Marseille, aura
sa tache de sang. La réaction
doit être contente.
(Cliché spécial.)
C'est fini ! D'Artagnandans sa tombe repose 6+6 a
  Avec Aramis et Porthos. 8 b
A leur place ont parules Jourdain de la prose 6+6 a
  Et les Eschyle du pathos. 8 b
5 On ne jonglera plus,aux cadences du nombre, 6+6 a
  Avec les fleurs d'une chanson ; 8 b
Car au beau pays bleupasse un fantôme sombre 6+6 a
  Qui donne aux Muses le frisson. 8 b
Ce monstre au prix de quil'Ogre était débonnaire 6+6 a
10   A mis le rire en interdit. 8 b
On l’appelle tout bas :LE RÉACTIONNAIRE ! 6+6 a
  Ce nom seul n'est-il pas maudit ? 8 b
C'est lui le grand coupableet le bouc émissaire 6+6 a
  Chargé des crimes d'Israël ! 8 b
15 En lui s'est incarnéce fléau nécessaire : 6+6 a
  « Le conspirateur éternel ! » 8 b
Il conspire depuisque les voleurs de terre 6+6 a
  De leur ombre se sont émus. 8 b
Quand Romulus fondaitsa borne autoritaire, 6+6 a
20   Il conspirait avec Rémus. 8 b
Il surgit tout armédans les heures de crise 6+6 a
  Dès chausse-trapes du trottoir, 8 b
Ainsi qu'on voit sortird'une bte à surprise 6+6 a
  Une tête de diable noir. 8 b
25 Nul au juste ne saitles mœurs, la façon d'être 6+6 a
  De ce formidable assassin ; 8 b
Mais on croit l’avoir vusous la forme d'un prêtre, 6+6 a
  D'un chimiste ou d'un médecin. 8 b
Nul ne pourrait jurerqu'on ait surpris l'infâme 6+6 a
30   La torche aux mains, le fer aux dents ; 8 b
Mais qu'un maçon se tueou qu'un toit prenne flamme, 6+6 a
  Le monstre a trempé là-dedans ! 8 b
Qu'un financier, touchédes plaintes amoureuses 6+6 a
  Qu'on soupire à son coffre-fort, 8 b
35 Porte en Suisse le nidde ses valeurs peureuses, 6+6 a
  Le monstre est dans son passe-port ! 8 b
Nos combattants, si fiersde leur mise soignée, 6+6 a
  Voient-ils, dès le premier bouton, 8 b
Leurs tuniques partiren toile d’araignée, 6+6 a
40   Et leurs souliers fondre en carton ; 8 b
Ce n'est là qu'une ruseau monstre familière ; 6+6 a
  Et c'est encore un de ses tours, 8 b
Lorsque nos bataillonsavancent en arrière, 6+6 a
  Toujours battant, battus toujours. 8 b
45 Si la cité n'est plusqu'une immense caserne ; 6+6 a
  Si, pour garder on ne sait quoi, 8 b
Tout un camp de bourgeois,la nuit venue, hiverne 6+6 a
  En plein nord, loin du doux chez-soi ; 8 b
Si Prudhomme, en public,roule, risible Alcide, 6+6 a
50   Des yeux qui voudraient être craints ; 8 b
S'il laisse fièrementsur sa face placide 6+6 a
  Germer une barbe à tous crins ; 8 b
La poitrine en avant,le doigt sur la couture, 6+6 a
  S'il va, raide comme un épi, 8 b
55 Visiter ses clients,le sabre à la ceinture, 6+6 a
  Et s'il couche avec, son képi ; 8 b
Si Bébé même est prisde vaillance mutine ; 6+6 a
  Si, laissant carlins et coucous, 8 b
Le bonhomme Noëla mis dans sa bottine 6+6 a
60   Un revolver à douze coups ; 8 b
C'est qu'on a dit : « Le monstrea redressé la tête ! 6+6 a
  « Veillons bien ! sus au réprouvé ! » 8 b
Or Prudhomme, bon pèreet citoyen honnête, 6+6 a
  Croit toujours que c'est arrivé. 8 b
65 Je veux vous confierun secret qui me pèse. 6+6 a
  Sommes-nous seuls ? baissons la voix. 8 b
Eh bien, j’ai vu le monstre !… oui, vu, ne vous déplaise, 6+6 a
  En plein jour, comme je vous vois ! 8 b
Sachez tous les forfaitsde ce Croquemitaine ! 6+6 a
70   Bravant frimas, neige et glaçons, 8 b
Le lâche ! il arboraitdes gants chauds de futaine, ' 6+6 a
  Un cache-nez et des chaussons ! 8 b
Corrompant jusqu’au fisc,ce suppôt des despotes 6+6 a
  Revenait allègre et furtif 8 b
75 De solder au Trésorle montant de ses cotes 6+6 a
  Doublé par ordre impératif ! 8 b
A chaque pas semantson or, — le misérable ! 6+6 a
  On le voyait, les yeux baissés, 8 b
Sournoisement glisser,dans un tronc charitable, 6+6 a
80   Son offrande pour les blessés ! 8 b
Comme il est coutumierd’audaces merveilleuses, 6+6 a
  On insinuait quelque part 8 b
Qu'il aurait, — le brigand,— fourni deux mitrailleuses 6+6 a
  A notre légion qui part ! 8 b
85 Mille indices font voirses féroces pensées : 6+6 a
  Il met parfois du linge blanc ; 8 b
Il déteste la foule,à cause des poussées, 6+6 a
  Et le ronge, — a cause du sang. 8 b
Si le pays, parmises sauveurs de tout grade, 6+6 a
90   Ne l’a pas vu se faufiler, 8 b
C'est qu'il juge, à part lui,bien malade un malade 6+6 a
  Que tant de Purgon font aller. 8 b
Sur tout chef-d’œuvre il al'incroyable manie 6+6 a
  De noter quelques errata ; 8 b
95 A cela près, il donneun bon point de génie 6+6 a
  Au lyrisme de Gambetta. 8 b
Envers tous citoyens,riches ou pauvres hères, 6+6 a
  Il professe un profond respect ; 8 b
Même il les nommeraitvolontiers « très-chers frères », 6+6 a
100   Si ce titre n'était suspect. 8 b
Il admet le crayonnarquois jetant sa gourme 6+6 a
  En des dessins d'un trait gaillard ; 8 b
Mais il aimerait l'Artsentant moins la chiourme 6+6 a
  Et respirant un peu plus l’art. 8 b
105 Doux par tempérament,pour les fureurs d'Oreste 6+6 a
  Il a des partions indulgens ; 8 b
Seulement il voudraitle voir un peu moins leste 6+6 a
  A fusiller les braves gens. 8 b
Il lui plt qu'à son gréchacun se règle en somme 6+6 a
110   Sur Machiavel ou Proudhon ; 8 b
Mais il ose avouerque le Christ est son homme, 6+6 a
  Et que l'Évangile a du bon. 8 b
« Arrêtez ! me dit-on ;nous prenez-vous pour d’autres ? 6+6 a
  « Mais ce monstre est de nos cousins ; 8 b
115 « Dans ses gestes et faitsvous racontez les nôtres, 6+6 a
  « Et même ceux de nos voisins. » 8 b
Il est vrai. Ce gredin,ce gueux, cet être immonde 6+6 a
  Qu'écorcher vif serait trop doux, 8 b
Lecteur, c'est vous, c'est moi,c'est lui, c'est tout le monde ! 6+6 a
120   — Je m'en doutais ; embrassons-nous. 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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