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SIL_5/SIL201
Armand SILVESTRE
LE PAYS DES ROSES
1880-1882
A TRAVERS LA VIE
LES FILS DE PROMÉTHÉE
« Eripuit cælo fulmen. »
I
DEVANT les splendeurs d'un autre-âge, 8 a
Les siècles longtemps prosternés 8 b
Tendaient vainement leur courage 8 a
Vers la gloire de leurs aînés. 8 b
5 Les spectres de Rome et d'Athènes 8 c
Voilaient, de leurs ailes lointaines, 8 c
La route à la postérité 8 d
Et l'avenir demeuré sombre, 8 e
Cheminait, sans sortir de l'ombre 8 e
10 De l'héroïque antiquité ! 8 d
Soudain, comme un souffle s'élève 8 a
Des bords pourprés de l'horizon, 8 b
Ou comme luit l'éclair d'un glaive 8 a
Sorti du fourreau, sa prison, 8 b
15 Plus farouche qu'une épopée 8 c
Et plus lumineux qu'une épée, 8 c
L'esprit moderne a resplendi, 8 d
Du bout de son aile sonore 8 e
Secouant des clartés d'aurore 8 e
20 Au front du vieux monde engourdi ! 8 d
Quel réveil ! La science humaine, 8 a
Levant son flambeau rajeuni, 8 b
Par des chemins nouveaux ramène 8 a
L'âme au chemin de l'infini : 8 b
25 Tout navire emporte son hôte ; 8 c
La toison d'or de l'Argonaute 8 c
Se déchire aux mains des vainqueurs. 8 d
L'homme fouille jusqu'en son être, 8 e
Et la sainte ardeur de connaître 8 e
30 Brûle en même temps tous les cœurs ! 8 d
Tout est conquis dans la nature : 8 a
Au ciel, restait à conquérir 8 b
Sa flamme redoutable et pure, 8 a
Le feu qui fait vivre et mourir ! 8 b
35 Aigle s'envolant de son aire, 8 c
Volta lui ravit le tonnerre 8 c
Et l'apporte à l'humanité. 8 d
A servir l'homme condamnée, 8 e
Par lui la foudre est enchaînée 8 e
40 Et s'appelle Électricité ! 8 d
Depuis ce jour que de merveilles 8 a
Évoque ce nom triomphant ! 8 b
Quels trésors ont payé tes veilles, 8 a
Rival des dieux, humble savant ! 8 b
45 Cette flamme à l'azur volée 8 c
Et, sous mille formes voilée, 8 c
A tous nos vœux obéissant, 8 b
Esclave douce et sans colère, 8 d
Aux flancs du Monde qu'elle éclaire 8 d
50 Circule comme un nouveau sang. 8 b
Par mille veines répandue 8 a
A travers l'éther et le sol, 8 b
Elle emporte dans l'étendue 8 a
Votre âme attachée à son vol. 8 b
55 Aux cordes d'une lyre immense, 8 c
Par elle, sans fin recommence 8 c
Le chant commencé dans nos cœurs : 8 d
Temps et distance, tout est leurre ! 8 e
Devant elle, l'Espace et l'Heure 8 e
60 Semblent fuir sur les fils vainqueurs. 8 d
II
De Phaéton brû magnifique folie ! 6+6 a
D'Icare aux flots tombant espoir audacieux ! 6+6 b
O rêves des vaincus ! Votre ère est accomplie : 6+6 a
L'homme impie a ten la profondeur des cieux ! 6+6 b
65 O grand voleur de feu, sublime Prométhée, 6+6 a
Sous l'outrage des Temps relève enfin ton front ! 6+6 b
La race de tes fils, aux vents précipitée, 6+6 a
Renaît dans l'air vengeur et lave ton affront ! 6+6 b
Elle a, du firmament déchirant le mystère, 6+6 a
70 Labouré l'infini de flamboyants sillons 6+6 b
Et, de l'azur vaincu, fait pleuvoir sur la Terre 6+6 a
L'or vibrant et poudreux des constellations ! 6+6 b
Grâce au germe éternel que son labeur féconde, 6+6 a
D'une moisson de feu couvrant le sol dompté, 6+6 b
75 Emprisonnant la foudre aux flancs meurtris du Monde 6+6 a
Pour les envelopper d'un réseau de clarté, 6+6 b
Tant d'éclairs jailliront de l'espace où nous sommes, 6+6 a
Dans l'immensité morne où leur éclat s'enfuit, 6+6 b
Que les Jours inquiets se diront que les hommes 6+6 a
80 Ont volé leur clarté pour en parer la Nuit ! 6+6 b
Et les astres jaloux, voyant dans l'étendue, 6+6 a
Notre globe rouler dans ce nimbe vermeil, 6+6 b
Croiront, qu'ayant repris leur puissance perdue, 6+6 a
Les dieux ressuscités font un nouveau Soleil ! 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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